Lucie Castets à l'Assemblée ? Une candidature dans l'Isère en gestation

Il y a un poste de député à prendre dans l'Isère, et Lucie Castets pourrait bien le briguer. Après la démission du LFI Hugo Prevost, la candidate du Nouveau Front populaire pour Matignon cherche à dessiner son avenir...

Lucie Castets, le 2 septembre 2024, à La Courneuve, en Seine-Saint-Denis © Thibaud MORITZ
Lucie Castets, le 2 septembre 2024, à La Courneuve, en Seine-Saint-Denis © Thibaud MORITZ

Il y a un poste de député à prendre dans l'Isère, et Lucie Castets pourrait bien le briguer. Après la démission du LFI Hugo Prevost, la candidate du Nouveau Front populaire pour Matignon cherche à dessiner son avenir politique, mais prévient qu'elle y met des "conditions".

Pour remplacer à l'Assemblée nationale Hugo Prevost, soupçonné de violences sexuelles et sexistes, les Insoumis ont dit envisager la candidature de Lucie Castets, figure de l'union à gauche.

"C'est en cours de discussion, on ne me l'a pas proposé formellement", confirme à l'AFP Mme Castets, qui précise "souhaiter demeurer au service de l'union de la gauche", un rôle qu'elle a embrassé avec une certaine réussite depuis que les chefs des quatre partis de gauche ont choisi de proposer son nom à la primature. 

"Tout le monde veut qu'elle aille dans l'Isère, elle y compris. La question c'est dans quel groupe elle va siéger. Ce n'est pas gagné d'avance mais c'est faisable", ajoute un cadre insoumis.

Car le mouvement de gauche radicale, qui a toujours en travers de la gorge les 100 circonscriptions cédées au PS dans le cadre de l'accord du NFP, a prévenu: en cas de victoire, Lucie Castets devra absolument siéger dans leur groupe, qui ne compte plus que 71 élus avec le départ d'Hugo Prevost. 

Or, la haute fonctionnaire de 37 ans, qui a quitté à la fin de l'été ses fonctions de directrice financière à la mairie de Paris, a réussi à se faire accepter par l'ensemble des partis de la coalition grâce à sa neutralité, elle qui est issue de la société civile et n'est affiliée à aucun parti. 

Ainsi, si elle rejoint les bancs insoumis au Palais Bourbon, elle a bien conscience qu'elle risquerait de perdre de son aura auprès des trois autres partis de gauche, alors que les équilibres de l'alliance sont toujours aussi fragiles.

Et ce même si Jean-Luc Mélenchon disait d'elle pendant les universités d'été de LFI qu'elle "mériterait" d'être insoumise.

"Je suis prête à aider mais pas à n'importe quelle condition", précise Mme Castets, en rappelant qu'elle "incarne les quatre partis".

"Je cherche le groupe le plus représentatif de la diversité et de l'union de la gauche", confie-t-elle également à l'AFP. 

Comprendre le groupe écologiste, où se trouvent en plus des Verts des membres de Génération.s et les anciens frondeurs insoumis. 

"Il y a un gros bras de fer enclenché. Mais est-ce qu'elle a envie d'aller au bout ?", se demande une députée écologiste. 

Légitimité électorale

"C'est la seule qui peut gagner la circo", croit savoir un cadre du parti vert, pour qui "la valeur ajoutée de Lucie Castets c'est de ne pas être LFI".

Mais la victoire n'est pas acquise à la gauche.  

Aux dernières législatives, Hugo Prevost avait été élu lors d'une triangulaire avec seulement 1.300 voix d'avance sur le candidat macroniste, l'ancien ministre Olivier Véran. 

Et avant cela, la circonscription, qui comprend une partie de la ville de Grenoble et des banlieues plus aisées, a toujours été entre les mains de la droite, exception faite d'une parenthèse socialiste entre 2007 et 2017.

"Si la participation descend trop, on risque de perdre", l'absence de triangulaire, note le cadre insoumis qui ajoute: "C'est le moment ou jamais pour Lucie Castets. Il faut qu'elle prenne des risques". 

Si elle se dit en quête d'"une forme de légitimé électorale", alors que les socialistes se montrent maintenant moins pressés de la soutenir pour Matignon, la haute fonctionnaire, originaire de Normandie, devra justifier son parachutage dans les Alpes.

Dimanche dernier, des militants locaux du Nouveau Front populaire se sont réunis pour étudier la possible candidature de celle qui se définissait encore en juillet comme une "citoyenne engagée" évoluant "hors du monde politique".

Sur place, la possibilité qu'elle se présente à l'élection "rencontre un large consensus", selon le compte rendu de la réunion consulté par l'AFP. Mais ces troupes notent "un manque d'ancrage local", qui constitue leur "seule réserve". 

"Le souhait que la suppléance soit proposé à un candidat local pourrait atténuer cette réserve", avancent les militants.

Côté socialistes, le secrétaire général du parti, Pierre Jouvet, appuie prudemment sur la volonté de "permettre de construire et de présenter la candidature la plus à même de gagner dans cette circonscription". 

"Il est normal de prendre un peu de temps pour analyser les choses", appuie-t-il.

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