Logement : premières annonces du gouvernement Barnier
Extension du prêt à taux zéro, adaptation du calendrier lié au Diagnostic de performance énergétique... Michel Barnier a annoncé des mesures pour le secteur du logement, saluées par les professionnels.
Enfin, un changement de cap ? Le 1er octobre, lors de son discours de politique générale devant l'Assemblée nationale, Michel Barnier, Premier ministre, a exposé plusieurs annonces concernant le logement, «premier poste de dépense des Français». En particulier, il a évoqué plusieurs dispositions qui concernent le marché de l'immobilier neuf et de la construction, plongé dans une crise profonde. Afin de stimuler la demande, le chef du gouvernement a plaidé en faveur de «mesures rapides pour relancer l’investissement locatif et l’accession à la propriété, notamment pour les primo-accédants». Il s’est ainsi déclaré «favorable à l’extension du prêt à taux zéro [PTZ] sur tout le territoire». Ce dispositif, destiné aux ménages réalisant leur premier achat de résidence principale (sous conditions de ressources), avait vu son périmètre restreint l'an dernier.
Côté
offre, Michel Barnier a annoncé deux mesures qui pourraient
encourager la construction : une simplification «au
maximum»
des normes qui pèsent sur la construction des logements neufs (et
sur la réhabilitation des anciens). Et aussi, «pour
construire, il faut du foncier. Nous devons faire évoluer de manière
pragmatique et différenciée la réglementation ‘ Zéro
artificialisation nette’»,
a déclaré le Premier
ministre.
Dans
un communiqué, qui a succédé à l'allocution de Michel Barnier,
Loïc Cantin, président de la FNAIM, Fédération nationale
de l’immobilier,
a salué une «réelle
prise de conscience de l’urgence à agir et réagir». Et
de fait, les mesures annoncées répondent à certaines des demandes
exprimées par les professionnels du secteur. Le
4 septembre dernier,
Pascal Boulanger, président de la FPI, Fédération des promoteurs
immobiliers, avait plaidé pour une extension du PTZ. Il avait aussi
expliqué que les prix étant «techniques»,
aucune baisse ne pourrait advenir sans changement de normes, les
marges des promoteurs étant
trop
limitées pour qu'ils puissent les réduire encore. En
revanche, Michel Barnier n'a pas évoqué une éventuelle
prolongation du dispositif de défiscalisation Pinel pour
l'investissement locatif qui s'éteint fin 2024. Elle était demandée
par la FPI.
Assouplissement
du DPE
Lors
de son allocution, le Premier
ministre a également annoncé plusieurs mesures concernant la
rénovation énergétique : le DPE, Diagnostic de performance
énergétique, sera «simplifié»
et son calendrier «adapté».
Le DPE
note les logements de A à G selon leur consommation d’énergie et
leur impact sur le climat. Et d'après la
loi « Climat et résilience » de
2021,
ceux classés G ne pourront plus être proposés à la location
dès
2025.
Valérie Létard,
ministre du Logement
et
de la Rénovation urbaine,
interviewée sur RMC, le 4 octobre, a précisé les propos de Michel
Barnier. Elle a cité les appartements en copropriété comme
possibles candidats à une adaptation du calendrier lié aux DPE.
L'autre direction indiquée par le Premier ministre : «Mieux cibler l’accompagnement des particuliers et des entreprises» pour la rénovation thermique des bâtiments. Du côté des professionnels, la remise en question du DPE était très attendue. Toutefois, d'autres attentes n'ont pas été satisfaites et en particulier, celle concernant le dispositif d'aide MaPrimRenov’(5 milliards d'euros d'aides en 2023) . «Nous demandons le maintien du budget et du cadre actuel en 2025», a rappelé la Capeb, Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment, dans un communiqué.
Concernant le logement social, Michel Barnier a expliqué vouloir donner plus de pouvoir aux maires dans l'attribution des logements et souligné la nécessité pour les bailleurs de «réexaminer régulièrement la situation de leurs locataires, afin d’adapter les loyers à leurs ressources». De leur côté, selon le quotidien économique Les Échos du 27 septembre, les bailleurs sociaux demandaient un soutien via la suppression de la RLS - la réduction des loyers de solidarité -, qui leur a été imposée depuis 2018 pour compenser la baisse des aides personnalisées au logement (APL) et une aide de 1,2 milliard d'euros promise par le précédent exécutif pour les aider à rénover énergétiquement le parc HLM.
Quel
impact pour l'environnement ?
Le réseau Action Climat qui réunit des associations écologistes s'inquiète des mesures annoncées par Michel Barnier. En particulier, sur X, il dénonce la remise en cause du principe du ZAN, Zéro artificialisation nette, qui va renforcer une logique de «bétonisation» du pays, le rendant vulnérable aux effets du changement climatique.