L'industrie régionale est-elle en danger ?
A l'occasion de la parution du premier tome de l'Atlas industriel, l'INSEE a récemment dressé le bilan du secteur industriel du Nord-Pas-de-Calais et affiché les nouveaux enjeux auxquels est confrontée notre région.
L’époque où le Nord-Pas-de-Calais constituait l’une des régions industrielles les plus riches de l’Hexagone semble avoir disparu. L’âge d’or du textile, du charbon ou encore de la sidérurgie est désormais dépassé ; l’industrie régionale s’essouffle mais présente néanmoins de nouvelles perspectives d’avenir… Bilan de la situation actuelle.
Aujourd’hui, que représente l’industrie régionale ? En l’espace de 50 ans, la France a perdu deux tiers de ses emplois industriels. Un déclin qui peut s’expliquer par de nombreux facteurs, à savoir le recours aux services, la hausse des gains de productivité ou encore la modification de la demande des consommateurs. Aujourd’hui, le Nord-Pas-de-Calais recense 204 300 personnes salariées dans l’industrie, soit 16 % de l’emploi régional, ce qui représente 17 % du PIB régional.
Quels sont les secteurs les plus présents dans notre région et où sont-ils implantés ? Cinq bassins régionaux concentrent l’emploi industriel : Dunkerque (la métallurgie), Béthune, Douai et Valenciennes (l’automobile) détiennent une part importante de salariés, encore actuellement en hausse. Ce, contrairement aux zones de Lille et Roubaix (agroalimentaire et textile) qui voient leurs effectifs diminuer tout en restant deux des principales zones d’emploi de la région.
Le Nord-Pas-de-Calais regroupe donc deux secteurs principaux : l’automobile et la fabrication de matériels de transport, ainsi que les industries extractives (énergie, eau, dépollution, etc.).
Quelle est sa place dans l’Hexagone ? En 2011, les 204 300 salariés de l’industrie régionale représentent 6,6 % des effectifs industriels en France, témoins d’une situation de l’industrie en déclin tant au niveau régional (-35 % des effectifs depuis 20 ans) qu’au niveau national (-28 %). De par sa densité de population, le Nord-Pas-de-Calais figure parmi les régions les plus consommatrices d’énergie, produisant près de 2 tonnes de déchets industriels en 2014, mais fait partie de celles qui s’impliquent le plus dans le recyclage de déchets (86 % de recyclage).
Comment les entreprises industrielles sont-elles organisées ? En région Nord-Pas-de-Calais, l’emploi industriel se concentre majoritairement dans des établissements de taille significative : 34 % des effectifs sont regroupés au sein d’établissements allant jusqu’à 250 salariés et 38 % des effectifs pour les plus de 250 salariés, des taux bien au-dessus de la moyenne de la France métropolitaine.
Enjeux à venir. L’Insee a réalisé une étude sur la dépense en R&D selon les différentes régions de France en 2011. Le Nord-Pas-de-Calais s’avère être loin des autres régions concernant les dépenses accordées à la recherche et au développement. En effet, seulement 0,9 % du PIB représente la dépense dans la R&D, une légère augmentation tout de même au fil des années, même si la région est encore loin du taux national (2,5 % du PIB). Côté effectifs, le renouvellement présente également un enjeu important de l’industrie régionale d’ici les prochaines années, puisque le Nord-Pas-de-Calais recense un nombre de salariés de plus de 50 ans bien au-delà de la moyenne nationale. Un renouvellement des effectifs permettrait ainsi à l’industrie régionale de prendre une autre tournure.
Aussi, l’industrie connaît une véritable mutation en termes de postes : entre 1980 et 2011, le nombre d’ouvriers a chuté de 70 % à 55 %, tandis que le nombre de cadres a connu une hausse de 6 % (de 4 à 10 %). On assiste également à un réel bouleversement de l’emploi industriel régional avec 24 % de professions intermédiaires, soit 10 % de plus qu’il y a encore 20 ans.
Indépendamment des enjeux humains, la région Nord-Pas-de-Calais affiche l’ambition de devenir d’ici 2050 l’une des régions pilotes de l’économie innovante. Pour ce faire, plusieurs axes entrent en jeu : l’utilisation efficiente des ressources, le développement des énergies renouvelables, des réseaux intelligents ou encore de la robotique à forte valeur ajoutée.