L’industrie automobile elle aussi dans la tourmente
Les usines Renault, PSA et Toyota du Nord-Pas-de-Calais ont toutes fermé leurs portes cette semaine. Ces décisions radicales auront très probablement des effets dont personne ne mesure réellement les conséquences à l’heure actuelle.
L’industrie automobile n’est pas épargnée par la tourmente sanitaire dans laquelle l’Europe toute entière est désormais plongée. Les groupes Renault, Peugeot SA et Toyota ne font pas exception et ont dû fermer leurs usines, dans toute l’Europe, y compris bien sûr dans le Nord-Pas de Calais. Cette décision relève du bon sens. Et la question sanitaire n’est pas la seule en cause. «Des perspectives de ventes à court terme incertaines et des difficultés dans la logistique et les chaînes d’approvisionnement se font sentir», constate-ton ainsi chez Toyota. Inutile donc de poursuivre la production dans de telles conditions.
Les conséquences de telles fermetures sont difficilement mesurables. D’autant que la durée de ces arrêts reste incertaine. «Il est impossible de chiffrer les pertes pour le moment», résume-t’on à la communication du groupe PSA. Et le constat est évidemment le même chez Renault, qui annonce la mise au chômage technique de 18 000 salariés en France… Dans l’attente des mesures gouvernementales de soutien aux entreprises, les échanges ont débuté entre les syndicats et les dirigeants. Chez Renault, dans une lettre dont l’AFP a obtenu une copie, la CGT demande de «garantir le maintien de la rémunération à 100% pour l’ensemble du personnel en intégrant tous les éléments de rémunération, y compris pour les intérimaires et prestataires».
Préparer dès maintenant la reprise
Quoi qu’il en soit les pertes seront évidemment lourdes pour les constructeurs automobiles et leurs sous-traitants. Les réactions au niveau des bourses mondiales ont d’abord conduit à un effondrement des valeurs des trois groupes (mais aussi de l’ensemble des valeurs partout dans le monde). Les premières annonces de Bruno Lemaire, ministre de l’Economie et des Finances, ont depuis rassuré les marchés, et le cours des actions de Renault, PSA et Toyota a repris des couleurs. Lors d’une réunion téléphonique le 18 mars, Bruno Lemaire a assuré les deux grands groupes français de son soutien, avant de déclarer qu’il n’aurait «aucune hésitation» à recourir à l’ensemble des outils à sa disposition pour protéger les entreprises françaises. Y compris d’éventuelles nationalisations.
Un peu rassurée, la filière se projette désormais au-delà de la crise. La Plateforme PFA, qui rassemble la filière automobile en France y compris la sous-traitance, appelle ainsi à «anticiper dès maintenant, un plan de relance pour la sortie de crise». Dans un communiqué, elle demande d’actionner dès la fin de l’urgence sanitaire, «les outils à disposition (prime à la conversion, bonus pour l’achat de véhicules électriques) pour relancer le marché». Elle demande aussi de «consentir des investissements massifs pour les infrastructures de recharge» et ainsi permettre au marché de l’électrique de décoller. PFA demande aussi de faire baisser le coût du travail en France pour améliorer la compétitivité française face à nos voisins européens notamment.