Lille embarque dans l'aventure Time for the Planet
Time for the Planet développe une antenne à Lille pour toucher l'intégralité des Hauts-de-France. Son ambition : rassembler chercheurs et entrepreneurs pour créer des entreprises capables de lutter contre le réchauffement climatique.
Récolter un milliard d’euros pour créer 100 entreprises mondiales censées sauver la planète. C’est l’objectif de la société à but non lucratif Time for the Planet. Créée à Lyon, elle vient d’ouvrir une antenne à Lille début novembre. Et déjà quelque 90 curieux se sont joints à l’événement digital d’inauguration.
Time for the Planet part d’un constat à la fois effrayant et révélateur : même si le monde se met en pause et arrête de fonctionner dès aujourd’hui, la température de la planète continuera d’augmenter pendant 30 ans. «L’effet colibri des gestes écologiques de chacun n’est pas suffisant. Il ne suffit pas de faire de la décroissance. Il faut créer de l’innovation pour arriver à un discours plus optimiste», déclare Nicolas Sabtier, l’un des six cofondateurs de l’organisation.
«Nous voulons trouver une solution à l’effondrement de l’humanité, mais dans une bonne ambiance», dédramatise-t-il. Dans un premier temps, la priorité est de lutter contre le réchauffement climatique. «Il y a d’autres problèmes environnementaux auxquels il faut penser, évidemment. Mais pour bien faire, il faut se concentrer sur un problème à la fois.»
Former des synergies qui fonctionnent
Pour changer le monde, Time for the Planet part du principe qu’il faut changer ses habitudes de consommation, et que c’est aux entreprises de proposer de nouveaux concepts. La société s’occupe alors de mettre en relation des ingénieurs à l’origine d’idées innovantes et des entrepreneurs qui ont déjà fait leurs preuves, afin que la création d’entreprise soit un succès. «Les chercheurs ont de bonnes idées, mais n’ont pas la fibre entrepreneuriale. La collaboration proposée permet de gagner du temps», indique Nicolas Sabatier.
Pour que le lien opère, les ingénieurs mettent leurs idées à disposition du monde entier, en open source, afin qu’un entrepreneur puisse l’exploiter. «Cette idée peut être un nouveau service, de la haute technologieou de la low tech. C’est très large… Le fait de mettre une idée innovante en open source peut créer de la concurrence. Mais avant de penser au profit, nous cherchons à sauver la planète. Cependant l’exploitant doit faire remonter son activité à l’organisation pour avoir l’étiquette Time for the Planet.» Cette étiquette est importante puisque c’est l’organisation qui détient les fonds nécessaires à la création de l’entreprise.
Désintéressement et refus du profit
Time for the Planet est une société commerciale à but non lucratif. «Autrement dit, tout citoyen peut acheter une action à partir d’un euro. L’argent récolté est injecté dans la création d’entreprises. Les bénéfices de ces entreprises vont à Time for the Planet via les actions, et cet argent est réinjecté dans la création d’autres entreprises», détaille Nicolas Sabatier. «Un euro investi représente un euro retrouvé dans dix ans. Aucun dividende ne sera versé avant qu’on ne soit revenu à une hausse des températures de +0°C par rapport à l’ère préindustrielle», précise-t-il.
L’initiative compte déjà quelque 5 000 actionnaires, dont une centaine dans la région. Et plus de 120 idées d’innovations ont été remontées.
La métaphore astrale filée jusqu’au bout, chaque idée est surnommée «comète». Sur la «galaxie», soit la plateforme Discord sur laquelle tous les acteurs interagissent, ces comètes animent des «planètes», c’est-à-dire tout un réseau regroupé autour d’une même compétence ou venant d’une même localisation. Sur chaque planète, un référent appelé «gluon» permet de faciliter les mises en relation entre deux acteurs pour concrétiser la comète. C’est ainsi que l’entrepreneuse Heather Noreen est devenue gluon de la nouvelle planète Hauts-de-France.
«Le principe est complexe, mais pour chaque nouvel adhérent, une réunion de formation est organisée en ligne chaque lundi midi», rassure Nicolas Sabatier à la fin de sa présentation.