Liaison ferroviaire Roissy-Picardie, le chantier de tous les défis

Ce 6 février, la SNCF a fait visiter l'un des chantiers de la liaison ferroviaire Roissy-Picardie. À Fosses, dans le Val d'Oise, les travaux de terrassement ont débuté.

Emmanuel Grossin directeur du projet Roissy-Picardie à la SNCF devant le chantier, ce 6 février. © Aletheia Press / L.Brémont
Emmanuel Grossin directeur du projet Roissy-Picardie à la SNCF devant le chantier, ce 6 février. © Aletheia Press / L.Brémont

Plus de 541 millions d'euros d'investissements et 15 ans d'études ont été nécessaires pour lancer les premiers coups de tractopelles concernant le projet de liaison ferroviaire Roissy-Picardie. Et pour marquer les esprits, la SNCF organisait, ce 6 février, une visite d'un des premiers sites en travaux, à Fosses. «Ce rendez-vous montre aux habitants et aux usagers que nous sommes dans une étape irréversible. Ce projet devient réalité et n'est plus de l'ordre de la potentialité», s'est réjoui Bertrand Gaume, préfet de région Hauts-de-France.

L'objectif est de réduire les temps de trajets ferroviaires entre les Hauts-de-France, le Val d'Oise et l'aéroport Charles de Gaulle (CDG). Des millions de voyageurs n'auront ainsi plus besoin de passer par les gares parisiennes. «Les travaux préparatoires ont débuté fin 2023 – début 2024. Les premiers travaux de terrassement ont été lancés sur ce site au printemps 2024. Ils concernent la création de 6,5 kilomètres de voie pour relier l'aéroport au réseau ferroviaire existant», résume Emmanuel Grossin directeur du projet Roissy-Picardie à la SNCF.

680 piscines olympiques

«Ce sont ainsi 1,7 million de mètres cubes de terre qui seront excavés, soit l'équivalent de 680 piscines olympiques», souligne Matthieu Chabanel, président directeur général de SNCF Réseau. Un matériau qui sera réutilisé pour les remblais nécessaires sur la moitié nord-ouest du tronçon, qui sera enclavé jusqu'à 15 mètres en dessous du sol. La partie sud-est, en revanche sera surélevée. Il sera également nécessaire de construire sept ouvrages pour que la nouvelle ligne enjambe des voies routières.

Les travaux tout juste entamés devraient s'achever mi- 2026. © Aletheia Press / L.Brémont

Un sacré tour de force technique, d'autant plus que la SNCF entend terminer le chantier mi 2026 pour procéder aux tests techniques et former les opérateurs. «Évidemment, nous devons aussi gérer l'aléatoire», poursuit le directeur des chantiers. Comme à Fosses où une dalle rocheuse d'un mètre d'épaisseurs est passée à travers les sondages et a été découverte récemment.

Une économie de temps

Il est également indispensable de réaliser les travaux d'aménagements dans les gares sans interrompre le trafic existant. Des travaux d'électrification seront réalisés sur la ligne Paris-Creil-Amiens. Quant à la signalisation ferroviaire sur le nouveau tronçon et les voies existantes passant à Amiens et Lille, deux systèmes cohabiteront. L'un est européen et permet une uniformisation et une fluidification des transports ferroviaires sur le territoire de l'UE. L'autre est français et il est conservé pour les trains n'étant pas équipés pour utiliser le système européen. «Ces deux systèmes seront mis en service en même temps, c'est un tour de force sans précédent», souligne Emmanuel Grossin.

Avec cet aménagement ferroviaire, rallier Roissy depuis Compiègne ne demandera plus 45 minutes au lieu de 1h30. Chantilly-Gouvieux-Roissy se fera en16 minutes alors qu'il faut plus d'une heure actuellement. Enfin, seulement 7 minutes seront nécessaires pour relier Survilliers-Fosses à Roissy, contre une heure aujourd'hui ! Pour Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, «ce projet changera la vie de nos concitoyens et permettra le développement économique de nos territoires». La Région a ainsi participé financièrement à hauteur de 26,24%. «Mais nous avons également déjà commandé 11 nouvelles rames de train pour un investissement de 190 millions d'euros», complète le président de Région. De quoi bientôt voyager en train dans les meilleures conditions.

Plus de trains, moins de voitures

Quatre millions de voyageurs sont attendus annuellement dès la mise en service de la liaison. Dans 20 ans, ce chiffre est estimé à sept millions. Côte environnement, 100 000 trajets en voiture vers l'aéroport devraient être supprimés annuellement grâce au train. Avec, à la clé, 517 000 tonnes de dioxyde de carbone économisés sur les quarante prochaines années. Un bilan qui a de quoi faire rêver.