L’humain comme capital
Xilopix, petit génie spinalien de la recherche par l’image, est en pleine phase d’expansion. L’entreprise est en train de doubler ses effectifs pour passer à 40 salariés d’ici la fin de l’année. Rencontre avec Éric Mathieu, co-fondateur de la société, pour zoomer sur cette société atypique dont le cerveau humain constitue le premier capital.
De hautes colonnes, un petit bassin central et une mosaïque au sol. Le sas d’entrée de Xilopix, le spécialiste de la recherche par l’image implanté à Épinal, vaut le détour. Installé en bord de Moselle dans la Maison Romaine, une copie d’une maison du sud de l’Italie construite par une riche industrielle, il évolue et grandit au sein de locaux lumineux, spacieux et, il faut le dire, un peu rococo, partagés par plusieurs entreprises. «Nous allons bientôt être l’entreprise la plus étendue dans la Maison Romaine : nous allons récupérer une aile de 1 800 m² !», s’amuse Éric Mathieu, co-fondateur de la société qui développe des moteurs de recherche par l’image. Et pour cause : après avoir lancé il y a quelques semaines un appel à candidatures, l’entreprise qui embauche aujourd’hui 17 salariés s’apprête à doubler de volume en recrutant 20 personnes : douze informaticiens, quatre experts en documentation et sémantique, un commercial «au profil Sup de Co» sur Paris, un spécialiste du marketing, une personne à la finance et un spécialiste de la guerre économique. «Dans chaque service (recherche-développement, marketing, commercial, financier, ndlr) il y a un pilote. En ce moment on recrute leurs N-1», précise Éric Mathieu. Les premières recrues devraient débuter en septembre. «Onze postes ont déjà été pourvus. Ce qui nous manque, c’est plutôt des compétences en informatique ainsi que le responsable des comptes clés qui s’installera sur Paris.» L’entreprise parisienne d’origine le sait, en faisant le choix de s’installer à Épinal pour être au plus près de l’ATILF (Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française) du CNRS et du Loria, elle a perdu en attractivité. Alors elle compense par, entre autres, une «zénitude» hors norme. «On peut venir en tongs, avoir des tatouages : je m’en fiche. On est en confiance. Ici, c’est une boîte à risques. Certains ont quitté des laboratoires pour tenter une aventure improbable avec nous. Mais si ça marche, ils savent que leurs salaires peuvent être multipliés par 10.»
L’humain comme capital
«J’ai un peu honte d’avoir un bureau aussi grand», avoue Éric Mathieu en à propos de son vaste bureau en demi-cercle. Ici, la hiérarchie ne se veut pas écrasante et le management est collaboratif. «Tous les salariés sont associés. Ils participent au vote selon le capital qu’ils détiennent. On veut qu’ils se sentent impliqués et responsables. Ils ont accès à toutes les données de l’entreprise… C’est une sacrée prise de risque pour nous. » Malgré cela, Xilopix persiste et signe : «ce qu’on souhaite à terme c’est que nos salariés puissent détenir 10 à 15 % du capital total». Car c’est l’humain le vrai capital. «Ici nos dépenses, c’est du cerveau ! Former un salarié prend au bas mot quatre mois. Pour nous il n’y rien de pire qu’un employé nous quitte.» une éthique qu’il tire sans doute de ses expériences passées. «J’ai travaillé dans des groupes, et j’ai vu des méthodes de management qui m’ont déplu et que je ne veux pas reproduire. On fait beaucoup travailler nos salariés, mais il faut savoir les motiver.» Mutuelle familiale payée à 90 % par la société, tickets restaurant à 10 €, corbeille de fruits frais tous les lundis, déjeuner d’équipe une fois par mois. Résultats : un turnover quasi nul. Nec plus ultra : la nouvelle aile que va occuper l’entreprise sera pourvue d’une salle de repos. «C’est normal de se détendre au travail», ajoute encore Éric Mathieu. L’activité de Xilopix est en avance sur son temps, sa façon de manager aussi.