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À la tête de sa petite entreprise, Amma Solid’Est, le Maxois Jean-Michel Goncalves officie dans l’univers du bien-être via la technique du massage assis aussi bien en entreprises que dans différentes structures et associations. Un choix pour créer du lien (du vrai) et surtout un parcours de vie pour ce non-voyant atteint d’un décollement de la rétine il y a une dizaine d’années. Aujourd’hui ce sont ses mains qui voient les choses et les êtres et sans doute un peu les âmes.
Ces gestes sont précis, énergétiques ou plus souples selon les moments et les réactions de son sujet ! En un petit quart d’heure, Jean-Michel Goncalves procure bien-être et détente à la personne qu’il masse via sa technique de massage Amma assis. Une chaise adaptée et étudiée, le patient reste habillé, se pose sur le ventre, la tête plongée dans un coussin et le dos exposé aux mains expertes du masseur. C’est son travail depuis juin dernier où il se lance dans l’aventure entrepreneuriale en créant sa petite entreprise Amma Solid’Est dans l’agglomération nancéienne. Un choix ? Plutôt une nécessité. «Le massage a été pour moi une façon de retrouver une activité, d’avoir un but, de continuer à avancer.» En octobre 2007, cet ancien animateur socio-éducatif perd la vue progressivement du fait d’un décollement de la rétine. Pendant dix ans Jean-Michel Goncalves avoue : «qu’il ne trouve pas de structure où pouvoir évoluer, j’ai donc décidé de me lancer.» C’est à Marseille, qu’il trouve une formation adaptée à l’association Assamma, une structure d’économie solidaire qui propose à des personnes en situation de handicap un parcours d’insertion sociale et professionnelle s’appuyant sur le Shiatsu-Amma assis, un art traditionnel chinois et japonais de massage assis. «Le Amma est une technique de massage ancestral bien particulière ! À l’époque en Chine, c’était un véritable art de la rue qui était d’ailleurs uniquement réservés aux personnes aveugles pour qu’elles aient une activité.»
Massages solidaires
Lors de sa formation à Marseille, il pratique sa technique auprès de public en difficulté, en souffrance. «Quand vous massez des femmes battues et des sans-abri, vous ressentez certaines choses, ce sont des moments forts, intenses où l’humain reprend réellement le dessus. C’est là que vous apprenez la réelle humilité.» Une humilité, un besoin quasi viscéral pour Jean-Michel Goncalves de créer du lien, de parvenir à réparer celles et ceux meurtris par les aléas de l’existence. «Le massage n’est qu’un outil, une technique, cela va au-delà du simple massage. L’important c’est de créer des passerelles, de tisser du lien et de procurer des bienfaits.» Jean-Michel Goncalves ne s’affiche pas comme un porteur d’étendard et encore moins d’une cause. Son engagement fort et sincère n’est juste qu’une façon d’être, quasi innée. L’homme est sain, ouvert, partageur et ne souhaite que transmettre encore et toujours. C’est un peu sa stratégie entrepreneuriale. «Quand je masse en entreprise ou dans un grand groupe, il y a toujours cet aspect de massage solidaire. Les entreprises où j’interviens peuvent choisir une association, un organisme comme la Ligue contre le cancer, la Croix Rouge ou encore les femmes battues pour leur proposer une de mes prestations. C’est là que tu crées l’interface, que tu établis un premier lien entre des univers qui ne se côtoient pas forcément. Moi je suis là pour masser, d’accord, mais je suis aussi un facilitateur de mise en relation. Cela va bien au-delà du massage.» Avec sa chaise pliante, transportable partout, l’homme du massage assis entend bien mener son bout de chemin le plus loin possible pour faire partager sa philosophie d’approche de la vie. Sous les mains de Jean-Michel Goncalves, c’est un autre univers qui se dessine. Un monde un peu plus beau et ouvert, moins hostile, où en l’espace d’un massage tout semble s’arrêter pour mieux recommencer sur une bonne voie. Sa voie, Jean-Michel Goncalves semble l’avoir trouvée et il n’est pas près de s’en détourner. Et c’est tant mieux !