Levées de fonds massives pour les biotech régionales
Depuis 1999, le concours national d’aide à la création d’entreprises de technologies innovantes i-LAB favorise l’émergence de jeunes pousses dans plusieurs secteurs d’activité, même si la santé et le numérique représentent, cette année, plus de 65% de l’ensemble des projets soumis au jury.
Pour cette édition 2018, quatre projets lauréats et deux nominés proviennent des Hauts-de-France. Quatre de ces projets sont incubés à Eurasanté : trois sont issus de la recherche du CHU de Lille et le quatrième émane de l’IEMN (Institut d’électronique, de microélectronique et de nanotechnologie à Villeneuve-d’Ascq). Depuis 2000, l’incubateur régional a accompagné 29 lauréats dans ce concours initié par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. «Le gouvernement va se doter de moyens supplémentaires, car l’innovation de rupture apporte un levier au territoire, en termes de création de valeur et d’emplois. Les Hauts-de-France sont fertiles en recherche et développement. En 2017, 67 millions d’euros d’aides aux entreprises ont été alloués en région par Bpifrance», explique Régis Lemoine, délégué innovation à la direction régionale de Bpifrance, partenaire du concours. En moyenne, un lauréat i-LAB perçoit entre 250 000 et 400 000 € de dotations. Ils ont déjà établi la preuve de concept, sont proches de la création ou viennent de créer leur entreprise.
En pleine émergence
Avec la bioprothèse implantable Mattisse (imprimée en 3D), Lattice Medical permet une reconstruction mammaire naturelle par la régénération des tissus, en une chirurgie unique grâce à un implant résorbable. Fruit de la recherche d’un chirurgien plasticien, de deux médecins biologistes et d’un ingénieur textile d’UP-tex, Lattice Medical a déjà validé une première preuve de son concept en 2016. Actuellement en levée de fonds (2 millions d’euros, dont une partie via la plateforme de crowdfunding Wiseed), la start-up envisage de recruter trois personnes dès septembre, avec l’objectif de boucler ses essais précliniques en 2020, de préparer un dossier technique réglementaire auprès de l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament) et d’étendre son plateau technique avec une plateforme d’impression 3D. Autre lauréat du concours, Zymoptiq, avec sa mesure de l’activité enzymatique, porté par Philippe Pebay et Alexis Vlandas, lui aussi en cours de levée de fonds (2 millions d’euros). Six années de recherche et deux brevets portés par la SATT Nord plus tard, Zymoptiq travaille déjà avec plusieurs industriels régionaux et nationaux, spécialistes de la santé animale et humaine. Troisième lauréat, Par’Immune, qui développe des stratégies thérapeutiques pour le traitement des maladies inflammatoires auto-immunes. Cette biotech, créée en octobre 2017, veut valoriser les nombreux travaux de recherche menés en région, notamment sur les maladies inflammatoires. Après une première phase de levée de fonds de 5 millions d’euros, Par’Immune se lancera dans la quête de 15 millions d’euros supplémentaires pour financer les opérations d’essais cliniques et pour ouvrir un bureau à Boston. Dernier lauréat régional à participer à i-LAB, la start-up spin-off du laboratoire U1171 (Lille 2), In Brain Pharma, qui développe des solutions innovantes pour lutter contre les maladies neurodégénératives. Son innovation thérapeutique, DIVE (dopamine intra-cérébro-ventriculaire) consiste à administrer en continu la dopamine manquante dans le cerveau des patients atteints de la maladie de Parkinson. In Brain Pharma est elle aussi en cours de levée de fonds, à hauteur de 3,5 millions d’euros. Depuis 20 ans, le concours i-LAB a permis la création de 1 914 entreprises, dont 70% sont encore en activité, mobilisant plus de 430 millions d’euros. L’an prochain, le financement alloué au concours i-LAB passera à la vitesse supérieure en doublant sa dotation, à hauteur de 30 millions d’euros.
«Chaque année, nous investissons 65 millions d’euros dans l’innovation et la recherche»
L’innovation au CHU de Lille
«Chaque année, nous investissons 65 millions d’euros dans l’innovation et la recherche (sur un budget annuel d’1,3 milliard d’euros). Nous avons signé une convention avec huit groupements hospitaliers de territoire en France, pour passer à une logique de coopération entre les établissements. L’objectif ? Avoir un centre majeur de traitement des données de santé pour la recherche», explique Frédéric Boiron, directeur général du CHU de Lille (10 hôpitaux spécialisés et 16 pôles d’activités cliniques et médicotechniques). En 2016, l’établissement lillois avait reçu 228 000 patients.