Les Trophées de l’Ascenseur à l'heure de la sobriété
La Fédération des ascenseurs dévoilait les lauréats des Trophées de l'ascenseur, le 18 octobre. Cette 8e édition, qui récompense des projets intégrant les préoccupations environnementales, donne un aperçu des enjeux auquel fait face ce petit secteur.
On n'en entend parler qu'en cas de panne, et pourtant, «il n'y a pas de ville sans ascenseur», a rappelé Philippe Boué, président de la Fédération des ascenseurs. Le 17 octobre, à Paris, lors d'un déjeuner presse, il dévoilait les projets vainqueurs de la 8e édition des Trophées de l'Ascenseur. Le palmarès témoigne de l'évolution de ce petit secteur qui représente quelque 182 entreprises. Ces dernières ont réalisé 2,7 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2022.
L'activité dans le neuf a fortement diminué, à mesure de la contraction du marché de la construction (9 000 ascenseurs livrés, soit 15 % de moins que l'année précédente). À l'inverse, les activités d'entretien rénovation ont augmenté dans les mêmes proportions. Pour la Fédération des ascenseurs, cet enjeu est crucial. «Notre cheval de bataille est d'alerter les pouvoirs publics sur les besoins en matière de rénovation et la nécessité d'apporter un support aux bailleurs sociaux sur ce sujet», déclare Philippe Boué. Aujourd'hui, en effet, environ le quart des 650 000 ascenseurs que compte la France a plus de 40 ans. Les risques de pannes et de dysfonctionnements deviennent donc plus fréquents, surtout dans les logements sociaux où ils sont particulièrement sollicités et les usages pas toujours «orthodoxes», note Philippe Boué.
Par ailleurs, comme le reste de l'économie, le secteur des ascenseurs est concerné par les impératifs du développement durable. Avec des enjeux complexes. Exemples : en amont, «2 500 kg d'acier qui ne sont pas sourçables localement», en aval, un écosystème d'entreprises de maintenance dont la conversion aux véhicules électriques se révèle ardue et coûteuse. Entre les deux, des cahiers des charges qui ne vont nécessairement pas dans le sens de la sobriété. «Cela peut nécessiter de revoir des normes, et aussi, que les architectes s'interrogent sur la manière dont ils peuvent contribuer. Plus le design est standard, plus l'industrie l'est, moins il y a de pièces, et meilleure est l'empreinte carbone. Les options nécessitent toujours de petites pièces spécifiques qui répondent à des besoins particuliers», décrypte Philippe Boué.
Trophées sans paillettes
Les prix attribués cette année par le jury reflètent ces préoccupations de la profession : pas de primes à des projets au design esthétisant et audacieux ou affichant une technologie dernier cri... «Cette année, deux des six projets récompensés concernent une surélévation (de bâtiment) , un type de projet bénéfique à la planète», souligne le président de la fédération. Ainsi, le trophée «Engineering et savoir-faire» a été attribué à la clinique Sainte-Clotilde et Cegelec Réunion Ascenseurs. Deux étages ayant été ajoutés au bâtiment, il a fallu installer un monte-brancard qui a été réalisé sur mesure. Et l'acheminement au sein du site, dont l'activité n'a pas cessé, a constitué un véritable défi.
Un autre trophée, «Accès à l'habitat, individuel et collectif» a récompensé un projet lié à une surélévation d'un bâtiment : celui de la résidence Prairial (Val-de-Marne) mené par Valophis Habitat et Schindler. La résidence, construite dans les années 1950 (212 logements sur cinq bâtiments) fait l'objet d'une réhabilitation et d'une surélévation qui a permis de créer 36 logements supplémentaires et pour y accéder, 22 ascenseurs à faible impact environnemental ont été implantés en façade. Dans le même sens, le trophée «RSE» a été attribué à un projet destiné à améliorer le recyclage et réemploi des pièces d'ascenseur. Il s'agit d'un projet d'audit mis sur pied par Paris Habitat et Tracklift (solution RSE).
Objectif : identifier, et tracer les pièces démontées dans le cadre de démontages d'ascenseur, afin de créer une banque de données des pièces détachées disponibles. Quant au trophée «coup de cœur» du jury, il a été remis à Otis qui a mis sur pied un chantier école reposant sur le principe du compagnonnage, en Île-de-France. Et enfin, celui consacré à «Architecture et valorisation du patrimoine», récompense un chantier de remplacement d'un ascenseur de la résidence panoramique Saint-Jean à Bordeaux qui date des années 1960, mené par SCE (Sécurité Conseil Expertises ) et Aquitaine Ascenseurs.