Les Trois Tricoteurs : du fil au produit, une fabrication locale depuis Roubaix
À la fois producteurs et distributeurs, Les Trois Tricoteurs ont, depuis trois ans, séduit de nombreuses marques textiles qui ont envie de produire localement, sur des séries plus confidentielles. Fondée par trois ingénieurs, l'entreprise compte aujourd'hui une quinzaine de salariés.
Ils sont trois à l'origine du projet :
Sacha Motta, Victor Legrain et Alex Bianchi, tous ingénieurs à
l'ENSAIT de Roubaix et qui ont eu envie de faire revenir le tricotage
dans les Hauts-de-France. Pari réussi puisque trois ans après, le
succès est au rendez-vous, amplifié par l'ouverture du bar-atelier
en 2021, à deux pas de la gare de Roubaix et du musée de la
Piscine. «En
attendant de voir tricoter le pull ou les chaussettes que vous aurez
choisis et personnalisés, on peut profiter de l'ambiance
industrielle du bar»
explique Sacha Motta. Au total, 50 places assises et jusqu'à une
centaine avec la terrasse. L'endroit est privatisable pour des
séminaires.
En plus du bar, les Trois Tricoteurs sont aussi et surtout des producteurs : «Nous n'avions pas pensé au B to B immédiatement, ce sont les marques qui sont venues nous voir. On travaille par exemple avec Cyrillus sur un pull sans manches en 100% laine mérinos. On fabrique également des bonnets, écharpes en laine française et pulls pour Damart. Nous sommes toujours sur de petites séries, avec pas plus de 1 000 pièces» explique l'ingénieure.
Une
montée en puissance
En septembre 2023, les Trois Tricoteurs passent donc en phase d'industrialisation et décident de s'installer dans un local plus grand (800 m2), sur l'ancien site Tissel à Roubaix : «Nous avons ici trois machines : une pour les gants, mitaines et tours de cou, une autre pour les chaussettes et une pour les plus grands volumes, comme celle que nous avons dans le bar. Nous prévoyons d'en acquérir une nouvelle».
Cette
implantation prend d'ailleurs tout son sens car ce lieu était une
usine textile où l'on fabriquait déjà les chaussettes de marque
Tissel. Et permettra aux Trois Tricoteurs de produire jusqu'à 3 000
pièces. L'implantation à Roubaix n'est évidemment pas anodine :
«Nous
voulons réindustrialiser la ville, qui vivait autrefois
de la laine. L'automatisation des machines nous permet ainsi de
produire en Made in France avec un coût réduit de main d'œuvre et
c'est ce que les marques recherchent.»
Zéro
déchet
Les Trois Tricoteurs conservent leur politique de zéro stock et de production à la demande pour rester flexibles et agiles. Les déchets à l'état de fil sont donnés à l'entreprise tourquennoise Vivaluz, qui en fabrique des cintres. Le reste est donné à une artiste roubaisienne.
15 salariés
Un
pull est tricoté en 40 minutes. Parmi les matières proposées,
la laine évidemment mais aussi le coton et le lin.
Trois ans après leur création, la PME compte 15 salariés, dont cinq collaborateurs recrutés en 2024. «Il
y a beaucoup de quête de sens dans les métiers. On reçoit ici des
personnes qui ne viennent pas du textile et que l'on forme.»
Actuellement,
les créations des Trois Tricoteurs sont en vente dans des points de
vente régionaux comme El Market, balte, la Manufacture de Roubaix et
le Stab Vélodrome. «On
a le projet d'ouvrir un second lieu comme notre bar de Roubaix,
probablement dans les deux ans, également dans les
Hauts-de-France»
explique Sacha Motta qui voit encore plus loin avec l'essaimage du
concept ailleurs en France pour créer un éco-système textile
autour de la production locale et du zéro déchet.