Les réseaux féminins en pleine croissance
Depuis cinq ans, les clubs business et sectoriels 100 % féminins se multiplient en France. Ils sont plus de 500 actuellement. Rien d’un effet de mode mais la nécessité pour elles de booster leurs carrières ensemble. On rappellera ce chiffre : les femmes cadres, à poste égal, touchent un salaire inférieur de 8,5 % à celui des hommes. Ces réseaux féminins sont voués à percer le plafond de verre les bloquant dans leur évolution. En Grand Est, la dynamique est réelle et porteuse d’espoirs.
«Créez comme elles» à Troyes, «EST’elles Executive» et «Elles bougent» à Nancy, «Femmes 3000» en Alsace, «RéZoé» à Metz, «Réseau de femmes entrepreneures de Sarrebourg et environs». Six exemples en Grand Est de réseaux favorisant l’entraide des femmes dans leurs trajectoires professionnelles. Combien sont-elles à faire le constat, corroboré par des enquêtes convergentes, d’une augmentation se faisant attendre, d’une promotion passant sous le nez, d’une reconnaissance jamais formulée ? Nombre de carrières féminines sont marquées d’une inégalité : dans l’accès aux études supérieures, aux hautes responsabilités et à l’emploi. Dans le monde, 70 % du travail humain est réalisé par des femmes, mais elles gagnent toujours moins de 10 % de la rémunération planétaire. Malgré les diplômes, une constance de travail, des heures supplémentaires. En la matière, notre pays ne se distingue pas par son exception. Bien au contraire. Seulement 21 % des ingénieurs sont des femmes. Une jeune diplômée aura un salaire inférieur de 3 000 euros à son homologue masculin. Dès lors, elles sont de plus en plus nombreuses à se grouper au sein de réseaux. Osant davantage que par le passé à bousculer les codes, boostées par l’appétence de plus en plus grande à créer leur entreprise, elles font vivre d’actifs cercles business. Objectif : amplifier leur chiffre d’affaires et partager les bonnes pratiques. L’opportunité également d’accroître leur leadership.
Faire bouger les mentalités
Les temps changent. Fort heureusement. Portée par le courant de la libération de la parole et un État plus présent sur la parité en entreprise, la vague du networking au féminin bouscule les dogmes en place. Les jeunes entrepreneures, 35 à 40 ans, parfois moins, ont une vision claire de leur carrière et sont connectées idéologiquement au monde anglo-saxon, celui-ci fonctionnant beaucoup avec l’esprit club. Une entrepreneure devra se poser plusieurs questions avant d’intégrer un réseau, selon ses buts recherchés : rencontrer de nouveaux clients, retrouver un emploi, être mentorée, évoluer dans la hiérarchie, participer à un engagement sur la mixité, apprendre à parler en public… Ainsi, l’écosystème entrepreneurial féminin s’animera d’événements en rencontres, de dîners en ateliers. En général, on entre dans ces réseaux sur inscription simple, dossier ou cooptation. Dans cette vaste mosaïque hexagonale, chacun a ses spécificités. Une chose est certaine : leurs adhérentes y font le plein d’énergie, de conseils et densifient leur relationnel. Clairement, une solution pour optimiser maturité, confiance en soi, ambition. 61 % des femmes en réseaux ont un contact quotidien avec des collègues en faisant partie. Contre 41 % pour les hommes. Un jour prochain, quand le fameux plafond de verre, avec sa kyrielle de clichés et de tabous, aura été dépassé, que la parité ne sera plus qu’une loi obsolète, nombre de femmes pourront enfin être reconnues comme telles, et à juste titre : des leviers de transformation et d’innovation. Ce combat là concerne les femmes et les hommes. Il ne saurait être autrement que de le gagner.
Des marges de progression
Des études récentes ont dessiné le visage des motivations des femmes de réseaux. Parmi les cadres, 35 % citent leur personnalité comme obstacle au développement de leurs contacts. 22 % avouent une certaine maladresse et 16 % parlent d’un sentiment d’inaptitude par rapport aux codes du milieu professionnel dans lequel elles évoluent.