Les objets connectés au service de l’agriculture

L’agriculture aussi est connectée. Terminé les carnets de notes au fond du tracteur, place au carnet connecté depuis qu’Alexandre Cuvelier et Antoine Dequidt ont imaginé Karnott, destiné à faciliter la mutualisation des matériels agricoles.

Après s'être procuré le boîtier, l'agriculture dispose d'un abonnement de 7€ par mois.
Après s'être procuré le boîtier, l'agriculture dispose d'un abonnement de 7€ par mois.

Agriculteur près de Saint-Pol-sur-Ternoise, Antoine Dequidt est aussi à l’origine du centre d’affaires Le Carré de Rameaucourt et d’un réseau de distributeurs. Cette fois-ci, il a mis ses problématiques de terrain au profit de la start-up Karnott, créée en août 2016 à EuraTechnologies. «En fonction des besoins, je mutualise mon matériel avec mes voisins. C’était mon intention dès que j’ai repris l’exploitation familiale. Mais, bien sûr, cela nécessite de faire des comptes ! Ce système est encouragé par les coopératives d’utilisation de matériel agricole (CUMA) et permet aussi de favoriser l’entraide, tout en évitant l’isolement», explique-t-il. Quand on parle de chiffres, il s’agit d’ailleurs plutôt de bouts de papier compilés ensemble, calés sous le siège de l’engin… Difficile donc de s’y retrouver, de ne pas être tributaire des mauvaises conditions météorologiques ou encore de ne pas être à l’abri de quelques tricheries concernant les kilomètres effectués… «On estime la marge d’erreur à 30%. Il faut imaginer qu’un carnet comprend entre 250 et 300 lignes de matériel, qu’une CUMA peut recenser jusqu’à 60 matériels et qu’une fois récupéré il faut tout retranscrire. C’est une usine à gaz !» En septembre 2015, il lance avec deux associés, dont Alexandre Cuvelier, ingénieur de formation, Karnott, un boîtier connecté, conçu et réalisé en France et même majoritairement en région. Après avoir intégré le programme Start d’EuraTechnologies − trois mois pour valider le marché et la technologie−, ils continuent avec l’accélérateur Scale et intègrent le Village by CA.

Automatique et autonome. Karnott se place sur n’importe quel engin agricole, à n’importe quelle place (le boîtier est aimanté et étanche), ne nécessite aucun branchement et est compatible avec toutes les marques. Il collecte automatiquement les informations des machines (intervention et temps d’utilisation du matériel) et les centralise sur une plate-forme web. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les associés ont fait fonctionner leur écosystème : «La carte électronique a été développée par Noolitic (EuraTechnologies), la batterie par Otonohm (EuraTechnologies), le moule et l’injection plastique par Sagaert (Comines) et l’industrialisation de la carte par Eiffage. On gagne en sécurité en fiabilité du boîtier», détaille Antoine Dequidt. Sur la plate-forme web, l’agriculteur peut dessiner sa parcelle, lister son matériel et affecter un boîtier à un matériel. Il retrouve ainsi son reporting en temps réel et peut le transmettre aux autres agriculteurs. «Précis, fiable et indiscutable» selon le créateur. Karnott travaille avec plusieurs types de clients : les agriculteurs individuels pour un outil de pilotage, Isagri – le n°1 du logiciel de gestion agricole dont Karnott va alimenter le système –, les CUMA ou coopératives d’agriculteurs, les entreprises de travaux agricoles (ETA) et les concessionnaires agricoles.

Cap sur l’international. Pour accompagner sa croissance et poursuivre son développement, Karnott vient de lever 1,1 million d’euros auprès du fonds d’investissement Leap Ventures et de différents business angels. «Nous allons envoyer un étudiant ingénieur agronome au Canada pour préparer ce marché. Nous envisageons aussi de nous implanter en Espagne, au Portugal , en Italie, en Allemagne, en Belgique, au Luxembourg et aux Pays-Bas», ambitionne Antoine Dequidt. De trois associés, ils sont rapidement passés à sept salariés et seront neuf début septembre. Ils espèrent mailler le territoire national en recrutant des «animateurs de territoire» qui négocieront avec les groupes ou coopératives. Les 70 boîtiers déjà commercialisés seront livrés en juillet prochain, avec l’ambition d’en vendre entre 200 et 250 en décembre et 1 000 en 2018. À terme, le boîtier pourra aussi servir de maintenance prédictive aux machines agricoles et faciliter encore plus le travail des agriculteurs.

 

D.R.

Après s'être procuré le boîtier, l'agriculteur dispose d'un abonnement de 7 € par mois.