Les mille et une facettes du Made in France

Sous une même bannière, les 830 entreprises venues s'exposer dans le salon consacré au Made in France s'illustrent par une grande diversité de démarches, conjuguant souci écologique, de l'emploi, préservation de savoir-faire et ancrage local, voire, très local...

© : Anne Daubrée pour DSI
© : Anne Daubrée pour DSI

En neuf ans, il est devenu incontournable : tenu du 11 au 14 novembre, à Paris, le salon du MIF, Made in France, a vu défiler, à tour de rôle, l'ensemble des candidats potentiels à l'élection présidentielle... Mais surtout, cet événement annuel offre un observatoire de choix sur la richesse des démarches des entreprises qui se réunissent sous cette même bannière du MIF : elles articulent, selon des modalités et à des degrés divers, de multiples engagements ou ambitions écologiques, sociétales, de préservation du savoir-faire, de proximité... Au point que le Made in France peut sembler parfois une notion un peu large. Par exemple, sur son petit stand, au sein de l'espace consacré à la Région Occitanie, «Les âmes sauvages» s'affichent comme des «artisans savonniers des Cévennes.» Élodie Jouve et Noredine Ben Amara, à la tête de la petite société (100 000 euros de chiffre d'affaires), privilégient les ingrédients locaux, comme la purée et le miel de châtaignier. Produits bio, souci éthique, consistant, par exemple, à «ne pas réaliser une multitude de produits sans utilité»... Autant de lignes guide qui dessinent un projet entrepreneurial (et de vie) qui va très au-delà de la seule préoccupation du Made in France. Partant, dans le salon, quel que soit leur secteur d'activité, de nombreuses entreprises affichent des ambitions écologiques ou sociétales complémentaires, qui s'accordent avec le projet d'une production localisée dans l'Hexagone. Comme Green Desk, entreprise basée en Auvergne-Rhône-Alpes, qui propose des cadeaux d'affaires «écologiques et personnalisables.» De la même région, est venue pour la première fois au salon du MIF une autre entreprise, De Clermont, qui y expose ses produits et ses engagements. La société, née en 1991, et qui compte 35 salariés pour un chiffre d'affaires de 10 millions d'euros (2019), fabrique semelles, lacets et accessoires chaussants. «Depuis quatre ans, nous avons voulu aller au-delà du Made in France, en termes de responsabilité sociale d'entreprise», explique Marion Guillaud, responsable marketing de De Clermont, qui est labellisée PME +(un label qui atteste de sa démarche en matière de développement durable). La société a par exemple modifié ses packagings pour les rendre plus écologiques. Et elle vient de lancer une nouvelle gamme de semelles, «De Clermont nature», réalisées avec des fibres Seaqual, créées à partir du recyclage des déchets plastiques gisant au fond des océans. En parallèle, l'entreprise finance l'association Planète mer.


À chaque génération son Made in France

À quelques allées de De Clermont, un petit stand ne désemplit pas : c'est celui de Le Mouton givré, un autre exemple de société qui affiche une démarche qui va au-delà du MIF. Créée en 2019 par deux habitantes du Lot, Cinthia Born et Élodie Madebos, la petite entreprise fabrique des sacs isothermes zéro plastique, réalisés avec de la laine locale, s'employant à préserver «l'emploi en milieu rural», le «savoir-faire français» et «la planète.» La démarche sociétale de cette jeune pousse, passée par le pré-incubateur, «Les Premières» de Toulouse, rejoint celle d'une autre entreprise, héritière et témoin d'une histoire différente : la Scop Adelaine, née en 1982. À l'origine, dans les années 70, un groupe d'amis a décidé de redonner vie à une filature pour revaloriser la laine en Ardèche. L'entreprise fabrique aujourd'hui couettes, matelas, vêtements.... Et son catalogue évoque «le plaisir qui nous anime toujours à revaloriser des ressources locales, dans un esprit écologique et solidaire.» En plus de l'emploi local et de la préservation de l'environnement, la préservation des savoir-faire constitue bien une autre facette encore du Made in France... Pour Fabienne Delahaye, fondatrice et présidente de MIF Expo, ces démarches multiples qui se conjuguent sous la bannière du Made In France, présentent un intérêt particulier : elles rencontrent les souhaits de différents types de clientèles : «les études ont montré que si le MIF attire toutes les générations, les motivations principales de chacune d'entre elles diffèrent. Les plus jeunes sont particulièrement sensibles aux circuits courts, à l'écologie. Leurs parents s'intéressent avant tout à l'emploi. Et leurs grands-parents, à la préservation des savoir-faire »...