Les Marmignon Brothers ont créé leur plateforme
Corentin et Clotaire Marmignon, de Berlaimont (Val de Sambre), ont mis au point une méthode qui se veut ludique et pragmatique et ont lancé en mai 2017 leur entreprise. Ce projet, ils l’ont élaboré pendant leurs études en allant notamment à Hollywood.
Corentin et Clotaire Marmignon, respectivement 27 et 24 ans, sont jeunes, mais ils ont déjà compris beaucoup de choses sur ce qui freine l’économie française et ce qui fait la puissance des Etats-Unis. Leur domaine : l’apprentissage de l’anglais. Leurs envies et leurs études les ont amenés à travailler plusieurs années de suite dans une maison de production et de distribution d’Hollywood, là où se conçoivent et se fabriquent des films et séries à diffusion planétaire. Leur plateforme, e-dutainment.com, se veut ludique et pragmatique. Ils la destinent aux écoles de commerce, mais aussi aux entreprises et aux particuliers.
Un frein à la carrière
La vidéo de présentation de leur plateforme donne le ton. On y voit d’abord d’anciens présidents de la République, en situation officielle, incapables de s’exprimer correctement en anglais bien que ce soit la langue internationale, notamment celle des affaires. Dans leur clip, très américain, on comprend ensuite très vite que leur méthode n’a rien à voir avec l’apprentissage scolaire. Organisée en niveaux, elle s’appuie principalement sur les séries et films à succès fabriqués outre-Atlantique. «La France a toujours un problème avec l’apprentissage de l’anglais. Les Russes, les Chinois, les Indiens parlent mieux l’anglais parce que les films chez eux sont diffusés sous-titrés et non pas traduits», constatent-ils. Leur vidéo insiste aussi sur le faible niveau moyen qui est un «frein à la carrière» pour beaucoup de cadres français. Avec leur plateforme, ils misent sur le plaisir d’apprendre, l’ouverture à la culture américaine et l’efficacité de l’esprit business. Leur vidéo annonce la couleur : «Devenez le roi de la jungle du monde des affaires». Eux-mêmes montrent l’exemple en faisant preuve d’un esprit de débrouillardise et de réalisme étonnant, notamment pour financer études et séjours… Ces deux-là, c’est sûr, ont plus de conseils à donner qu’à recevoir ! Sur leur site www.marmignonbrothers.com, ils racontent d’ailleurs leur histoire et démontrent qu’ils ont la bosse du commerce.
Le monde du cinéma de l’intérieur
Corentin, l’aîné, explique qu’il a fait l’ESAM (European School of Advanced Management) de Paris pour assouvir son goût pour les séjours à l’étranger et surtout aux Etats-Unis. Son «rêve américain» a commencé, raconte-t-il, en mars 2013. «Dans le cadre des études – six mois à Paris et six mois à l’étranger -, je suis allé faire un premier stage à Hollywood dans une maison de production et de distribution de films. Clotaire, qui était en DUT techniques de commercialisation à Valenciennes, m’a rejoint pour les vacances en juillet. Et on a réussi à se faire embaucher tous les deux.» Quatre ans de suite, ils ont ainsi travaillé dans la même maison de production. Ces séjours répétés leur ont permis de peaufiner leur projet et de faire la connaissance d’acteurs et de professionnels de séries telles que Californication, Walking Dead, Castle… Sur place, ils ont aussi compris pourquoi les séries US avaient autant de succès : les scénaristes y sont reconnus et bien payés, et les Américains savent mettre les moyens… Ils ont aussi découvert, en Californie, l’univers des géants du web : Google, Apple, Facebook, Amazon et d’autres. A l’université Stanford, ils ont sympathisé avec un professeur d’origine française, Gauthier Vasseur, qui les a bien aidés dans leur projet.
Ecoles supérieures d’abord
Où en sont-ils ? Basés à Berlaimont, les frères Marmignon ont rodé leur projet de plateforme au cours de l’année 2016/2017 en nouant des contacts avec trois centres de formation situés à Paris. La suite se prépare : «On rémunère huit professeurs américains pour visionner les contenus de films afin qu’ils élaborent les questions de forme et de fond qui seront utilisées dans notre méthode», précisent-ils. Depuis le début de l’année, ils ont démarché d’autres écoles supérieures, privées le plus souvent, par mail et par téléphone, afin de se constituer un fichier très efficace. «Une quinzaine de clients nous ont acheté la licence, qui comprend une partie d’apprentissage commun et une partie adaptée aux besoins de l’école ou de la filière.» Ils ont aussi le projet de partir à la conquête des budgets formation des entreprises et de proposer des abonnements individuels.