Les machinistes de Boeing approuvent le principe d'une grève en cas d'échec des négociations
Plusieurs milliers de machinistes employés par Boeing dans la région de Seattle, dans le nord-ouest des Etats-Unis, ont plébiscité mercredi le principe de faire grève en cas...
Plusieurs milliers de machinistes employés par Boeing dans la région de Seattle, dans le nord-ouest des Etats-Unis, ont plébiscité mercredi le principe de faire grève en cas d'échec des négociations salariales en septembre.
Le syndicat IAM-District 751, qui représente plus de 30.000 employés de l'avionneur américain dans cette région, a annoncé que 99,9% des votants -refusant d'indiquer leur nombre- avaient donné leur feu vert lors d'un vote organisé dans un immense stade de la ville.
Selon le syndicat, entre 20.000 et 25.000 personnes ont participé à ce meeting, au cours duquel plusieurs responsables syndicaux se sont exprimés.
"Etes-vous prêts à faire grève pour obtenir les améliorations que vous méritez? Je sais que vous l'êtes! Nous nous y préparons depuis dix ans", a lancé à la foule Jon Holden, président du District 751, antenne à Seattle du syndicat international des machinistes et des ouvriers de l'aérospatial (IAM).
"Nous luttons aussi pour changer cette entreprise. Nous devons sauver cette entreprise d'elle-même", a-t-il relevé, en référence aux problèmes de production et de qualité traversés par Boeing.
"Ils ont mis notre gagne-pain à risque. Il s'agit de nos emplois. Il s'agit de notre héritage. Il s'agit de notre réputation", a poursuivi M. Holden, reprochant aux dirigeants du groupe d'avoir "supprimé des personnes et des procédures cruciales pour fabriquer un avion sûr".
L'IAM-District 751 avait vu les choses en grand en réservant le T-Mobile Park, qui abrite l'équipe de baseball des Seattle Mariners et compte près de 48.000 places.
Banderoles
Selon quelques images diffusées par le syndicat sur YouTube, des participants brandissaient des pancartes avec les slogans "Un vote oui est notre force" ou "Nous voulons nos retraites maintenant", tandis que d'autres faisaient tournoyer des serviettes -comme lors de matches.
De grandes banderoles avaient été déployées: "Nous méritons davantage 2024", "Nouvel avion" et "Lutter pour davantage".
Le District 751 représente surtout les machinistes des usines d'assemblage du 737 à Renton et du 777 à Everett. En cas de grève, elles resteront figées.
Boeing et l'IAM-District 751 ont engagé le 8 mars des négociations pour élaborer la nouvelle convention collective qui doit relayer celle expirant le 12 septembre à minuit, vieille de seize ans.
"Nous restons optimistes sur le fait que nous pourrons parvenir à un accord équilibré entre les besoins de nos employés et les réalités d'entreprise auxquelles le groupe fait face", avait indiqué Boeing à l'AFP, en amont du vote.
Sollicité à l'issue du vote, le groupe a réitéré cette déclaration.
Le syndicat réclame une hausse salariale "substantielle", d'au moins 40% sur trois ans, ainsi que de meilleurs avantages sociaux (assurance santé, retraite, coût de la vie, etc.) et la sécurité de l'emploi, avait expliqué M. Holden à l'AFP.
Les rémunérations "stagnent depuis huit ans", avec seulement quatre hausses de 1% sur cette période malgré une "inflation massive".
Dave Calhoun, patron de Boeing, a assuré le 16 juin devant une commission d'enquête du Sénat que les syndiqués de l'IAM obtiendraient "à coup sûr, une augmentation". Sans autre détail.
Concernant la sécurité de l'emploi, autre axe majeur des tractations, le syndicat n'en démord pas: le prochain avion -annoncé pour 2035- doit absolument être fabriqué dans la région.
"C'est une garantie d'emploi pour les cinquante prochaines années", selon M. Holden.
D'après l'IAM, les négociations restent au point mort depuis plusieurs semaines.
Usine "silencieuse
"Quand nous serons tous présents à cet important événement, l'usine sera silencieuse", avait prévenu le syndicat au sujet du meeting, en guise d'aperçu des conséquences d'une grève.
Le District W24, qui représente environ 1.200 employés de Boeing à Portland, dans l'Oregon, négocie aussi depuis le 8 mars et devait également voter mercredi. Le résultat n'était pas immédiatement disponible.
La Grande Loge de l'IAM va désormais pouvoir préparer le cas échéant l'indemnisation des grévistes, 250 dollars par semaine à partir de la troisième semaine d'arrêt de travail.
Mais un appel effectif à la grève nécessitera un second vote, une fois la date butoir passée.
Le syndicat tente aussi d'obtenir au moins un siège au conseil d'administration du groupe, qui traverse ce qui pourrait s'apparenter aux sept plaies d'Egypte, "pour avoir un mot à dire sur certains changements".
Depuis de longs mois, le géant cumule en effet problèmes de production et de qualité sur ses trois avions commerciaux actuellement commercialisés (737, 787 et 777), qui ont entraîné moult enquêtes. De nombreuses actions sont mises en oeuvre pour y remédier.
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