Les Hauts-de-France, pavillon national du tourisme brassicole ?
Après une première édition il y a deux ans, les acteurs du tourisme brassicole se sont réunis mi-octobre au siège de Région. Véritable outil d’attractivité au service du territoire, la bière est devenue pour les Hauts-de-France un élément du patrimoine local, apprécié tant par le touriste d’agrément que par le touriste d’affaires.
«Nous voulons être leaders». François Navarro, directeur général de l’agence d’attractivité Hello Lille, place les priorités. Toujours un peu en retard côté tourisme – même si la région ne cesse de gagner des places au fil des années et devient clairement une destination touristique avec 9,3 millions de nuitées entre avril et septembre 2018 selon l’INSEE (+4,9%) – les Hauts-de-France peuvent compter sur le dynamisme brassicole pour attirer davantage. Déguster une bonne bière et vivre une expérience semblent donc aller de pair. «Notre pays n’est pas toujours associé à un pays de bière. Mais ce n’est pas vrai pour les Hauts-de-France. Nous avons le défi de construire l’image de la bière au niveau national», ambitionne Mathias Fekl, président du syndicat des Brasseurs de France. Sur le territoire national, 500 000 personnes visitent chaque année une brasserie, contre 1 million pour les spiritueux et 10 millions pour le vin. Il reste donc des progrès à faire mais au rythme d’une brasserie créée chaque jour (pour 1 600 établissements en France dont 150 en région), le secteur ne cesse de susciter les vocations, à l’image des États-Unis – une référence dans le domaine –, avec 4 100 micro-brasseries recensées en 2017 et un marché en croissance de 6% en 2016. Sur les trois derniers mois de 2019, 40 millions de visiteurs se sont rendus dans une brasserie. Certes, le marché et le territoire sont loin d’être les mêmes qu’en France mais les États-Unis peuvent être source d’inspiration.
Une image transversale
Côté institutions, la Région Hauts-de-France s’est d’ores et déjà portée en soutien de la filière, avec un accompagnement du Syndicat des Brasseurs régional mais aussi un partenariat sur la 3ème édition du festival BAL (Bière à Lille, en novembre dernier), ainsi que sur la plateforme dédiée à la visite des brasseries régionales mises en place par l’Échappée Bière (voir page suivante). «Il faut aller plus loin et que la collectivité soit un effet de levier. Nous réfléchissons à un outil vivant pour structurer la filière, probablement un lieu de vie et d’expérience autour du sujet», détaille Florence Bariseau, vice-présidente en charge du tourisme, région Hauts-de-France.
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Le point de vue de Vincent Bogaert, président du Syndicat des Brasseurs Hauts-de-France
«Un bon brasseur sait se remettre en cause»
Gérant de la brasserie Saint-Germain (qui produit la Page 24, 15 000 HL/an) avec deux associés, Vincent Bogaert est président du Syndicat régional depuis un peu plus d’un an, qui regroupe une trentaine de brasseurs. «Une majorité de brasseurs produisent moins de 300 HL/an, les seuls qui réalisent plus de 200 000 HL/an tirent la majorité du marché (Heineken avec 3,5 M HL/an, la Brasserie de Saint-Omer (plus de 2 M HL/an), la brasserie Goudale (plus d’1 M HL/an). On a clairement constaté une explosion du marché en 2017-2018 avec davantage de formation mais aussi une accessibilité plus simple au matériel. Beaucoup de personnes brassent par passion mais il faut tout de même une hygiène et un savoir-faire. Plus nous sommes nombreux à faire de la qualité, plus on en parle et plus cela tire la filière vers le haut. Toute une filière se met en place.» Vincent Bogaert fait lui aussi partie de ces brasseurs qui, rapidement, ont ouvert les portes de leur établissement – la Brasserie ouvre tous les 15 jours pour des apprentis brasseurs et accueille 2 500 visiteurs annuels – mais surtout, il mise sur l’innovation avec des produits éphémères. Plus récemment, Vincent Bogaert et ses associés ont racheté la distillerie Claeyssens à Wambrechies, en reprenant l’ensemble des 8 salariés. «Un bon brasseur sait se remettre en cause ; la bière est un produit facile à fabriquer mais il faut le faire dans la continuité et la qualité. Pour moi, il ne s’agit pas d’une question de taille. Au sein du Syndicat, nous réfléchissons activement au rôle à avoir dans la filière : comment relocaliser le houblon ? Qu’en est-il de la consigne ? Mais aussi comment former les jeunes ? Il y a 16 ans, on me disait que j’étais un ‘has been’ de travailler avec des houblonniers des Flandres et aujourd’hui, je suis clairement tendance ! Depuis longtemps, la bière est une porte d’entrée pour le tourisme. Avec le maroilles, c’est cela que les gens viennent chercher dans les Hauts-de-France !»