Les Français dépensent moins pour se nourrir... autrement

L’Insee s’est penché sur l’évolution de la consommation alimentaire des Français au cours des cinquante dernières années. La part du budget des ménages consacré à l’alimentaire diminue et les changements de mode de vie s’accompagnent de nouvelles habitudes de consommation.

(c) : Ewattch
(c) : Ewattch

La part du budget dans l’alimentaire, en baisse

Avec 232 milliards d’euros dépensés en 2014, les Français consacrent 20,4 % de leur budget à leur alimentation, (après un taux plus bas atteint en 2007 de 19,4 %), soit 3 600 euros annuels, en moyenne, par habitant. Un montant important mais à relativiser. En 1960, l’alimentaire constituait le principal poste de dépenses des ménages avec 34,6 % du revenu brut disponible. Et une évolution à mettre en perspective avec la hausse du niveau de vie de ces dernières décennies. Toutefois, le prix des denrées et le pouvoir d’achat influencent la composition du panier alimentaire. Pour certains aliments, comme les produits lactés ou la viande de boeuf et de mouton, une hausse des prix induit une baisse conséquente des ventes. Autre phénomène, la hausse du pouvoir d’achat incite le client à consommer des produits plus chers, au détriment du pain ou des pâtes alimentaires. À noter encore, l’an dernier, les Français ont dépensé 26 % de leur budget alimentaire à l’extérieur, soit 59 milliards d’euros.

Les plats transformés ont la cote

Le pays de la gastronomie, où le repas est érigé en art de vivre, n’échappe pas à la junk food. Les changements de mode de vie s’accompagnent d’une réduction de temps de préparation des repas à domicile (- 25 % en 30 ans). En conséquence, la consommation des plats préparés augmente de 4,4 % par an, en volume par habitant, depuis 1960. Ainsi, les légumes transformés, les sodas, pizzas ou encore les desserts lactés ont envahi nos réfrigérateurs au détriment des fruits et légumes augmentant drastiquement la consommation de matières grasses. Cette nouvelle manière de s’alimenter engendre des risques sanitaires dont l’image frappante est la hausse du taux d’obésité dans l’Hexagone.

Vers une meilleure qualité

Les pouvoirs publics conscients de l’enjeu sanitaire multiplient, depuis les années 80, les recommandations pour orienter les ménages vers une alimentation plus saine. Les campagnes de prévention se succèdent comme avec le programme «Mangez au moins cinq fruits et légumes par jour», lancé en 2007. Avec une efficacité toute relative : 93 % des Français ont pris connaissance du message, mais seulement 3 % déclarent avoir changé leurs habitudes alimentaires, d’après une étude de l’Inpes (Institut national de prévention et d’éducation pour la santé). Dans le même temps, la consommation de légumes est restée stable (+ 0,6 % par an) et celle de fruits s’est contractée de 2,3 %. En revanche, la consommation de viande diminue depuis 30 ans (les crises sanitaires en ont affecté la consommation) mais elle reste la principale dépense alimentaire des ménages. Enfin, il semblerait que les Français se soient lassés de la «piquette». S’ils boivent moins, ils boivent mieux. Les vins supérieurs représentent 23 % de la consommation d’alcool contre 8 % en 1960. De même, les vins de table sont passés de 47 % en 1960, à seulement 9 %.

alban.le.meur