Les élus des villes et régions demandent des fonds à l'Europe pour gérer la crise
Réunis à Bruxelles le 14 septembre en même temps que les 28 ministres de l’Intérieur lors d’un Conseil extraordinaire, les membres du Comité des régions, et notamment de la CIVEX (Commission de la citoyenneté, de la gouvernance et des affaires institutionnelles et extérieures), présidée par François Decoster, maire de Saint-Omer et conseiller régional, ont adopté un projet d’avis sur la politique migratoire de l’Europe. Ils demandent une reconnaissance accrue des villes et régions pour une gestion solidaire de la crise.
Alors que les contrôles aux frontières des pays européens se multiplient comme un effet domino, et bien que ces dispositions de régulation ou de fermetures temporaires soient envisagées dans le traité de Schengen, on ne peut que s’interroger sur les capacités de l’Europe à s’organiser face à la crise migratoire. D’autant qu’à l’heure où nous écrivons ces lignes, aucun accord n’a été trouvé entre les États membres sur la répartition des quotas en matière d’accueil des réfugiés. Face aux déclarations de Jean-Claude Juncker devant le Parlement européen, François Decoster dit accueillir favorablement les nouvelles mesures présentées par le président de la Commission européenne mais regrette qu’aucun soutien n’ait été exprimé à l’attention des collectivités locales et régionales. “La migration vers l’Europe continue d’évoluer de manière dramatique“, a déclaré le président de la CIVEX, rappelant que 500 000 réfugiés avaient gagné l’Europe depuis le début de l’année. “C’est une question immense qui est posée. Nous avons à faire face à une question de civilisation, a déclaré Anna Magia, membre de la CIVEX. Comment accueillir les migrants et garantir la cohésion sociale des territoires dans le même temps ?” interroge-t-elle. “C’est pourquoi je réitère mes demandes en tant que rapporteur du Comité des régions de l’Union européenne sur ce dossier,insiste François Decoster. Il est primordial que les collectivités locales soient dotées de davantage de moyens financiers et de capacités physiques et qu’elles soient impliquées et consultées dans la mise en œuvre des mesures proposées par l’Union européenne“, martelant que les territoires sont les relais et les maillons essentiels de la politique européenne au plus près des habitants.
Des fonds pour gérer l’urgence et le long terme. Le projet d’avis de la CIVEX insiste par ailleurs sur la nécessité d’assurer l’accès des collectivités locales et régionales aux fonds nationaux et européens, tels que le Fonds “asile et migration”, le Fonds social européen et le Fonds pour les frontières extérieures. Il avance aussi l’idée de mettre en place un système global de partage des données au sujet des migrations et des collectivités locales, s’appuyant sur le système d’information sur les visas (VIS). Invité par le Comité des régions, Francisco Gaztelu Mezquiriz, chef d’unité “Programmation, direction fonds migration et sécurité” à la Commission européenne, a rappelé que 5 milliards d’euros avaient été dépensés ces derniers mois par l’Union européenne dans la lutte contre la corruption, le relogement des réfugiés, pour la protection des personnes dans les pays tiers et le contrôle des frontières, ainsi que pour soutenir le développement économique dans des pays à l’origine de la migration. Il a cité les 5 millions d’euros récemment alloués à Calais pour la mise en place d’un centre d’accueil et pour favoriser le transport des demandeurs d’asile de Calais vers d’autres destinations en France. Cette aide vient s’ajouter aux 3,8 millions d’euros déjà donnés en 2014. “La solidarité est un principe essentiel,a-t-il déclaré. Je transmettrai au Président la nécessité de soutenir les autorités locales et régionales.” Aujourd’hui, ce ne sont plus les seuls points d’entrée et de transit qui sont concernés par la question migratoire, mais bien l’ensemble des communes, villes et régions de toute l’Europe. Le projet d’avis de François Decoster sera soumis au vote de l’ensemble du Comité des régions lors de sa session plénière de décembre.
Lucy DULUC