Les dérives sectaires : une réalité !

Dans son rapport paru fin juillet, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) met en avant qu’en 2020, 17 % des signalements effectués concernent l’univers économique et professionnel. Coaching, formation ou encore développement personnel sont pointés du doigt.

17 % des saisines de la Miviludes en 2020 concerne l’univers économique et professionnel.
17 % des saisines de la Miviludes en 2020 concerne l’univers économique et professionnel.

«Ce réseau ? C’est une secte !» Ce type de témoignage est bien souvent présent sur les réseaux sociaux mais également en aparté d’une conférence. Certains en sourient, d’autres l’ignorent mais l’interrogation (et l’inquiétude) est plus que légitime. «Depuis cinq ans les demandes concernant directement le domaine économique et professionnel ont beaucoup augmenté. Elles représentent 17 % des saisines en 2020», assure la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) dans son rapport paru en juillet. Cette structure a reçu plus de 3 000 saisines l’an passé soit plus de 40 % d’augmentation entre 2015 et 2020. «On observe la multiplication de méthodes qui s’intègrent dans des pratiques de management, d’éducation, voire de soins, alliant bien-être, mieux être, bonheur se présentant comme des outils de communication ou de développement personnel.»


Vulnérabilités exploitées

Des composantes et des sujets souvent abordés lors de réunions au sein de certains réseaux sont fortement ancrés dans la sphère entrepreneuriale. Certains modes de fonctionnement frôlant l’assujettissement progressif des membres peuvent facilement s’apparenter à des pratiques dignes d’un mouvement sectaire. Paradoxe de taille, elles apparaissent presque entrées dans les mœurs d’un certain pan de l’univers entrepreneurial. «C’est une vraie interrogation mais qui peut trouver un début de réponse dans cette recherche aujourd’hui quasi viral de sens ! On voit alors rapidement l’émergence de personnes intéressées par cette notion de sens. Ils y voient une façon de mettre en place un business à leur profit», analyse un chercheur lorrain spécialisé dans l’entrepreneuriat. Une donne accentuée durant la crise sanitaire où bon nombre de repères ont volé en éclat. Jouer sur la faiblesse d’autrui ne semble jamais avoir été aussi facile. «Tous les doutes, toutes les vulnérabilités sont exploitables. Et l’habilité des personnalités toxiques qui en tirent profit est de les repérer et de les amplifier tout en promettant d’y remédier», note le rapport de la Miviludes. L’univers entrepreneurial ne fait pas exception, loin de là !