Les Boutiques des artisans tissent leur toile
La première boutique du genre rouvre au centre commercial Carrefour de Beauvais ce 1er février, Nicolas Denouette, qui en est à l’origine, exporte son concept. Il en compte déjà neuf autres dans le nord de la France et en région parisienne. D’ici la fin de l’année, il mise sur 30 enseignes abritant 1 500 artisans.
Pourquoi avoir quitté le centre commercial Jeu de Paume où vous étiez installés depuis les débuts en octobre 2023 pour le centre commercial Carrefour ?
Nicolas Denouette : Nous
avons décidé de partir pour plusieurs raisons. La première est de
gagner en superficie. La nouvelle boutique fait 180 m² soit 30 de
plus qu’au Jeu de Paume. Les 60 exposants auront plus de
place. Le loyer est moins cher et nous allons gagner en visibilité.
Il y a des clients qui ne veulent pas se rendre dans le centre ville
car c’est compliqué de se garer. Pour eux, les deux heures de
stationnement gratuites dans le parking souterrain du centre
commercial Jeu de paume ce n’est pas assez.
Pourquoi avoir misé sur le centre commercial Carrefour ?
Je
suis en contact régulier avec leur responsable du secteur
immobilier. Nous avons des boutiques vont bientôt ouvrir dans des
galeries marchandes de leur enseigne dans d’autres villes. Sur
Beauvais, ils disposaient de cette cellule qui était libre. Bien
évidemment, nous avons demandé aux producteurs et artisans ce
qu’ils en pensaient. Au total, 58 sur 60 ont voté pour le
déplacement. Quant aux clients, à 95%, ils ont répondu
favorablement. Ceux qui n’étaient pas pour, habitent le centre
ville…
Etiez-vous satisfait de l’activité de la boutique ?
Économiquement, nous étions à l’équilibre mais les producteurs et artisans qui nous font confiance méritaient que l’on fasse mieux pour eux. Nous avons besoin de nous épauler sur une locomotive car des boutiques comme les nôtres fonctionnent uniquement si elles bénéficient de passage. Nous ne proposons pas de produits de première nécessité. Ce sont des achats coup de cœur. Or les clients ne se rendent pas au Jeu de paume par hasard.
Que vont retrouver les clients le 1er février ?
Les
exposants présents habitent environ 30 km autour de Beauvais. 10%
produisent des biscuits, de la bière, du cidre, du café… Les
autres sont spécialisés dans la savonnerie, les bijoux, la
mosaïque, les arts de la table, les bougies, les fleurs… Six sont
partis pour des raisons personnelles. Nous comptons des petits
nouveaux comme un peintre et une couturière.
Comment avez-vous eu l’idée de ce concept ?
Je
suis artisan à Crévecoeur-le-Grand, je produis des rhums arrangés.
Après la pandémie et lors des débuts de la guerre en Ukraine, nous
avons discuté avec d’autres exposants sur des marchés. Nous nous
sommes entendus sur le besoin de se fédérer, d’ouvrir une
boutique pour gagner en visibilité. C’est là que j’ai démarché
la direction du centre commercial Jeu de Paume qui a répondu
positivement. L’ambition était de permettre à des
producteurs/artisans de vivre de leur métier. C’est une vitrine et
un point de vente qu’ils ne pourraient pas se permettre d’ouvrir
pour des raisons financières. C’est un booster. Je suis heureux
quand je les vois s’entraider et parfois créer des articles
ensemble. Dans le contrat, il est stipulé qu’ils doivent tenir la
boutique une fois par mois. Donc, ils sont chaque jour deux à être
présents.
Cette première boutique a donné naissance à d’autres…
En
effet, pour le moment il y en a dix. Nous sommes implantés à Lille,
Faches-Thumesnil, Dury, Osny… Calais va ouvrir le 22 février, Caen
suivra le 8 mars… Très vite, je me suis dis qu’on pouvait
développer le concept qui était bon. Le plus gros du travail est de
trouver des producteurs/artisans. Comme nous commençons à avoir une
certaine réputation, des commerçants nous contactent directement en
nous disant en plus qu’ils connaissent un local disponible. Fin
juin, 20 boutiques devraient être ouvertes et 30 à la fin de
l’année, soit environ 1 500 artisans ! On va continuer de
s’étendre petit à petit. Les clients sont contents de découvrir
un concept qui n’existait pas. Je n’oublie pas que tout a
commencé ici. Un stickage dans le magasin le souligne : «D’un
rêve un peu fou à la naissance d’une enseigne, tout à commencé
ici à Beauvais».
Rien n’aurait été possible sans une bonne équipe avec vous…
C’est moi qui finance et agence les boutiques avec l’aide de sous-traitants. Je peux compter sur des sous-traitants de confiance. Je travaille avec Christophe Vidart qui dirige une entreprise tous corps d’Etat à Lihus. Il fabrique et installe les agencements. Je sous-traite la peinture à Adrien Jean, installé à Blargies. Sans eux, ce serait bien plus compliqué d’ouvrir de nouvelles Boutiques des artisans. Ils sont réactifs et se rendent sur place. Je suis content d’avoir de très bons partenaires. Depuis les débuts, je suis soutenu par ma banque et mon expert comptable. Au sein de la SARL LBDA, je m’appuie sur cinq collaborateurs qui gèrent l’administratif, le juridique, la communication.. pour le compte des producteurs/artisans. Ils n’ont à se soucier que du réapprovisionnement.