7e édition de l'université des entrepreneurs

Les acteurs économiques du Grand Lille mobilisés pour le climat

Rendez-vous incontournable du Medef Lille métropole, l'Université des entrepreneurs a bel et bien eu lieu cette année, par écrans interposés. Durant une matinée complète, différents acteurs économiques locaux ont eu l'occasion d'échanger sur les ponts à établir entre les mondes scientifique et économique afin de limiter le réchauffement de la planète et préserver l'environnement.

Les acteurs économiques du Grand Lille mobilisés pour le climat

Confinement ou pas, la 7e édition de l’Université des entrepreneurs, organisée par le Medef Lille Métropole, a bien eu lieu en version digitale début décembre. Cette matinée était centrée sur la thématique de la préservation de l’environnement. Un sujet d’actualité, au moment même où Emmanuel Macron remettait le sujet du référendum pour le climat sur la table.

«Il faut sauver la planète, mais l’immense majorité de la population ne veut pas de la décroissance, donc on veut aller vers une croissance, mais responsable», rappelle Geoffroy Roux de Bézieux, président national du Medef. Un an après le lancement du nouveau credo «Agissons ensemble pour une croissance responsable», le président du Medef Lille Métropole Yann Orpin, entouré de différents intervenants, a tenu à démontrer les initiatives locales allant dans ce sens.

L’enjeu, selon la climatologue Marie-Antoinette Mélières, est de maintenir le réchauffement de la planète à +2°C. «Il faut développer toutes les énergies pour ralentir le réchauffement de la planète. Les incendies en Australie sont des répercussions d’un réchauffement d’uniquement +1°C. Le pire est donc à venir, et la tendance n’est pas réversible», prévient-elle.

Un argument de compétitivité

Les conséquences de ce réchauffement sont éprouvées au quotidien et impactent indirectement le monde économique. Car dans les Hauts-de-France, 70% des entreprises sont météo-sensibles. La solution est donc de créer des ponts entre écologie et économie. Les efforts effectués peuvent même devenir des leviers de compétitivité. «Une bonne entreprise doit être une entreprise caméléon, qui sait s’adapter à son environnement. Car c’est aussi ce qui va attirer les talents. La démarche est vertueuse», confirme Yann Orpin. «Il faut dépasser la RSE, l’engagement des entreprises doit aller plus loin pour essayer d’anticiper les mutations des concurrents», ajoute Sylvain Breusard, dirigeant de Norsys et président de Greenpeace France.

Dans la région, beaucoup d’aides ont été déployées pour accompagner les entreprises dans leur transition. Grâce à Rev3, déjà 1,6 million de tonnes de CO2 ont été économisés depuis 2016. Le Réseau Alliances, qu’on ne présente plus, œuvre également à mener ses adhérents vers une activité plus responsable, tandis que le nouveau pôle d’excellence dédié à la lutte contre le dérèglement climatique «Euraclimat» devrait faire son arrivée dans la MEL en 2021. «Le Medef souhaiterait être le chef d’orchestre de toutes ces actions et amener les dirigeants vers l’accompagnement le plus approprié (…) On peut démarrer de zéro, rien qu’en triant ses déchets. Ce n’est pas une course de vitesse, mais un marathon qui débute seulement», encourage Yann Orpin.

Pour commencer, Joséphine Renauld, chargée de mission Ressources Climat du CERDD, conseille de «mettre l’accent sur la sobriété, identifier ses habitudes négatives pour les éviter… et s’il n’est pas possible de les éviter, trouver un moyen les compenser.» Pour compenser les activités de ses partenaires, Norsys plante par exemple des arbres. «C’est toute une organisation à revoir, mais chaque maillon de production peut être adapté.»

Le site transitions-économiques.org existe pour évaluer le bilan carbone de son activité et le diminuer par le suite. L’ADEME travaille d’ailleurs à une version locale de l’outil.

Encore beaucoup d’obstacles à franchir

Toutefois, ces bonnes intentions restent trop souvent freinées par des obstacles pratiques et financiers. Caroline Poissonnier, directrice générale de Baudelet Environnement, souligne par exemple que la filière de recyclage des déchets n’est pas encore assez développée, alors qu’elle pourrait, qui plus est, être pourvoyeuse d’emplois. Ces lacunes peuvent être expliquées par le coût à engager : être plus responsable et produire à bas carbone est onéreux et les entrepreneurs ont besoin de savoir que leurs investissements seront rentables à terme avant de se lancer.

«Pour cela, l’Etat doit continuer de régulariser l’économie, comme il l’a fait avec la taxe carbone. Mais il doit aussi éviter de changer ces régularisations tous les ans», avance Geoffroy Roux de Bézieux. Dernière piste de réflexion : la responsabilité des consommateurs. «C’est aux clients et aux producteurs d’agir ensemble pour que ça puisse marcher», appuie le président du Medef. Car les investissements rendent les produits plus chers dans un premier temps… jusqu’à ce que la demande augmente.