Législatives: majorité absolue, coalition, blocage institutionnel... Les scénarios du 7 juillet

Majorité absolue ou relative ? Coalition gouvernementale ou blocage institutionnel ? Qui à Matignon ? Le suspense plane sur les conséquences des élections législatives des 30 juin et 7 juillet, même si certains avancent...

Majorité absolue ou relative ? Coalition gouvernementale ou blocage institutionnel ? Qui à Matignon ? Le suspense plane sur les conséquences des élections législatives des 30 juin et 7 juillet © Ludovic MARIN
Majorité absolue ou relative ? Coalition gouvernementale ou blocage institutionnel ? Qui à Matignon ? Le suspense plane sur les conséquences des élections législatives des 30 juin et 7 juillet © Ludovic MARIN

Majorité absolue ou relative ? Coalition gouvernementale ou blocage institutionnel ? Qui à Matignon ? Le suspense plane sur les conséquences des élections législatives des 30 juin et 7 juillet, même si certains avancent déjà leurs pions sur les différents scénarios.

Majorité absolue

C'est l'hypothèse la plus claire d'un point de vue institutionnel: au soir du second tour, l'un des trois blocs - Rassemblement national, gauche ou camp présidentiel - obtient une majorité absolue avec au moins 289 sièges à l'Assemblée nationale.

Une période de cohabitation pourrait alors s'ouvrir. En cas de succès du RN, le parti à la flamme a déjà prévenu qu'il proposerait Jordan Bardella pour Matignon, sans demander la démission du président Emmanuel Macron.

Pour le camp présidentiel, Gabriel Attal paraît le mieux placé pour rester en poste, mais le chef de l'Etat n'a pas confirmé cette hypothèse, prônant l'élargissement du bloc central.

A gauche, l'équation est plus complexe. Le Nouveau Front populaire n'a pas arrêté ni le nom ni la méthode de désignation de son potentiel Premier ministre, un rôle attribué en 2022 à Jean-Luc Mélenchon, qui irrite aujourd'hui nombre de ses alliés.

Le patron du PS Olivier Faure a proposé mardi "un vote" des députés nouvellement élus, une option critiquée par les Insoumis, qui plaident pour une désignation par le groupe majoritaire au sein de cette alliance.

Emmanuel Macron, chargé constitutionnellement de nommer le futur Premier ministre, aura-t-il son mot à dire ? "Il est en théorie libre de choisir qui il veut. Mais l'expérience permet d'imaginer qu'il désignera le nom proposé par le parti majoritaire", explique la constitutionnaliste Anne Levade, professeure de droit public à Paris-1.

Majorité relative

Les calculs se compliquent sérieusement dans l'hypothèse où aucune force politique n'obtient de majorité absolue au Palais Bourbon.

D'autant que Jordan Bardella a laissé entendre mardi qu'il ne souhaitait pas prendre les rênes du gouvernement sans majorité absolue. "S'il y a une majorité relative, le Premier ministre ne peut pas agir", a pointé l'eurodéputé de 28 ans sur CNews et Europe 1.

Un gouvernement en situation de majorité relative est en effet menacé en permanence par une éventuelle motion de censure, ce qui risque de contraindre le suivant à nouer des accords pour gouverner. 

C'est l'objectif affiché par Emmanuel Macron lorsqu'il évoque une "fédération de projets", formule dégainée pour illustrer le changement de méthode de l'exécutif. 

Jusque-là plutôt fermé à l'hypothèse d'une coalition, il s'y ouvre désormais clairement, en laissant 67 circonscriptions sans investir de candidat au nom de "l'arc républicain". "Ce n'est pas qui m'aime me suive, c'est la volonté de bâtir des consensus, de tisser des compromis", a expliqué M. Macron. 

En cas de majorité relative du Nouveau Front populaire ou du Rassemblement national, la donne serait tout de même compliquée. "L'hypothèse d'un Premier ministre très marqué politiquement d'un côté ou de l'autre paraît la moins probable, car il peinerait à dégager une majorité claire à l'Assemblée", pointe Anne Levade.

"On peut tout imaginer", reconnaît-elle, même "l'option d'un Premier ministre technicien ou d'union nationale, si le président l'estime susceptible de créer un accord pour gouverner".

Blocage ou coalition ?

Avec trois blocs potentiellement irréconciliables, le risque d'un blocage institutionnel, sans aucun Premier ministre en mesure de dégager une majorité, est clairement sur la table. 

"Si le RN a une majorité relative, comment on gouverne ?" s'interroge un responsable du camp présidentiel. Pour un proche du président, cette hypothèse "obligera des gens à prendre leur responsabilité, à faire un accord de gouvernement".

De là à imaginer une grande coalition susceptible d'obtenir une majorité contre le RN ? Plusieurs sources de la majorité y croient, avec l'espoir de rallier la droite républicaine et une partie de la gauche. 

"Dealer avec LFI, ce n'est pas possible. Avec les socialistes, en revanche, oui", glisse l'un des cadres précités.

"Cela dépendra beaucoup des équilibres du Nouveau Front populaire" à l'Assemblée, reprend Anne Levade. "Chacun des acteurs aura la responsabilité de décider si le pays devient ingouvernable ou si un accord est possible".

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