L'économie se pare des couleurs de l’arc-en-ciel

Mélanger culture, biodiversité, marché mondial et industrie agroalimentaire… Bercy héberge une conférence à la recherche de nouveaux modèles économiques viables et porteurs de croissance.

De nouvelles voies et modèles économiques sont possibles… et viables.
De nouvelles voies et modèles économiques sont possibles… et viables.
De nouvelles voies et modèles économiques sont possibles… et viables.

De nouvelles voies et modèles économiques sont possibles… et viables.

Silver, verte, mauve quand les mécanismes familiers de l’économie se grippent, les appellations fleurissent qui tentent de dessiner des pistes de croissance alternatives, via des secteurs qui semblent émerger, ou alors, de nouvelles modalités dans la manière de concevoir et de pratiquer l’économie. Et il arrive que ces tendances s’entrecroisent, comme lors des premières Rencontres nationales «Culture Alimentation – Culturalia», qui se sont tenues le 26 juin, au ministère de l’Économie à Paris. une table ronde consacrée à la «transition écologique, alimentation et atouts culturels» a mis en exergue un paradoxe : à l’heure de l’uniformisation des productions sous l’influence de la fluidité des échanges, on constate également un intérêt de plus en plus marqué pour les spécificités locales des produits alimentaires. Pour le porte-parole de Diversum, association qui se fait l’apôtre de l’économie dite «mauve», laquelle prend en considération les enjeux culturels dans l’économie, on assiste aujourd’hui à une «culturisation de l’économie». un produit qui relève d’une production localisée, lié à une culture et à une tradition, sera valorisé, à l’inverse du produit standardisé, identique à travers la planète. Dans le domaine de l’alimentation, la tendance est forte. On note un «souffle incroyable de la patrimonialisation de la cuisine», souligne Claude Fischler, anthropologue de l’alimentation, directeur de recherche au CNRS. une tendance générale dont témoignent l’inscription de la gastronomie française au patrimoine culturel immatériel de l’unesco ou encore la constitution de bases de données qui répertorient des recettes locales à travers la planète. Par ailleurs, dans l’alimentation, la «culturisation» de l’économie semble rencontrer les préoccupations écologiques. Des passerelles apparaissent assez naturellement entre une gastronomie enracinée dans le terroir, la culture locale, et donc, l’économie mauve d’une part, et une économie verte, avec le bio, d’autre part.

Pandas en guimauve
Pour Guillaume Garot, ex-ministre délégué à l’Agroalimentaire, cette tendance est riche de potentiel. «La mondialisation peut être une chance formidable pour un pays comme le nôtre sur les questions alimentaires, pour peu que nous soyons en mesure de nous adapter», estime-t-il. Les producteurs français doivent être capables «d’intégrer la culture de l’autre», plaide Guillaume Garot, citant un industriel français qui a connu un grand succès commercial en transformant ses nounours à la guimauve en pandas, pour les adresser au marché chinois. Autre exemple, celui du foie gras travaillé avec un agrume pour plaire aux palais japonais. «Cela ne dénature en rien la valeur du produit. Il ne faut pas être dans le repli. L’économie mauve permet l’échange et le dialogue». Le risque, pour l’ex-ministre, réside plutôt dans le fait que ce type d’alimentation de qualité ne demeure réservé à une élite. À ce titre, institutions et pouvoirs politiques se doivent d’appuyer les initiatives nées dans la société, notamment en matière de circuits courts. Exemple : «faire en sorte qu’il y ait des abattoirs de proximité, qui permettent de travailler sur des petits volumes. Cela assure une garantie sanitaire pour ces produits qui créent de l’activité et maintiennent de l’emploi à l’échelon local», illustre Guillaume Garot. Pour autant, l’ex ministre se refuse à opposer circuit court et export agroalimentaire au nom de la qualité. Il s’agit d’une «opposition assez stérile», juge-t-il, à laquelle il faut préférer un accompagnement de l’industrie agroalimentaire, pour élever ses standards de qualité. Et là, le travail ne manque pas, à en suivre Alexis Krycève, cofondateur de Pur projet. La société, accompagne les entreprises dans la prise en compte de la biodiversité dans leurs pratiques. «Nous sommes partis du constat selon lequel les agriculteurs sont les premiers à avoir une interaction avec les écosystèmes. Or, on constate un problème de déforestation. Peut-on proposer aux agriculteurs de devenir acteurs de la protection de l’environnement ?», expose Alexis Krycève. Sur cette base, Pur Projet monte des partenariats avec les coopératives agricoles pour planter des arbres, les préserver, à l’avantage de tous. L’environnement s’améliore, le producteur augmente ses rendements, et les entreprises clientes y trouvent également des avantages. D’après Alexis Krycève, «les entreprises sont assez à l’écoute, car elles sont conscientes que le modèle des 30 dernières années ne peut pas continuer».