L'écolonomie pour de nouvelles croissances

C'est l'histoire d'une PMI régionale qui bouscule les habitudes économiques. Pocheco, productrice d'enveloppes «vertes» à Forest-sur-Marque, fait parler d'elle à travers le thème très tendance du développement durable. Pub ou conviction profonde ? Réponse à la lecture du livre de son dirigeant, Emmanuel Druon.

 Entreprendre et produire autrement : c’est l’objet du livre d’Emmanuel Druon. Ambitieux, révolutionnaire (au sens “circulatoire”), cet ouvrage pratique de 200 pages entend remettre à l’endroit les méthodes de production de biens et de services. Avec audace, ce dirigeant métropolitain se place sous les auspices de Charles de Gaulle avec une citation liminaire : «Quoi qu’il arrive, la flamme de la Résistance ne s’éteindra pas»… Se considère-t-il dans les mêmes conditions que l’auteur de l’appel du 18 juin ? Son constat n’est pas surprenant et suit celui des différents ministres de l’Environnement comme Corinne Lepage (ministre sous Jacques Chirac) qui, comme d’autres, montre le même chemin : «La transition est le lieu de rencontre du souhaitable et du possible. Nous devons transformer notre mode de vie, nos habitudes de consommer et de produire, l’organisation de nos entreprises, l’éducation et la formation, notre gouvernance politique, l’activité de nos territoires, la fiscalité, etc.» Une révolution qui ne se cantonne pas à la création de richesses.

 

Citoyenneté dans l’entreprise. «Chez Pocheco, nous avons décidé de micro-agir. (…) Chaque investissement doit répondre à trois critères : impact sur notre environnement, réduction de la pénibilité, et gain de productivité», énumère Emmanuel Druon. Pour ce faire, le dirigeant pose des principes : rester citoyen quand on entre dans l’entreprise (sans devenir militant), se former de manière récurrente (30% du temps de travail des salariés est consacré à la formation). Et ça marche ! Quand l’usine est touchée par un incendie en novembre 2011, la réaction des salariés et des habitants de la communes est exemplaire : «Nous n’avons pas livré un seul client en retard.» En quelques jours, l’usine redémarre et les travaux de rénovation du site reprennent rapidement. Question d’implication et de posture à l’égard des partenaires de l’entreprise. Dans le modèle économique de Pocheco, les paradoxes sont légion : l’enveloppe ne vaut presque rien par rapport aux investissements nécessaires à la production d’un volume minimal. L’entreprise sort un milliard d’enveloppes par an et s’appuie sur un investissement d’une vingtaine de millions d’euros (amortissable en une quinzaine d’années). La question de la pertinence se pose : le papier est au cœur de la réussite de son process, il doit supporter de nombreuses manipulations avant d’arriver dans la boîte aux lettres des clients finaux, le bois pèse pour 50% dans le coût de l’enveloppe. Le fournisseur scandinave de l’entreprise plante trois arbres pour un arbre abattu. Logique : il est aussi exploitant forestier ! «Chaque année, Pocheco participe de la replantation de 180 000 arbres.» Si Pocheco a lancé une enveloppe pas totalement blanche, c’est parce que la pâte de bois initiale résulte de sciures. Résultat, des quantités astronomiques d’eau économisées. La couleur «vanille» de l’enveloppe plaît au consommateur…

 

Posture «écolonomique». Autres sources de croissance, les déchets sont largement réutilisés chez Pocheco : traitement des mélanges et des encres (à base d’eau et avec moins de 2% de matières organiques), enveloppes à fenêtre en papier cristal (et non en plastique, plus difficile à recycler), traitement des eaux par phytoremédiation (basée sur la chimie des plantes qui s’en servent comme nutriments)… A la clé, des économies et surtout l’habitude de l’«écolonomie». Mieux, Emmanuel Druon indique que les droits d’auteur issus des ventes iront intégralement à l’association “Pocheco canopée reforestation” pour le reboisement de la région, l’une des moins boisées de France. CQFD…

 

 

Photo :

Ecolonomie. Entreprendre et produire autrement. Edition Pearson. Août 2012.

 Page 4 du dossier de presse.