Le visage de la France qui entreprend
Avec 2 % de plus qu'en 2013, le nombre d'entre- prises créées augmente pour atteindre 550 700 en 2014, selon l'Insee. Un signal positif en ce début d'année où les bonnes nouvelles sont rares et l'occasion de dresser le portrait de ces nouveaux chefs d'entreprise.
Difficile d’entreprendre dans le contexte économique actuel difficile disent les sceptiques. Pourtant, 550 700 nouvelles entreprises ont vu le jour en France l’an dernier, soit 2 % de plus qu’en 2013, rapporte l’Insee. Une donnée encourageante qui nécessite un examen approfondi pour connaître les secteurs, statuts et entrepreneurs se cachant derrière ce dynamisme. Les créations d’entreprises fluctuent autour de 550 000 depuis 2011, constate l’Insee, après le pic engendré par le lancement du régime de l’auto-entrepreneur en 2009, requalifié micro-entrepreneur en décembre 2014. Les créations de ces micro-entreprises ont rebondi de 3 % (283 400), après un net repli en 2013, à hauteur de 11 %. Elles représentent encore la moitié des créations totales. Néanmoins, en 2014, ce sont les sociétés qui ont brillé avec 165 700 inscriptions et un accroissement de 4 %. Les données dévoilées par l’Insee révèlent une réalité contrastée puisque, globalement, la plupart des jeunes entités n’emploient pas de salarié à la création. En effet, en 2014, seuls 5 % des nouvelles entreprises créent des emplois à leur démarrage (2,7 salariés en moyenne), ce chiffre monte à 10 % si l’on exclut les auto-entrepreneurs.
Quels secteurs, pour quels entrepreneurs ?
Plus en détail, les créations d’entreprises augmentent dans une majorité de secteurs, mais elles s’accélèrent dans le transport et l’entreposage (+ 35 %, après + 12 % en 2013) où 47 % des nouvelles entreprises se consacrent au transport de voyageurs par taxis (+ 85 % après + 37 % en 2013). Cet essor s’explique par le développement des sociétés de voitures de transports avec chauffeur (les célèbres VTC), depuis l’entrée en vigueur, en octobre 2014, de la loi Thévenoud, relative aux taxis et aux voitures de transport avec chauffeur. Parallèlement, d’autres secteurs sont victimes de baisses, mais moindres que l’an passé : – 3% pour la construction (après – 6 % en 2013), – 2 % pour les autres services aux ménages (après – 8 %) et – 1 % pour le secteur de l’information et la communication (après – 4 %). Ceux tirant le mieux leur épingle du jeu sont les activités financières et d’assurance (+ 8 %), le secteur «enseignement, santé humaine et action sociale» (+ 6 %) et l’industrie (+ 5 %), précise l’Insee. L’industrie poursuit son processus de féminisation puisque les femmes y réalisent 48 % des créations en 2014, après 47 % en 2013 et 30 % en 2004. À noter, dans l’enseignement, la santé humaine et l’action sociale ainsi que «d’autres services aux ménages», les femmes sont majoritaires. La part globale des créatrices se stabilise à 38 %, contre 33 %, il y a dix ans. L’Insee se penche aussi sur l’âge de l’entrepreneur. En 2014, comme en 2013, l’âge moyen des créateurs d’entreprises individuelles est de 38 ans. Les moins de 30 ans et les 60 ans ou plus sont davantage représentés parmi les nouveaux auto-entrepreneurs que chez les créateurs d’autres entreprises individuelles. Mais quel que soit leur âge, ces entrepreneurs s’appuient sur de nouvelles solutions de financement, comme le crowdfunding ou le microcrédit. Ainsi, le Bureau international du travail, la Caisse des dépôts et la Direction générale de la cohésion sociale affirment que le microcrédit permet aux nouvelles entreprises de se consolider et d’employer rapidement. Ces organismes ont présenté leurs réflexions à Bercy le 3 février, en s’appuyant sur les résultats d’une enquête menée en 2013-2014 auprès de 4 000 créateurs ou repreneurs d’entreprise ayant bénéficié d’un accompagnement ou financement d’un des cinq réseaux dédiés (boutiques de gestion, Initiative France, ADIE, France Active et Réseau entreprendre). Cette étude révèle que 89 % d’entrepreneurs ex-chômeurs qui ont créé ou repris leur entreprise en 2010 avec un microcrédit sont encore actifs trois ans plus tard. Le microcrédit pourrait ainsi être l’outil manquant pour transformer la hausse des créations d’entreprises en arme de lutte contre le chômage.