Le RN fait chou blanc sur sa journée à l'Assemblée et renvoie aux "prochaines élections"

Expulsions de délinquants étrangers, réforme des retraites... Le RN a poussé des marqueurs politiques jeudi dans sa journée réservée à l'Assemblée, l'occasion d'attaquer ses adversaires à gauche et à droite voire de piquer le gouvernement...

La cheffe de file du RN Marine Le Pen (g) assiste aux côtés des députés de son groupe Jean-Philippe Tanguy (d) et Sébastien Chenu (bas) à la présentation d'une proposition de loi du RN, à l'Assemblée nationale à Paris, le 31 octobre 2024 © STEPHANE DE SAKUTIN
La cheffe de file du RN Marine Le Pen (g) assiste aux côtés des députés de son groupe Jean-Philippe Tanguy (d) et Sébastien Chenu (bas) à la présentation d'une proposition de loi du RN, à l'Assemblée nationale à Paris, le 31 octobre 2024 © STEPHANE DE SAKUTIN

Expulsions de délinquants étrangers, réforme des retraites... Le RN a poussé des marqueurs politiques jeudi dans sa journée réservée à l'Assemblée, l'occasion d'attaquer ses adversaires à gauche et à droite voire de piquer le gouvernement, sans pour autant engranger de succès législatif.

Si le groupe présidé par Marine Le Pen a sensiblement progressé en nombre (125 députés), ceux-ci n'ont pas réussi à décrocher de victoire parlementaire, malgré le soutien du groupe Droite républicaine (ex-LR) à certaines mesures alignées avec les siennes sur le régalien.

"Rendez-vous aux prochaines élections", ont répété plusieurs élus du groupe d'extrême droite, qui avait démarré sa "niche" par une proposition d'abrogation de la réforme des retraites, vidée de sa substance en commission. 

Le RN a vu ses amendements de rétablissement repoussés par la présidente de l'Assemblée au titre de leur coût pour les finances publiques, mais a tout de même longuement défendu son texte amputé.

Le rapporteur Thomas Ménagé a attaqué une réforme "injuste, inutile", et fustigé "le sectarisme de la gauche", qui n'a pas souhaité soutenir son texte en commission, autant que "l'entêtement" des macronistes qui leur ont fait la "courte échelle" pour le torpiller.

Engagé dans un bras de fer avec le RN pour apparaître comme le meilleur combattant de la réforme, le NFP défendra son texte dans la "niche LFI" du 28 novembre. "Nous discuterons d'une vraie réforme d'abrogation (...) que vous n'avez jamais combattue", a promis Anaïs Belouassa-Cherifi (LFI).

Accusant la gauche de "trahir (ses) électeurs", Marine Le Pen a assuré que son groupe voterait au contraire le texte LFI.

Débat houleux sur les expulsions

Dans la foulée, une proposition de loi RN sur les expulsions d'étrangers délinquants a été repoussée, dans une ambiance électrique. 

"Non, l'immigration n'est pas une chance", a lancé le député RN Lionel Tivoli, avant de pointer les dangers selon lui d'une "immigration massive" en France.

"Est-ce que je ne suis pas une chance pour la France en étant ici devant vous?", a rétorqué Ayda Hadizadeh, députée PS fille d'exilés iraniens. Et Ludovic Mendes, député macroniste d'origine portugaise, d'enchaîner: "l'immigration n'a pas à être une chance ou une mauvaise chance pour la France: c'est l'histoire de la France".

"L'immigration désordonnée, massive, irrationnelle, hors de contrôle, est un problème et évidemment vous le savez", a ensuite déclaré Marine Le Pen, sur fond d'anathèmes entre gauche et RN.

Le texte d'Edwige Diaz, retiré après que son article-clé a été supprimé, entendait notamment systématiser les expulsions d'étrangers pour certains crimes ou délits "puni d'une peine d'au moins trois ans d'emprisonnement", et supprimer un certain nombre de régimes de protection contre les expulsions.

Ministre entre deux feux

Nicolas Daragon, ministre délégué chargé de la Sécurité du quotidien, a donné en partie "raison" au RN sur son constat: "l'étranger qui assassine dehors, l'étranger qui viole dehors (...); l'étranger voleur, harceleur, agresseur trois fois dehors", a-t-il poursuivi, filant une anaphore applaudie par le RN, mais qui a crispé dans la coalition gouvernementale macronistes-LR.

"Nous nous sommes posé la question de savoir si c'était le socle commun qui parlait ou si vous représentiez une autre couleur politique", a lancé Ludovic Mendes.

Le ministre s'est toutefois opposé sur le fond, jugeant le texte inopérant, contre-productif pour les préfets, et contraire à la Constitution.

Marine Le Pen, elle, a pointé sur X le rôle du "numéro 2 du ministre de l'Intérieur (Bruno) Retailleau", favorable aux amendements de suppressions adoptés avec les voix de la gauche, et des groupes Ensemble pour la République (Renaissance), MoDem et Liot (centristes indépendants).

En début de soirée le RN a aussi retiré son texte pour supprimer le critère de diagnostic de performance énergétique pour la location d'un logement, vidé de son objet par une coalition allant de la gauche aux macronistes.

A minuit, les débats se sont interrompus au milieu de l'examen d'un texte de Pascale Bordes, visant à instaurer une nouvelle version des peines planchers instaurées sous Nicolas Sarkozy et abrogées sous François Hollande. Un manière de "redonner un sens à la peine", selon son auteur.

Le Garde des Sceaux Didier Migaud a critiqué un texte inconstitutionnel, soutenant qu'il s'appliquerait en l'état "aux mineurs non récidivistes". 

Le ministre a aussi défendu une "justice pénale" qui "a gagné en efficacité", en une quinzaine d'années, et argué que les peines planchers n'ont "pas eu d'impact sur la réduction du risque de récidive".

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