Le retour de la sinistralité, mais à quel rythme ?
Le monde des Bisounours, c’est terminé ! Si, encore aujourd’hui le nombre de défaillances d’entreprises se trouve toujours à un niveau relativement bas, cela ne devrait pas durer. D’après la dernière enquête de la Banque de France sur le sujet parue le 11 mai dernier, 30 915 défaillances d’entreprises ont été recensées entre mai 2021 et avril 2022.
Ce chiffre est nettement inférieur au 50 000 que l’indicateur tutoyait au début de 2020, même si depuis février le nombre de défaillances d’entreprises remontent légèrement. Les chiffres sont une chose mais depuis plusieurs mois, les différents acteurs de la sphère entrepreneuriale savent pertinemment qu’ils sont tout simplement artificiels. Restait juste de se l’avouer réellement. La semaine dernière, à l’occasion d’une rencontre avec l’Association des journalistes des petites et moyennes entreprises (AJPME), François Asselin, le président de la CPME assure s’attendre à une remontée des défaillances d’entreprises dans les prochains mois. «Ce qu’on ne mesure pas, c’est la vitesse à laquelle la courbe des défaillances repartira à la hausse.» En avril dernier, Yves Lesage, le président du tribunal de commerce de Nancy estimait dans nos colonnes que cette montée, inévitable et presque normale des défaillances, «ne se traduira sûrement pas par un pic fulgurant mais elle devrait s’étaler sur plusieurs années.» L’occasion de rappeler (de nouveau) la cruciale nécessité de la prévention des difficultés des entreprises et de l’existence de chambres de prévention (notamment à Nancy) au sein des tribunaux de commerce. Le sujet a, de nouveau, été mis en avant à l’occasion d’une réunion organisée vendredi dernier par l’Ordre des experts-comptables de la région Grand Est au musée des Beaux-Arts de Nancy. «Le raz-de-marée annoncé par certains n’a pas eu lieu et il ne devrait pas avoir lieu, mais ce seuil bas des défaillances ne durera pas éternellement», explique Bruno Deletré, le président du comité des banques Grand Est de la Fédération bancaire française. Le retour des défaillances d’entreprises est loin d’être une fatalité, c’est presque une normalité surtout quand on voit les différents facteurs conjoncturels actuels. Avec la fin des aides de l’État, la hausse à deux chiffres des différents postes budgétaires des entreprises (comme des ménages), il serait plus qu’anormal que les défaillances d’entreprises demeurent à un niveau bas. Une dure réalité, non pas à accepter mais à anticiper...