Le réseau Etincelle veut densifier son action

Mettre en présence des entrepreneurs et des jeunes sortis du circuit scolaire, c’est la mission que s’assigne depuis 2010 le réseau Etincelle dans notre région, sur Paris et en Belgique. Le but est double : resocialiser les 16-30 ans et leur faire prendre conscience de leurs possibilités, entrepreneuriales notamment. Mais aussi ouvrir à l’entrepreneur ce bassin d’emploi et ce vivier d’ingénierie insoupçonnée qu’il néglige souvent par conformisme.

Le président d’Etincelle et la responsable nationale de la fondation Entreprendre ont signé l’accord scellant leur collaboration future en région parisienne.
Le président d’Etincelle et la responsable nationale de la fondation Entreprendre ont signé l’accord scellant leur collaboration future en région parisienne.

 

Le président d’Etincelle et la responsable nationale de la fondation Entreprendre ont signé l’accord scellant leur collaboration future en région parisienne.

Le président d’Etincelle et la responsable nationale de la fondation Entreprendre ont signé l’accord scellant leur collaboration future en région parisienne.

Voilà quelques semaines à peine, sur le parc d’activité du Moulin à Ennevelin (Lille- Pévèle), le réseau Etincelle a été l’objet du “Coup de coeur” de la fondation Entreprendre pour son action en Ile-de-France. De fait, cette association nationale présidée par Sylvain Beuzard, ex-président du CJD national, prépare un nouveau déploiement autour de Sarcelles et Villiersle- Bel, s’appuyant ainsi sur une stratégie bien pensée.

Start It Up !”. On est en effet dans la droite ligne d’actions menées, dans les banlieues parisiennes notamment, par des intervenants américains via l’ambassade des Etats-Unis. Elles visent très régulièrement à rencontrer des jeunes laissés pour compte, les évaluer et leur proposer en direct un vrai projet entrepreneurial. Cette détection de talents en gestation a décontenancé nombre d’entrepreneurs et politiques français, bien conscients qu’ils s’y prenaient décidément mal sur leur propre sol. Or, il se trouve que voilà 25 ans, Steve Mariotti, un Américain du Bronx, quartier particulièrement sensible de l’agglomération new-yorkaise, créait NFTE et souhaitait l’exporter en Europe. Network For Teaching Enterprenership résumait très explicitement son but et sa méthode, “Start It Up !”, c’est-àdire “Allons-y” (sous-entendu : sans perdre de temps en paroles superflues). Il aura tout de même fallu plusieurs années pour que ce concept et cette dynamique made in USA connaissent un début de concrétisation puisque le réseau Etincelle, qui est le relais de NFTE, ne s’est ancré en Belgique puis dans le Nord- Pas-de-Calais et en Alsace que depuis peu.

Des chiffres encourageants. Si aux Etats-Unis et ailleurs, NFTE a formé en 25 ans 350 000 jeunes dans 12 pays, dans notre petite bulle nord-européenne élargie à la région parisienne et l’Alsace, les premiers chiffres sont plus modestes mais encourageants puisqu’obtenus en très peu de temps. Ils émanent pour l’essentiel de la Belgique mais on dispose progressivement de premières données sur notre région. Au 1er juillet 2012, 17 sessions de formation et sensibilisation ont été organisées par le réseau Etincelle, soit 160 stagiaires, 133 Etincelles certifiées (voir ci-après) et 85% des jeunes de 16 à 25 ans qui se sont engagés dans ces formations-sensibilisations sont allés jusqu’au bout des 60 heures. Il s’agit de jeunes déconnectés des réseaux scolaires et pour certains désocialisés avec, pour une minorité, des problèmes comportementaux parfois handicapants ; 89 % n’ont pas le bac, 46% pas le BEPC. Mais à l’arrivée, que d’espoirs qu’on peut juger fondés. Ainsi, Lucie, qui est une jeune fille de Faches-Thumesnil et qui, après avoir suivi la toute première session en Nord-Pasde- Calais, a créé son entreprise, aujourd’hui bien connue, heureuxbebe.fr. Depuis 2002, six mois après avoir démarré une session, deux tiers des Etincelles étaient en insertion socioprofessionnelle, 40% avaient un travail, 20% une formation ou avaient repris des études, 6% avaient créé comme Lucie leur entreprise. La confiance en soi avait progressé de 40%, la connaissance du monde de l’entreprise de 80%, l’esprit d’équipe de 40% et le nombre d’Etincelles certifiées de 85%.

Provoquer une étincelle… Olivier Vigneron, délégué général du réseau Etincelle, mène ce déploiement au sein d’un triangle : jeunes-entrepreneurspartenaires sociaux. C’est lui qui met en présence les acteurs, coordonne les sessions, recrute des formateurs, contacte l’entrepreneur et veille à l’augmentation régulière des moyens de tous ordres. Pour lui, le mot “étincelle” résume à merveille l’esprit initié par Steve Mariotti : “L’étincelle, elle jaillit et déclenche le feu ou quelque chose d’autre. Ici, c’est la prise de conscience du jeune qui s’aperçoit qu’il a plein de capacités contrairement à ce qu’il pensait et à ce que son entourage disait de lui. A partir de là, de cet instant magique, nous l’orientons vers un projet très concret, bien à lui, qu’il va présenter à un jury de professionnels de l’entreprise qui le validera. Dès lors, il aura agi comme s’il était chef d’entreprise et il pourra donner suite à son idée.” Pour cela des sessions de sensibilisation et de formation ont lieu régulièrement, suite à des rencontres avec des partenaires de différentes origines. Il s’agit d’abord des structures d’insertion qui permettent que le réseau Etincelle rencontre des jeunes et en sélectionnent une dizaine par session de 60 heures sur quatre à cinq semaines : les PLIE, les missions locales, les centres sociaux, Information jeunesse, E2C Grand-Lille, “Savoir pour réussir”, etc. Auxquels on ajoutera la Région. A ce stade, il s’agit d’expliquer au jeune qu’il va se reprendre, travailler à un projet entrepreneurial, découvrir le monde de l’entreprise dont il va s’approprier les codes. Bref, acquérir l’esprit d’initiative professionnelle grâce à la découverte de ses capacités et la qualité de son entourage. Ce dernier est constitué d’un second réseau de partenaires, des banques, des agences d’intérim, des collectivités. Puis d’un troisième, le noyau dur des fondateurs du réseau Etincelle, Linklaters, le CJD, Norsys groupe à Ennevelin, NFTE Belgium, Activ RH et la banque De Groof. Des entrepreneurs engagés. Pour Olivier Vigneron, si le financement global est assuré à 80% par des partenaires privés (le public, dont la Région, prenant le reste à leur charge), c’est pour envoyer un signal fort à l’entrepreneur. “On reste effectivement dans l’esprit made in USA de Mariotti, à savoir que tout cela tourne autour d’un engagement sociétal du chef d’entreprise. C’est donc le mécénat qui est de règle, avec ses avantages fiscaux bien sûr, mais Etincelle n’est pas là pour fournir de la main-d’oeuvre. On se tourne d’abord vers le jeune pour qu’il s’en sorte, mais ensuite c’est vers l’entreprise qu’on l’oriente, pour luimême, même si après un premier stage chez un partenaire, il peut décrocher un premier contrat au lieu de lancer sa société, mais l’un n’empêche pas l’autre. Cet engagement est de trois ans pour l’entrepreneur qui va accepter de sensibiliser son entreprise, son encadrement, ses salariés et parfois ses clients. Le mot de réseau prend alors tout son sens. Il lui faudra aussi parrainer une promotion, organiser une session annuelle chez lui avec certification du projet du jeune, témoigner de son activité et coacher deux ou trois Etincelles.”

“Passer à la vitesse supérieure”. Le réseau Etincelle qui est déclaré d’intérêt général, ce qui est fiscalement appréciable pour le mécène, assure aussi les formations des formateurs. Il en manque car les projets sont à l’ordre du jour. “Il nous faut passer à la vitesse supérieure, explique Olivier Vigneron. Plus de formateurs, des retraités exchefs d’entreprise en général, des salariés d’entreprise aussi, mais surtout des pros compétents, expérimentés et concrets. Ils travaillent en binôme. Nous allons mener en 2012-2013 plus de 20 sessions, nous allons inciter l’entrepreneur à mettre plus de moyens. En ce moment nous travaillons beaucoup avec Valenciennes Métropole, nous terminons tout juste une session avec Artois.com et le PLIE de Béthune à La Française de mécanique à Douvrin… Bref, ça commence à bien se mettre en route. Indirectement, nous aidons aussi nos partenaires à renforcer leur boîte à outils, et l’entrepreneur à sortir de ses idées toutes faites sur ces jeunes et à plonger dans d’autres réalités.
Il faut dire aussi que la barre est placée assez haut pour 2012- 2014. Après 2010-2012 qui a été une période test dans le Nord-Pas-de-Calais, 2012 sera expérimentale en Alsace, puis jusqu’en 2014, Nord-Pas-de- Calais et Alsace seront en consolidation, l’Ile-de-France, en expérimental. Enfin, des objectifs chiffrés de jeunes Etincelles sont à atteindre : 500 pour la France dont 200 sur notre région.

Contact – 03 28 76 56 05 ou 06 62 48 85 40.