Le recyclage et l’insertion, moteurs de l’entreprise

«Elles sont toutes uniques comme le sont les roues d’un vélo», précise Hubert Motte en nous montrant les différents modèles dans son atelier tourquennois, au cœur de l’entreprise adaptée Alter Eos. Pour homme, femme et même enfant, les ceintures de ce jeune entrepreneur passent entre les mains expertes de Christophe et Jean-Marie, les deux salariés d’Alter Eos, formés par Hubert Motte. Récupérés auprès d’ateliers de vélos ou de Decathlon, les pneus sont lavés en machine, découpés puis façonnés sur mesure, selon les mensurations du client. C’est en janvier 2017 qu’Hubert Motte fabrique sa première ceinture. Diplômé de l’ICAM – «mais je ne suis pas très scolaire», précise-t-il dans un sourire –, il travaille chez Decathlon dans la conception de produits et décolle ensuite pour Bogotá, en Colombie, pour son mémoire de fin d’études. «J ’y ai fait de l’animation dans un bidonville. Un de mes projets ? Entreprendre différemment et porter mon quotidien vers plus de sens.» Si beaucoup en rêvent, Hubert Motte passe le cap : «En Colombie, j’ai été frappé par l’état des déchets qui s’entassaient. J’ai eu envie de réinsérer des personnes autour du recyclage.»

 

Des récompenses en cascade

 

Revenu en France et fraîchement diplômé, il décide de se lancer en créant son entreprise, La Vie est Belt, sous l’impulsion du concours de la Fabrique Aviva qui récompense de jeunes entrepreneurs. «Le concours m’a donné des dates et des échéances. J’ai pris confiance pour créer. Je suis passé devant un magasin de vélo, j’ai pris un pneu et je me suis lancé dans la fabrication d’une ceinture. Moi-même, j’use de nombreux pneus car je pédale beaucoup !» Aussi simple que cela puisse paraître, il crée rapidement une première ceinture, puis deux, puis trois… Jusqu’à une centaine aujourd’hui, notamment pour faire face à l’ouverture du site Internet depuis le 2 octobre. Lauréat du prix de la Fabrique Aviva, de Bravo les jeunes par la Région Hauts-de-France et de Créa’Sup, il finance ses machines, prend un stagiaire et lance la production de façon intensive. Aujourd’hui, les ceintures de La Vie est Belt sont vendues dans une quinzaine de boutiques, notamment chez Gentlemen’s Factory à Lille – enseigne avec laquelle il proposera une collection capsule pour Noël – , à la Ferme du Sens à Villeneuve-d’Ascq ou à l’atelier participatif Les Mains dans le guidon à Lille.

 

Une durée de vie… increvable

 

Chacun y trouve finalement son compte : les fabricants ne doivent plus payer pour incinérer les pneus ; ils font le bonheur d’Hubert et participent aussi à la réinsertion de personnes en situation de handicap puisque Hubert a choisi d’embaucher deux personnes de chez Alter Eos pour confectionner ses ceintures. Ce «délire de fin d’études», comme il aime l’appeler, est désormais un emploi à temps plein, qui fait vivre trois autres personnes. Depuis juin, Hubert Motte a réalisé 115 ventes lors de ventes éphémères en boutiques. «Améliorer le monde et gagner ma vie, c’est ce que j’espère faire ! Se lancer après les études est un excellent apprentissage. Où que l’entreprise me mène, j’aurai appris beaucoup.» S’il avoue avoir démarré avec «seulement un peu d’économies» – «ce sont les bienfaits du recyclage ! Il n’y a pas de matière première à acheter !» –, Hubert Motte a déjà d’autres projets, notamment des bracelets de montre ou des produits confectionnés avec des chambres à air.

 

Phrase à mettre entre guillemets en gros dans le texte

«Se lancer après les études est un excellent apprentissage»