Tendances

Le prêt de main-d’œuvre en mode démocratisation

Faire face aux aléas de l’activité de l’entreprise ou encore pallier les difficultés de recrutement, la pratique du prêt de main-d’œuvre s’affiche beaucoup plus comme une simple alternative. Dans l’agglomération nancéienne, l’ATP (Association d’entreprise et de territoire) Rives de Meurthe et la Maison de l’Emploi du Grand Nancy ont lancé début novembre une plateforme de mise en relation. Nom de code : Héracle. Un dispositif déjà expérimenté notamment chez les voisins alsaciens.

 Le prêt de main d’oeuvre entend se démocratiser. Dans l’agglomération nancéienne, l’ATP Rives de Meurthe et la Maison de l’emploi du Grand Nancy viennent de lancer la plateforme Heracle.
Le prêt de main d’oeuvre entend se démocratiser. Dans l’agglomération nancéienne, l’ATP Rives de Meurthe et la Maison de l’emploi du Grand Nancy viennent de lancer la plateforme Heracle.

Nom de code : Héracle. Signes particuliers : plateforme mise en œuvre par l’ATP (Association d’entreprise et de territoire) Rives des Meurthe dans l’agglomération nancéienne et la Maison de l’Emploi du Grand Nancy. Objectif : mettre en relation les entreprises pour développer la pratique de prêt de main-d’œuvre. 

«L’idée est née pendant la crise de la Covid-19. À cette époque, plusieurs entreprises étaient en baisse d’activité, voire totalement à l’arrêt. À l’inverse, d’autres avaient besoin de main-d’œuvre pour faire face à un pic d’activité. Le prêt de main-d’œuvre s’est affiché comme une solution», explique Thierry Decker, le président de l’ATP Rives de Meurthe. Depuis le 7 novembre, cette plateforme est officiellement active (https://heracle.fr/). 

«C’est un dispositif gagnant-gagnant. Basé sur le volontariat, le prêt de main-d’œuvre permet à une entreprise de mettre à disposition, pendant une durée déterminée, un ou plusieurs salariés auprès d’une entreprise partenaire. C’est l’opportunité de pallier les difficultés de recrutement, d’éviter le chômage partiel en cas de baisse d’activité ou encore de faire appel à des compétences spécifiques temporairement», continue Thierry Decker. 

Le prêt de main-d’œuvre ne doit pas avoir de caractère lucratif, l’employeur ne doit en retirer aucun profit. L’employeur qui met son salarié à disposition d’une autre entreprise ne lui facture que : les salaires versés au salarié, les charges sociales afférentes au salaire et les frais professionnels remboursés au salarié dans le cadre de sa mise à disposition.


Convention de mise à disposition

Si l’employeur retire un intérêt financier dans la mise à disposition de son salarié auprès d’une entreprise utilisatrice, il s’agit alors d’une opération de prêt de main-d’œuvre prohibée par la loi. Le fait de procéder à une opération de prêt de main-d’œuvre à but lucratif est puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 € d’amende. Histoire de cadrer juridiquement la chose, la mise en place de la plateforme Héracle a été développée avec l’Ordre des experts-comptables. 

«Le partenariat avec l’Ordre des experts-comptables a permis d’établir le cadre légal et juridique», explique Mélanie Collin, chargée de projet à la Maison de l’Emploi du Grand Nancy et animatrice de la plateforme Héracle. «Il suffit d’élaborer une convention de mise à disposition entre l’entreprise prêteuse et l’entreprise emprunteuse ainsi qu’un avenant au contrat de travail du salarié pour mettre en place le prêt de salarié.» 

Le contrat de travail du salarié qui est mis à disposition d’une entreprise utilisatrice n’est ni suspendu, ni rompu, pendant la durée de la mission. Il reste employé par l’entreprise prêteuse et continue donc de bénéficier de l’ensemble des dispositions conventionnelles qu’elle applique. À l’issue de la mise à disposition, le salarié retrouve son poste de travail. En se connectant sur la plateforme, les entreprises ont la possibilité de «prêter» des salariés ou d’en «emprunter». Un genre de bourse d’échange aujourd’hui active pour les entreprises du territoire de l’ATP des Rives de Meurthe. 

«L’idée finale est de travailler à l’échelle du Grand Nancy tout en ayant conscience des spécificités des bassins de travail de la Meurthe-et-Moselle Sud», continue Mélanie Collin. D’autres ATP de l’agglomération nancéienne pourrait rejoindre le dispositif. Un dispositif qui ne demande qu’à s’étendre.

Deeptech : Mercato lancé

Du prêt de main-d’œuvre entre grands groupes et les start-up du secteur de la Deeptech (projets fortement technologiques d’innovation de rupture). Mi-décembre Bpifrance et France Industrie ont lancé une plateforme dans ce sens. Nom de code : Mercato. «L’objectif est de permettre aux équipes fondatrices des start-up deeptech, très largement scientifiques, de bénéficier de compétences complémentaires apportées notamment en industrialisation et business développement pour des durées variables de quelques jours à quelques mois pour un maximum de deux», explique Bpifrance. Les start-up peuvent publier leurs besoins en compétences sur la page Mercato de la plateforme lesdeeptech.fr. Elles sont ensuite consultées par les services RH des grands groupes qui proposent les missions à leurs salariés éligibles.