Le pari du fret transmanche en toute sûreté ?

Groupe Eurotunnel a inauguré ses nouveaux investissements sur son terminal ferroviaire dédié au trafic de marchandises le 20 octobre dernier. A deux pas de l'entrée du tunnel, Jacques Gounon a exposé les ambitions de l'entreprise franco-britannique sans occulter pour autant la problématique migratoire.

« Pour lutter contre les intrusion de migrants t leur installation permanente, la zone entourant le site d'Euortunnel a été totalement rasée de sa végétation ».
« Pour lutter contre les intrusion de migrants t leur installation permanente, la zone entourant le site d'Euortunnel a été totalement rasée de sa végétation ».
CAPresse 2015

Jacques Gounon, PDG de Groupe Eurotunnel, le 20 octobre dernier.

Clients, élus du territoire, salariés… : ils étaient tous là pour l’inauguration du terminal fret d’Eurotunnel, de son extension plus exactement. En ligne de mire : l’extension du trafic fret sur le Détroit. Alors que la Société d’exploitation des ports du Détroit inaugurait la même semaine son terminal fret non accompagné, le gestionnaire du lien fixe accueillait quelques jours plus tôt près de 200 personnes pour montrer la transformation d’un site qui accueille habituellement 1,5 million de camions (jusqu’à 10 000 camions/jour via ses navettes) et 2,5 millions de véhicules légers, sans compter les Eurostar qui relient Paris et Bruxelles à Londres. Soit «20 millions d’euros pris sur nos propres ressources», a déclaré Jacques Gounon, PDG du groupe, quant aux investissements réalisés pour le nouveau terminal : triplement de la surface de parking des camions (500 places au total), doublement des voies d’accès, contrôles hyper rapides des camions «où l’on ne compte quasiment plus aucun migrant». On se souvient combien l’été fut marqué par les intrusions nocturnes qui se sont soldées par la mort de 13 migrants et par plusieurs arrêts complets de trafic… Avec ses investissements côté France, Eurotunnel compte dépasser, d’ici 2020, la barre des 2 millions de camions par an. Logiquement, le groupe lance dans quelques semaines des travaux d’extension de son terminal côté anglais, «malgré le manque de place dû à la géographie».

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Le trafic des navettes voit transiter 1,5 million de camions par an. L'objectif du groupe est de dépasser les 2 millions d'ici cinq ans.

La problématique migratoire toujours présente. Le même jour, Violetta Bulk, commissaire européenne chargée du transport, était reçue sur le site du tunnel afin de juger concrètement des difficultés que rencontre l’opérateur ferroviaire (et l’Etat français) quant à la sûreté des infrastructures. A quelques semaines du trentième anniversaire du traité de Canterbury qui a lancé le chantier du tunnel, le groupe rappelle qu’il est un outil au service de l’Europe (espace Schengen et non-Schengen). Avec 4 000 emplois directs et autant d’indirects, il a des arguments pour plaider sa cause. L’Europe a d’ailleurs déjà commencé à abonder financièrement pour accroître les dispositifs anti-intrusion avec le gouvernement britannique ; 40 km de clôtures ont achévé d’être posés à la fin du mois d’octobre. Mais le problème n’est que repoussé car les intrusions se font plus en amont de la gare de Frethun alors que la surveillance des agents SNCF ne couvre pas la nuit… «J’ai demandé à Guillaume Pépy (PDG de la SNCF) de nous aider sur ce point», a déclaré Jacques Gounon. La majeure partie du site d’Eurotunnel a été totalement rasée ces dernières semaines, rendant lunaire un paysage autrefois plus vivant à l’approche de Cité Europe. En effet, «ni les salariés, ni les habitants,  ni les pouvoirs publics n’avaient envie d’une jungle bis à même le site et aux abords de Cité Europe, plaide le dirigeant. Il y avait une présence permanente.» 

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Les derniers travaux de pose des clôtures sur le site du tunnel ont été achevés fin octobre.

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Pour lutter contre les intrusions de migrants et leur installation permanente, la zone entourant le site d'Eurotunnel a été totalement rasée de sa végétation.