Le pari ambitieux de Studio YS Interactive

Luc Verdier dans son local à la Serre numérique. Il tient à se montrer discret sur le projet lui-même, en accord avec son éditeur. En revanche, il aime bien raconter son aventure et le pari de son entreprise.
Luc Verdier dans son local à la Serre numérique. Il tient à se montrer discret sur le projet lui-même, en accord avec son éditeur. En revanche, il aime bien raconter son aventure et le pari de son entreprise.
D.R.

Luc Verdier dans son local à la Serre numérique. Il tient à se montrer discret sur le projet lui-même, en accord avec son éditeur. En revanche, il aime bien raconter son aventure et le pari de son entreprise.

En 2015, dès la création, Luc Verdier a commencé à réunir les financements et à recruter son équipe. Son pari ? Mener à bien l’adaptation en jeu vidéo d’une BD en coproduction avec un éditeur parisien…
Luc Verdier, 45 ans, a lui aussi participé au dernier concours Créative Start Up de la CCI Grand-Hainaut et il a pu installer son entreprise YS interactive, créée en mai 2015, à la Serre numérique d’Anzin/Valenciennes. Il s’agit d’un studio de création de jeux vidéo interactifs. De quel genre ? “On veut faire des jeux d’aventures, avec de vraies histoires, dont les joueurs peuvent modifier le cours”, répond-il. Et c’est pour cela que les mots “interactif ” et “narratif ” sont importants pour lui. Il prend l’exemple de Walking Dead, une BD adaptée en série télévisée puis en jeu. “Pour moi, c’est vraiment le renouveau du genre et un élément déclencheur de mon projet. Quand je dis ‘vraie histoire’, je veux dire qu’il y a un récit, de l’émotion, une morale, de l’humain, une intelligence et une qualité artistique. Et le joueur peut s’installer dedans.” Il en est persuadé, ces jeux vidéo, “avec leur interactivité, leur maturité et leur technique”,sont à l’échelle planétaire en pleineascension, à la différence du cinéma…
Des expériences variées. Raconter des histoires, Luc Verdier aime bien. A commencer par la sienne. Originaire de Bordeaux, il habite en Belgique : son épouse est belge. Son parcours, tant dans les études que dans la vie professionnelle, a été varié : un goût pour le théâtre et la musique, un bac S, des prépas, une première orientation vers les professions juridiques, une expérience forte dans l’humanitaire durant sa vie étudiante, et surtout cette passion pour les jeux qui le tenaille depuis l’enfance. “J’ai toujours aimé les jeux de table, de rôles, de sociétés… J’ai aussi un goût pour l’organisation et le travail en équipe”, commente- t-il. D’abord juriste, Luc Verdier a finalement réussi à concilier le management et le jeu en entrant chez un éditeur de jeux vidéo à Paris. Plusieurs entreprises travaillant à l’international vont l’amener à baigner dans cet univers-là pendant une quinzaine d’années. Avant de créer YS interactive, il était consultant indépendant, franco-belge, dans les domaines de la production et de la création.
Un sacré montage financier et humain. Seul au départ, Luc Verdier s’emploie, depuis le printemps 2015, à mettre en chantier son pari : convaincre un éditeur de BD et ses auteurs de transformer une oeuvre en un jeu vidéo (la BD choisie est un célèbre polar…) ; trouver des investisseurs motivés (en mettant en plus de sa poche) ; présenter un dossier à Pictanovo (dont il a obtenu 50 000 euros) ; recruter, au fur et à mesure de l’avancement du projet, une équipe de graphistes et programmeurs. Cet été, ils étaient 6, mais il lui faudra à terme 25 à 30 personnes.
Grosse ambition. Mi-août, son projet en était au stade à la maquette. “Elle représente déjà un an de travail, depuis septembre 2015. Une fois l’accord de l’éditeur obtenu, il faudra encore dix-huit mois environ pour atteindre notre but : la réalisation et la réussite de cette adaptation.” Il reconnaît que c’est un sacré risque, humain et financier. YS interactive mise son avenir sur ce projet qui la mobilise entièrement. Confiant, Luc Verdier en parle un peu comme s’il était le héros d’une aventure très interactive, mais bien réelle celle-là. Il dit apprécier la logique de coproduction : “Ça nous permet de discuter d’égal à égal.” Il se montre très ambitieux : “La concurrence est rude, mais il y a une place à prendre à l’échelon mondial…”

Bernard KRIEGER