Le pari ambitieux d'Adinov

Le laboratoire de recherche spécialisé dans la chimie ambitionne de créer un pôle d'innovation à Roubaix dans des locaux voués à la démolition. Mais pour cela, Adinov doit trouver un investisseur et vite. Faute de quoi, le bâtiment en question sera détruit début 2017. La course contre la montre est lancée.

Frédéric Potentcier rêve de monter un pôle d'innovation technologique et scientifique dans le bâtiment R+4 (en arrière plan).
Frédéric Potentcier rêve de monter un pôle d'innovation technologique et scientifique dans le bâtiment R+4 (en arrière plan).
D.R.

Frédéric Potencier rêve de monter un pôle d'innovation technologique et scientifique dans le bâtiment R+4 rue d'Alger à Roubaix (en arrière-plan).

Frédéric Potencier, cofondateur d’Adinov et docteur en chimie, a une idée en tête et compte tout faire pour la défendre jusqu’au bout. Installé au 230 rue d’Alger à Roubaix depuis 2001, Adinov est le dernier survivant de la zone, puisque toutes les entreprises voisines ont plié bagage en l’espace de quinze ans, à l’image de Rubans Gallant. L’équipe scientifique d’Adinov travaille aujourd’hui dans un bâtiment de 1 700 m² : “Nous occupons toute la surface de nos locaux, on en met même sur le palier“, explique l’intéressé. D’où l’intérêt grandissant d’Adinov pour le bâtiment voisin, baptisé R+4 pour ses quatre étages. Ce n’est pas seulement la volonté de la société roubaisienne d’investir les lieux, mais celle de toute une association : Aneïst, dont Adinov est membre. Ce groupement d’une quinzaine d’entreprises innovantes scientifiques et technologiques nationales – créé officiellement en 2015 –, qui collaborent autour de projets d’innovation, y voient une opportunité séduisante. Avec une surface totale de 7 500 m², des plafonds de 4m50 de haut et une capacité de 2 tonnes au mètre carré (contre 250 kg/m² pour des bâtiments classiques), Adinov et ses partenaires rêvent de cet endroit pour leur activité : “Dans la chimie, nous avons besoin d’avoir de la hauteur, ce bâtiment a du sens. D’autant plus que nous avons une histoire avec R+4, puisque nous y étions initialement installé à notre arrivée.

Barrières au projet. Mais les collectivités – Ville de Roubaix et MEL – ne semblent pas aller dans le même sens et ont fait savoir qu’il fallait 700 000 € pour la rénovation ainsi qu’un investisseur sérieux. En juin 2015, les pouvoirs publics ont décidé officiellement d’abattre le bâtiment début 2017. De son côté, Frédéric Potencier ne veut pas y croire et continue sa chasse aux investisseurs. “Le projet de pôle innovation prend tout son sens avec R+4. Comment avancer, analyser et créer sans bureaux ni espaces d’atelier ? Cet immeuble nous permettrait de créer un véritable pôle d’innovation“, insiste le docteur en chimie. Le but ? Regrouper des sociétés de haute technologies – susceptibles ou agréées crédit impôt recherche –, dirigées par des docteurs, et avec des services de R&D permettant de créer un écosystème et favoriser l’innovation. Autour du R+4, 2,3 hectares sont libres : “Il y a des perspectives d’installation autour très intéressantes. Les entreprises désireuses de se développer sur la zone pourraient grandir et recruter, il y a énormément de place“, ajoute ce dernier.

À la recherche d’investisseurs. Depuis mai, Frédéric Potencier a lancé un appel aux investisseurs et assure que le projet est sur la bonne voie. Tout type d’investisseurs (immobiliers, grands groupes…) est ciblé. “Nous y croyons plus que jamais. La R&D, c’est pilier. Si on laisse faire ailleurs ce qu’on peut faire ici, l’avenir ne se jouera pas dans notre pays“, conclut le scientifique. L’ambition d’Adinov est d’aller encore plus loin et d'”extrapoler ce pôle à d’autres régions de France“. L’avenir du projet se jouera d’ici les prochains mois…

ENCADRE

Qui est Adinov ?

Installé à Roubaix depuis 2001, Adinov est un laboratoire de recherche, développement et innovation spécialisé dans le génie moléculaire et agréé CIR (crédit d’impôt recherche) depuis 2005 par le ministère de la Recherche. Fondée par trois chercheurs en chimie, cette société privée travaille pour des petites entreprises régionales comme pour des grands groupes nationaux. Elle réalise également de la veille technologique et des recherches de documentation scientifique ou technique. Des milliers d’analyses sont fournies chaque année, notamment des analyses sur mesure. Adinov compte aujourd’hui dix collaborateurs mais n’écarte pas l’hypothèse de recruter à partir de l’automne.