Le numérique plébiscité pour une reconversion professionnelle
Quatre mille deux cents : c’est le nombre de talents régionaux qui seraient à recruter dans le domaine de l’intelligence artificielle dans les deux ans à venir. Autant dire que le secteur recrute, mais surtout qu'il a besoin de personnes qualifiées. Depuis 2017, l’entité lilloise de la Wild Code School a déjà formé plus de 80 personnes.
Ici, on laisse ses chaussures au vestiaire. «On est vraiment plus à l’aise comme ça», affirme Olivier Trentesaux, directeur régional Nord de la Wild Code School. Et c’est dans une ambiance très studieuse que la trentaine d’élèves formés en cinq mois – 30 élèves par session, à raison de deux sessions chaque année – planchent sur les sujets que leur ont confié leurs formateurs ou des entreprises partenaires. «Ici, on fonctionne en pédagogie inversée. Les élèves ont des exercices à réaliser sur lesquels ils n’ont reçu aucune formation. Ils suivront le cours la semaine d’après. Ils ont donc les mains dans le cambouis, c’est bien plus efficace.» Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 90% des «Wilders» ont trouvé un emploi dans les six mois et neuf personnes sur dix sont restées dans les Hauts-de-France. Fondée par la Biélorusse Anna Stepanoff, la Wild Code School – treize campus en France, six en Europe et six prévus pour 2020 – donne la chance à tous, non sans une sélection assez poussée. «Nous accueillons essentiellement des personnes en reconversion professionnelle ou des décrocheurs scolaires pour qui le système classique ne convient pas. Tout simplement, ce sont des personnes qui pensaient que le numérique leur était fermé mais qui ont la passion du Web, la motivation et la persévérance.»
Trois cursus pour pallier la pénurie de talents
La Wild Code School propose trois cursus de formation : développeur(se) Web et Web mobile en Javascript React, développeur(se) Web et web mobile en PHP Symfony et data analyst, la dernière-née des formations. A l’issue de ces formations de 700 heures réparties sur cinq mois, un stage de quatre mois en entreprise et la possibilité de se présenter aux titres d’Etat «développeur Web et Web mobile» ou «data analyst», équivalent à un bac + 2. Olivier Trentesaux se félicite aussi de la montée en puissance des profils féminins : alors qu’elles n’étaient que 22% il y a deux ans, elles représentent aujourd’hui plus d’une étudiante sur trois. Et le directeur vise les 50% d’ici en 2020 ; il a offert trois places à des femmes pour la session qui démarre à la rentrée et prévoit d’en offrir deux autres. Dix places ont d’ailleurs été financées dans le cadre de la Grande Ecole du numérique pour septembre 2019 pour les femmes demandeuses d’emploi de niveau bac ou infra bac. Mais pour devenir un(e) Wilder, il faut surtout faire preuve de motivation. Après une mini formation en ligne, plusieurs exercices sont à réaliser pour créer le site Web d’un cirque de renommée mondiale, le Wild Circus. «Même si on n’a jamais codé de sa vie, on peut le faire. Les explications sont mises en ligne et tout est fait pour que chacun aille jusqu’au bout», assure Olivier Trentesaux. S’ensuivent la correction par le formateur et un entretien technique et de motivation. A l’image des nouvelles méthodes de management, à la Wild Code School, on prône l’échange et la convivialité. Des “Wild Breakfast” et des “Wild Apéro” sont organisés pour que d’anciens élèves puissent parler de leur formation mais aussi de leur employabilité. «Nous travaillons avec Ineat Group, IBM, Decathlon, des agences Web, des start-up…», précise le directeur. Cinq porteurs de projet ont confié leur projet à des étudiants pour un test grandeur nature. Des Wilders sont à l’origine, par exemple, d’un logiciel de calcul de mobilité des collaborateurs pour le laboratoire de recherche et développement de Pocheco, à Forest-sur-Marque.
Six nouvelles ouvertures en 2020
Depuis la création de la Wild Code School, près de 1 500 personnes ont déjà été formées, dont 85 à Lille. Chaque ouverture a lieu dans un écosystème numérique porteur : Londres, Berlin, Madrid, Bucarest, Lisbonne et Bruxelles sont les prochaines villes sur la liste, pour des ouvertures prévues en 2020. «D’ici fin 2020, on aura besoin de 900 000 professionnels du numérique. Beaucoup d’entreprises aiment les profils en reconversion car ils se mettent en danger et prennent davantage de risques.» A Lille, la Wild Code School commence déjà à être à l’étroit sur son plateau de 240 m2…