Le nouvel avenir du commerce de proximité

Permettre aux entreprises d’agrandir leurs locaux en externalisant leurs stocks, c’est le défi que s’est lancé Oxipio, une jeune entreprise basée à Wazemmes. Philippe Malraux, son fondateur, apporte une solution au manque de place des boutiques de proximité.

L’entreprise Oxipio assure l’ensemble du stockage des commerçants et les cargocycles parcourent  les ruelles de Lille pour livrer les marchandises en un temps record.
L’entreprise Oxipio assure l’ensemble du stockage des commerçants et les cargocycles parcourent les ruelles de Lille pour livrer les marchandises en un temps record.
D.R.

L’entreprise Oxipio assure l’ensemble du stockage des commerçants et les cargocycles parcourent les ruelles de Lille pour livrer les marchandises en un temps record.

Ce concept n’est pas banal.  Oxipio demeure la seule société en France prenant à la fois en charge le stockage des produits avec 800 m3 de surface disponible et la livraison en un temps record. A sa tête, Philippe Malraux, à peine 30 ans, la fibre entrepreneuriale dans l’âme. Ceci relève d’une histoire de famille. Avec en poche un master 1 en administration économie et sociale (option finance) et un master 2 management des projets industriels et innovation option intelligence économique prospective, il a effectué un stage aux Verreries de Manières une année entière. Cette expérience l’a amené à intervenir sur la régularisation des flux de production. Et si le commerce de proximité n’était pas le secteur qu’il convoitait à ses débuts, il a su transposer ses idées ingénieuses et ses compétences au sein d’un milieu qui ne demande qu’à muter et évoluer.

35% de surface gagnée. Le fondateur est parti d’un constat simple : la surface exploitable d’un commerce est relativement réduite. Pour cause, 35% de celle-ci est en moyenne consacrée au stock, une étape nécessaire pour répondre à la demande d’une clientèle exigeante. Mais face au prix du mètre carré qui ne cesse d’augmenter d’un côté et un stockage inévitable de l’autre, un dilemme s’impose. «Il devient impossible pour les commerçants de louer des locaux plus étendus. C’est pourquoi ils trouvent en notre service un réel intérêt, surtout que le temps passé au traitement du stockage représente 30% du temps de travail en boutique», souligne Philippe Malraux, qui a ainsi entrepris de dématérialiser les réserves.

Etre partenaire plus que sous-traitant. C’est une véritable bouffée d’air, un gain de place et un gain de temps pour la centaine de commerçants qui a opté pour l’ensemble des services ou une partie de cette solution novatrice. «Oxipio devient un partenaire plus qu’un sous-traitant», assure le jeune entrepreneur. Et de poursuivre : « Nous avons une dizaine de boutiques qui font appel à la totalité du flux, à savoir le stockage, la livraison soit en magasin soit chez le client directement, ainsi que  la gestion et le suivi des marchandises sur la plate-forme.» Le système se régit comme un service à la carte. Sa force puise aussi dans le transport hors du commun des marchandises : «Nous disposons de cinq cargocycles. Ces tricycles à assistance électrique sont équipés de grandes remorques. Ils permettent d’acheminer les produits commandés en quelques minutes dans tous les coins de Lille, en évitant les bouchons, tout en étant écologiques.» Aider les commerces de proximité est donc bien l’enjeu de cette société. Une route, toute tracée, qui porte ses fruits puisque l’entreprise en plein essor se lance dans la conquête de nouveaux marchés et compte s’implanter d’ici la fin de l’année dans plusieurs métropoles françaises. Pour «devenir un jour, peut-être, le leader national et européen dans la gestion des stocks», espère discrètement le fondateur. Pour l’instant, forte de six salariés, Oxipio affiche un chiffre d’affaires de 150 000 euros et entrevoit une belle progression pour 2013.

Les réseaux, un vrai coup de pouce. Il aura fallu deux ans au créateur pour évaluer son business plan. «Puis, en 2008, mes associés et moi-même avons bénéficié de la première levée de fonds et nous avons pu ouvrir des locaux. En 2009, l’entreprise émergente a eu son premier client, Le Petit Zouk, une sorte de client test. En 2011, Oxipio a obtenu une validation par le cabinet Deloitte. Et depuis la clôture de la levée de fonds en 2012, la société continue son développement à grands pas», explique le jeune entrepreneur. Mais cette aventure n’aurait pas débuté sans l’aide du réseau Entreprendre Nord. «Avant la présentation du dossier, deux choix étaient possibles. J’ai opté pour la recherche du premier client, ce qui aurait pu me permettre d’être lauréat. Mais la crise de 2009 a entraîné une modification de leur investissement qui s’est orienté vers le développement d’une entreprise plutôt qu’un nouveau lancement. Cependant, ce contact m’a quand même permis d’évoluer», précise-t-il. Oxipio a également participé au Forum des PME innovantes organisé par le PICOM (le Pôle de compétitivité industries du commerce). Cette initiative a d’ailleurs poussé le jeune entrepreneur à répondre à un autre appel à projets. «Intégrer des réseaux reste le meilleur moyen de nouer des partenariats et de se lancer», insiste-t-il.