Le nouveau député LFI Bérenger Cernon, du RER D à l'Assemblée nationale

Il conduira son dernier train lundi et prendra ensuite pleinement ses fonctions à l'Assemblée. Le nouveau député LFI Bérenger Cernon, jusqu'alors aux manettes du RER D, a déjà planifié son...

Le nouveau député LFI Bérenger Cernon, le 12 juillet 2024 à Paris © JOEL SAGET
Le nouveau député LFI Bérenger Cernon, le 12 juillet 2024 à Paris © JOEL SAGET

Il conduira son dernier train lundi et prendra ensuite pleinement ses fonctions à l'Assemblée. Le nouveau député LFI Bérenger Cernon, jusqu'alors aux manettes du RER D, a déjà planifié son premier combat: "sauver le fret SNCF".

"Lundi, on aura un député qui conduit un train", rigole le nouvel élu de 36 ans, en jean, veste et nombreuses boucles d'oreilles. Le "congé de disponibilité" qu'il a demandé à la SNCF pour exercer son mandat, nécessite "quinze jours pour être effectif", ce qui l'oblige à "une dernière journée de service", explique-t-il à l'AFP. 

Ce responsable syndical à la CGT-cheminots a réussi l'exploit dimanche de ravir à Nicolas Dupont-Aignan son siège de la 8e circonscription de l'Essonne, que le fondateur de Debout la France occupait depuis vingt-sept ans.

Celui qui multiplie les interviews depuis son élection et fait déjà l'objet de plusieurs reportages, se définit comme "un salarié lambda" qui veut "montrer qu'il n'y a pas besoin d'être un politique pour pouvoir faire de la politique".

Bérenger Cernon s'est fait connaître par ses combats contre la réforme des retraites et "contre la casse de la SNCF". Mais "systématiquement, on s'est heurté aux politiques, on s'est heurté aux lois, aux décrets", explique-t-il pour justifier son choix d'aller en découdre lui-même dans l'hémicycle.

"Quand j'ai entendu certains politiques parler des gens en disant qu'ils peuvent bosser jusqu'à 67 ans avec un exosquelette, je me suis dit +c'est pas possible+, il faut que ces gens-là sortent dehors, retournent sur le terrain" et "laissent la place à des gens qui savent ce que c'est que la pénibilité". 

Son premier combat sera pour "sauver le fret SNCF", comme le lui ont demandé "beaucoup de collègues de travail". "D'ici la fin de l'année, il y a plus de fret SNCF. Ils m'ont dit +il faut sauver cet outil-là et sauver l'entreprise+", raconte ce natif de l'Yonne. 

garder son style

Critiqué pour avoir demandé lors de son entrée à l'Assemblée lundi "la renationalisation de la SNCF", alors que l'Etat détient 100% des actions de l'entreprise, le député précise: "Quand je parle de renationalisation, c'est repasser sur un EPIC (établissement public à caractère industriel ou commercial), sur un monopole public, sur une entreprise unique intégrée et pas un truc découpé en 50 morceaux où plus personne ne se parle".

La menace d'une arrivée de l'extrême droite au pouvoir a également motivé ce père d'un garçon de six ans à s'engager davantage en politique, où son expérience se limitait jusqu'alors à un siège de conseiller municipal d'opposition à Yerres (Essonne) depuis près d'un an.

A l'Assemblée, où il veut "garder (son) style qui, on va pas se mentir, est différent de certains", il espère que le Nouveau Front populaire, s'il est désigné pour former le gouvernement, pourra faire appliquer son programme. 

"Si c'est pour arriver aux responsabilités et faire tout le contraire, comme malheureusement trop de politiques l'ont fait ces dernières années, ça sert à rien", assène-t-il.

Déplorant que LFI soit "l'épouvantail qui sert à justifier qu'ils ne veulent pas du nouveau Front populaire au pouvoir", il espère que "tous les gens qui ont voté NFP vont mettre aussi la pression dans la rue".

Même s'il juge "sain" que parfois "la colère de la rue" déborde à l'Assemblée, il promet: "Je ne suis pas là pour faire le spectacle, je suis là pour faire mon travail et il sera fait avec sérieux et application".

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