Le Nord et la Flandre-Occidentale s'imaginent un avenir commun

Jean-René Lecerf, président du Conseil départemental depuis avril 2015.
Jean-René Lecerf, président du Conseil départemental depuis avril 2015.

 

À l’occasion de l’assemblée transfrontalière qui s’est tenue le 29 avril dernier, le département du Nord et la province belge de Flandre-Occidentale ont évoqué les enjeux et les solutions communes afin de favoriser l’accès à l’emploi. Rencontre avec Jean-René Lecerf, président du Conseil départemental.

 

D.R.

Jean-René Lecerf est président du Conseil départemental depuis avril 2015.

La Gazette. Comment jugez-vous les liens qu’entretiennent le Nord et la Flandre voisine ?
Jean-René Lecerf.
Cela fait 27 ans que nous travaillons en coopération avec la Flandre-Occidentale, ce qui a donné lieu à une multitude de projets communs, notamment dans la culture. Nos territoires partagent la même histoire et des traditions communes. Nous échangeons depuis plusieurs mois sur les opportunités nombreuses qui se présentent en matière d’emploi. La Flandre-Occidentale connaît un taux de chômage à hauteur de 4% contre 13% dans le Nord. Ce sont les résultats d’une politique d’emploi compétente. Même si la législation sociale s’avère plus protectrice en Belgique, la Flandre est trois fois plus efficace que nous.

Quel est l’objectif de ce rapprochement ?
S’appuyer sur la qualité de nos relations pour faire bénéficier nos allocataires du RSA des potentialités d’emploi de la province voisine. Le territoire de la Flandre-Occidentale manque de main-d’œuvre dans les secteurs liés à l’industrie et les services notamment. Les Belges sont autant demandeurs de professions manuelles qu’intellectuelles. Notre territoire a connu de graves difficultés dans le secteur industriel et nos allocataires du RSA ont des compétences manuelles qui manquent en Belgique. C’est un partenariat gagnant-gagnant : ils nous offrent le travail, nous leur offrons les bras !

Quelles solutions seront mises en places pour favoriser l’accès à l’emploi ?
La formation au néerlandais est une solution clé. Si les travailleurs maîtrisent les éléments essentiels du langage, cela facilitera l’intégration et l’échange au sein des entreprises. D’ailleurs, énormément de maires du territoire sollicitent l’Éducation nationale pour mettre en place l’enseignement du néerlandais dès l’école primaire. Nous aimerions faire du néerlandais une langue d’intérêt régional, nous sommes en partenariat avec la Région sur ce point.
Il faut également avancer sur l’harmonisation des diplômes entre la France et la Belgique, c’est un facteur à prendre en compte, même s’il touche indirectement les allocataires du RSA.
Quant à la mobilité, cette question dépasse les compétences du Nord et de la Flandre-Occidentale, mais nous comptons sur le groupement européen de coopération 
territoriale (Eurométropole Lille-Tournai-Courtrai) pour avancer sur ces problèmes de mobilité. C’est un sujet sérieusement pris en compte par le Département et les entreprises dans le cadre de la plate-forme de retour à l’emploi destinée aux allocataires du RSA. La prise en charge de l”apprentissage de la conduite, la rémunération des frais de transport du lieu de domicile au lieu de travail ou encore la capacité à mettre des véhicules à disposition un certain temps pour des repreneurs d’emploi font également l’objet de nombreuses discussions avec la Région.

Quand ces mesures seront-elles mises en place ?
On essaie d’aller vite. Nous avons d’ores et déjà prévu avec le gouverneur de la province de Flandre-Occidentale de nous retrouver rapidement afin d’examiner dans quelle mesure ces initiatives en matière d’emploi pourraient être soutenues dans le cadre des projets européens Interreg. Dans quelques semaines, il est prévu d’élaborer un dossier Interreg.

Que représente cela concrètement en matière d’emploi ?
Ne serait-ce que 2 000 à 3 000 emplois, ce serait déjà spectaculaire. Si une partie de nos concitoyens retrouvent un travail durable, imaginez l’effet d’oxygène que ça pourrait avoir sur le RSA étant donné que le reste à charge est de l’ordre de 300 millions d’euros en 2016 pour le seul département du Nord… La Flandre a besoin de main-d’œuvre sur le long terme, c’est une demande pérenne. Leurs résultats en matière de politique économique sont plus satisfaisants que les nôtres, mais leur croissance démographique s’avère beaucoup moins valorisante que la nôtre. La France est aujourd’hui le pays qui est le plus en extension de sa population, les générations de jeunes vont occuper une place plus importante que dans les pays voisins européens. C’est donc une réelle opportunité de travailler avec la Belgique, mais également avec les Pays-Bas.