Le Milou, symbole des nouveaux exploitants agricoles

A quelques jours du Salon de l'agriculture, le Conseil régional a organisé une visite dans une ferme «modèle» de Tatinghem, reprise par les enfants d'un couple d'agriculteurs. Visite guidée au cœur de la 4e région agricole et agroalimentaire de France.

« Bertrand et Flore Capelle, repreneurs de la ferme familiale du Milou à Tatinghem ».
« Bertrand et Flore Capelle, repreneurs de la ferme familiale du Milou à Tatinghem ».
CAPresse 2014

Bertrand et Flore Capelle, repreneurs de la ferme familiale du Milou à Tatinghem.

 La ferme du Milou est au cœur du village, des habitations l’encerclent et l’adresse − dans une impasse − peut surprendre. «On ne peut pas s’agrandir» sourit Flore Capelle. Elle a rejoint son frère Bertrand dans la reprise de la ferme familiale en 2009 : lui “est aux vaches“, elle à la transformation des produits laitiers issus d’un troupeau d’une trentaine de bovins. Pour les nourrir, 60 hectares de céréales, betteraves et maïs. Restent 15 hectares de pâture pour les trois quarts de leur alimentation. La ferme du Milou bénéficie d’un quota de 250 000 litres. A 360/380 euros le millier de litres, Bertrand n’est pas satisfait car, «en Allemagne, le mille se vend 450 euros… Ici, ça dépend des trimestres». Pour ne pas être trop dépendants, les Capelle se sont diversifiés. «On a pu bénéficier d’un surplus de quota de 80 000 litres quand j’ai rejoint la ferme et repris l’activité de vente qu’avait lancée ma mère. C’est elle qui m’a formée», se souvient Flore qui transforme cette production : faisselle, beurre, yaourts, tartes et fromage à pâte pressée affiné dans une cave naturelle en briques. Le «Batistin» est le produit d’un partenariat avec le parc naturel des caps et marais d’Opale. Dans son atelier, Flore transforme plusieurs dizaines de milliers de litres de lait par an. Une activité qui lui permet de se salarier.

Nouvelle génération et diversification. La race holstein, majoritaire, produit le plus ; les flamandes, «réputées plus résistantes», moins. Les mâles sont vendus une misère (80 euros) à 8 jours. Avec 8 000 litres par traite, l’éleveur atteint quasiment son quota. Après un BTA agricole et un BTS à Amiens, il a accompagné la fin de carrière de son père (en 2005) et créé un GAEC qui a intégré quelques années plus tard sa sœur. A eux deux, ils symbolisent une nouvelle génération d’agriculteurs que veut soutenir le Conseil régional. Son vice-président, Jean-Louis Robillart, sonne l’alerte : «On a eu 210 installations d’agriculteurs l’an dernier dans la région. On compte une installation pour deux à trois départs… Les petits projets butent sur des prix inaccessibles, mais on a une convention avec la Safer qui stocke du foncier. Le périmètre moyen reste aux alentours de 66 hectares pour une exploitation.» L’objectif de la collectivité, qui emmène quelques exploitants au Salon de l’agriculture, est de mettre l’accent sur la diversification des activités, le renouvellement des générations, la vente directe pour garder le lien avec le consommateur.