Observatoire des bureaux : le marché immobilier en mutation, les professionnels s’adaptent

Mercredi 29 janvier à la CCI Grand Lille s'est tenue la conférence annuelle de l’Observatoire des bureaux de la métropole lilloise. Les professionnels de l’immobilier s’inquiètent, mais gardent espoir.

 En 2024, 198 millions d’euros ont été investis en bureaux dans la métropole. © Aletheia Press / E.Chombart
En 2024, 198 millions d’euros ont été investis en bureaux dans la métropole. © Aletheia Press / E.Chombart

«Nous n’avons pas à rougir concernant le parc immobilier de bureaux, la métropole de Lille tire son épingle du jeu en 2024». Matthieu Corbillon, maire de Sainghin-en-Weppes, vice-président de la MEL délégué parc d'activités et immobilier d'entreprises, a donné le ton ce 29 janvier à la CCI Grand Lille. L’Observatoire des bureaux de la métropole lilloise (OBM) y donnait sa conférence annuelle.

En 2024, le parc immobilier d'entreprises de la métropole a connu une année en demi-teinte. «Cela a été une période de transition, nous sommes désormais prêts pour 2025», a introduit Xavier Delecroix, directeur régional de BNP Paribas. Il résume ces douze mois en trois mots : fédérer, analyser et digitaliser. Trois secteurs ont été scrutés à la loupe : le marché tertiaire, le marché industriel, le marché de l’investissement. Globalement, ils sont tous en baisse.

Le nombre de transactions en baisse

Depuis plus de trois ans, les transactions lilloises regroupant ces trois secteurs peinent à se remettre des séquelles de la crise sanitaire. Si annuellement, près de 300 à 400 transactions sont enregistrées, en 2024, la métropole en dénombre seulement 250. Le constat est le même si l'on se penche plus spécifiquement sur le marché des bureaux. «Nous assistons à un quasi-effondrement», s'est désolé André Bartoszak, responsable de l’OBM au sein de la CCI Grand Lille. Celui-ci s’est établi à 150 000 m2, quand en 2021 il était à 274 000 m2. Les secteurs de Villeneuve-d’Ascq et Lille ont maintenu leur part de marché à 20% approximativement, mais ce n’est pas le cas de tous. Celui qui a connu le plus de difficultés : Euralille. En 2023, il représentait 21% des parts de marché, contre 13% en 2024.

Année «satisfaisante» pour le neuf

«Au-delà de ces chiffres, le neuf a fait une année satisfaisante, avec une commercialisation à 68 000 m2», a pointé le responsable de l’OBM. Néanmoins, le stock neuf est passé, en trois ans, de 150 000 à 116 000 m2 actuellement, soit environ 20 mois de stock. «C’est bien, mais il va falloir préparer l’avenir car c’est court et nous pourrions nous retrouver en difficulté dans certains secteurs».

Quant à la seconde main, elle représente 300 000 m2 disponibles sur l’ensemble de la métropole avec 76 000 m2 commercialisés en 2024. Côté développement, le commerce de détail a augmenté de 6% en 2024, atteignant les 15% avec les projets de Decathlon, Nocibé ou encore Saint-Maclou. «Pourtant, les entreprises qui nous ont contactés pour des diminutions de surface ont été nombreuses, la part de marché a doublé», a regretté André Bartoszak.

Une autre donnée a été soulignée par les professionnels de l’immobilier : le risque que la demande soit supérieure à l’offre. «Nous avons un manque de visibilité, de clarté et de stabilité depuis quelques mois au niveau national, mais on peut se féliciter de toujours créer de l’emploi, de l’activité. La métropole est en bonne santé et stable depuis plus de dix ans» a conclu, serein, le vice-président de la MEL. 

Transformation des outils

Le monde de l’immobilier se transforme, les instruments de mesure aussi. Les professionnels lillois se sont dotés récemment d’Immostat, un outil d’analyse d’ores et déjà utilisé en Ile-de-France et à Marseille. «Ce service collecte des données beaucoup plus précises pour analyser l’immobilier dans la Mel», décrit Xavier Delecroix, directeur régional de BNP Paribas. Avec l’Agence de développement et d’urbanisme de Lille Métropole (ADULM), les professionnels de l’immobilier ont créé une application recensant différents secteurs : Euralille, EuraTechnologies, Eurasanté, la Plaine Image ou encore les Grands Boulevards. Ce moyen permet aux professionnels d’obtenir les statistiques de chaque bâtiment, de mesurer précisément la taille du parc et de les localiser facilement.