«Le législateur ne comprend plus les entreprises»
Un cadre législatif et réglementaire jugé instable et contraignant pour une grande majorité d’entrepreneurs. Une Loi de finances aux pilules dures à avaler pour bon nombre de patrons de PME. Cela gronde dans les rangs entrepreneuriaux serrés, comme un seul homme face à un décalage de plus en plus important entre la vision des gouvernants et la réalité économique du terrain. Constat établi, notamment par Richard Renaudin, le président d’Expertis CFE et d’Audecia qui en appelle à plus de flexibilité et de «connectivité» des textes avec les réalités économiques du moment. Un cri d’alarme ? Cela y ressemble !
Les Tablettes Lorraines : Une Loi de finances 2013 adoptée après de nombreux rebondissements, un droit du travail en pleine révolution avec les accords pour l’emploi, un cadre réglementaire en ébullition. Chez les patrons de PME-PMI, on sent monter l’exaspération. Comment ressentez-vous cet état de fait ?
Richard Renaudin : Il n’y a aujourd’hui plus aucune compréhension des réelles préoccupations des entrepreneurs. Ce qui est terrible, c’est que le législateur n’a aucune perception des réalités. Il n’existe aucune connexion entre les politiques et le terrain. Globalement le monde politique et quelques experts voient l’entreprise comme une entité théorique. On ne comprend plus les entreprises !
Ce décalage, voire ce véritable fossé, mis en avant par bon nombre de corporations et de professionnels du conseil aux entreprises, peut-il être réduit et surtout comment ?
Tout est actuellement bloqué dans un carcan législatif qui va encore évoluer sur de nombreux points. Depuis l’an passé la cacophonie, notamment sur les projets fiscaux, n’a cessé d’augmenter. À la fin de l’année dernière, nous ne savions pas où nous allions en matière fiscale pour prendre uniquement cet exemple.
Les choses sont aujourd’hui établies, le Conseil constitutionnel a tranché sur les divergences de la Loi de finances ?
C’est vrai, les règles sont établies ! Elles sont ce qu’elles sont, mais il faudrait surtout qu’elles n’évoluent plus et que le cadre fixé demeure pour que nous ayons le temps, en qualité de conseil, de préparer les entreprises à les mettre en oeuvre et surtout à s’y adapter.
Ce qui n’est pas le cas ?
Le terrain législatif est en mouvement continuel. Il n’y a plus de maîtrise des choses. C’est quasiment impossible d’envisager des stratégies sur le long terme. Au mieux nous pouvons le réaliser sur du court du terme, mais ce court terme devient de plus en plus court. Il faut que les choses soient dorénavant assises et surtout pérennes avec une certaine stabilité législative. Au moins avoir une stabilité sur cinq ans serait déjà une bonne chose.
Comment changer alors la donne avant que cette véritable «panique à bord» que vous évoquez ne se transforme en naufrage pour le tissu entrepreneurial ?
Il est indispensable d’avoir beaucoup plus de flexibilité et de fluidité dans les textes pour permettre de favoriser les opérations qui peuvent créer de la richesse donc du développement économique, notamment en matière d’immobilier, d’innovation ou encore de transmission de patrimoine. Le dogmatisme ambiant, et établi actuellement, ne se base pas sur un modèle économique mais sur un mode de pensée sans lien direct avec les réalités. Il y a urgence !