Le groupe Finorpa s’organise pour son développement futur
Créé en 1984 sur décision de l’État pour assumer le redéploiement du bassin minier, puis, dès 1994, celui de l’ensemble de la région, Firnorpa, issu du groupe Charbonnages de France, rassemble dans son actionnariat, depuis sa reprise et le pacte d’associés de juin 2005, un ensemble d’actionnaires publics, bancaires, mutualistes ou coopératifs. Ceux‑ ci ont pour mission de mobiliser les moyens financiers et d’animer un ensemble d’outils dédiés au développement économique de la région, capables d’accompagner les stratégies de croissance des PME.
On y retrouve, à parts égales entre partenaires publics et partenaires privés, la Région Nord-Pas-de-Calais, la Caisse de Crédit agricole Nord de France, la Caisse d’éparg ne Nord Fr ance Europe, la mutuelle Apréva, CCI Réseau (qui regroupe la CRCI et l’ensemble des CCI de la région), bpifrance, Macif participations, Socoden, Bati Lease, Secafi, France active et le Crédit du Nord qui a pérennisé la participation qu’il détenait dans la société Finorpa d’origine. Au cours de ses dix premières années, le groupe a notamment repris fin 2008 la gestion du Fonds régional de garantie Nord-Pas-de-Calais et créé en décembre 2013 Finovam par rapprochement des lignes de Finorpa SCR et d’Inovam, fonds du groupe IRD, puis, en mai 2015, Finovam gestion pour gérer Finovam et le Fira Nord-Est. Sur ces dix ans, de 2005 à octobre 2015, ses véhicules d’investissement Finorpa SCR et Finorpa PP ont investi 137 M€ dans des projets de création/développement qui ont généré quelque 8 540 emplois sur la période.
Renouvellement unanime. Plusieurs raisons ont poussé au renouvellement de ce pacte d’associés pour la période 2015-2025 au-delà de sa tombée à échéance : la volonté des actionnaires de poursuivre leur affectio societatis autour du soutien et du développement à la création de valeur et d’emplois dans les PME sur le territoire régional ; l’obligation de tenir compte des nouvelles contraintes réglementaires imposées par la directive AIFM (Alternative Investment Fund Managers) qui oblige Finorpa à muter du statut de GIE à celui de société de gestion ; et, enfin, l’intérêt d’investir dans de nouvelles formes de développement par la création de nouveaux fonds technologiques autour des priorités stratégiques que sont le numérique, la green tech et la troisième révolution révolution industrielle, en sus de l’accompagnement de la PME sur ses nouveaux marchés, notamment l’export. Autant d’orientations qui impactent l’ensemble du groupe dans son organisation, ses stratégies et ses actions.
Finorpa gestion : opérationnelle en février 2016. “Ce projet de création d’une société de gestion imposé par les réalités réglementaires est un moyen de franchir une nouvelle étape, un projet entrepreneurial qui vise à mieux se professionnaliser et à mieux gérer le développement des outils d’aujourd’hui, Finorpa SCR et PP, et de demain (…), en le faisant dans l’esprit qui nous a toujours animé, tout en gardant sa spécificité de terrain des petites entreprises, moins de 50 personnes et de 50 M€ de chiffre d’affaires”, a assuré Antoine Harleaux. Directeur général du groupe, il présidera l’équipe de direction de cette société de portefeuille avec Françoise Depoorter, directrice générale adjointe, Guillaume Thomé, directeur de participation, et Olivier Sallez, directeur administratif et financier et responsable de la conformité et du contrôle interne. Le capital de Finorpa gestion sera détenu à hauteur de 85% par Finorpa financement (qui est le holding du groupe et portait jusqu’à présent les moyens et l’équipe d’investissements) et de 15% par l’équipe de gestion. Le dossier de création devait être déposé auprès de l’Autorité des marchés financiers en vue de l’agrément le 30 novembre, pour effectivement voir le jour en février 2016. Au-delà de pouvoir répondre aux appels à projets, l’intérêt de cette mutation de statut sera de bénéficier de fonds européens.
Finorpa PP : Crescendo PME, vecteur d’intervention en obligations convertibles. Jusqu’ici, Finorpa PP était engagé dans le soutien à l’économie régionale au travers de prêts participatifs attribués sur fonds propres et en tant que créances de dernier. Sur la période 2005- 2015, il avait décidé en montant cumulé pour 76,840 M€ et versé pour 61,185 M€ à 333 entreprises. Pour cause de modification du paysage du financement des PME et de la multiplication des sources de financement sous forme de prêts, le groupe Finorpa a décidé de réorienter les interventions de Finorpa PP sous la forme d’obligations convertibles, plus proches de celles des intervenants en fonds propres. Finorpa PP lancera ainsi dans les prochaines semaines Crescendo PME, fonds qui s’adressera aux PME de moins de 50 personnes et de moins de 10 M€ de chiffre d’affaires pour des montants compris entre 100 et 500 000 € dans le cadre d’une première intervention et pouvant aller jusqu’à 750 000 € en cas de seconde intervention. Sa cible est celle des PME en phase de développement, voire de transmission, qui jugent prématuré d’ouvrir leur capital, la conversion en actions n’étant envisagée qu’à la demande des dirigeants des PME et avec l’accord de Finorpa PP qui recherche l’effet levier d’autres financements, avec pour norme un financement bancaire MLT d’un montant au moins équivalent. “C’est véritablement un changement de cap”, a plaidé Francis Francis Leroy, représentant de CCI Réseau et président de Finorpa PP, tout en précisant néanmoins que les prêts participatifs resteront accessibles aux entreprises de l’économie sociale et solidaire ainsi qu’aux entreprises des secteurs du textile et de la métallurgie avec lesquels Finorpa PP a créé des fonds spécialisés.
TRI : partenariat avec Nord capital partenaires. Sollicité dans le cadre d’un appel à projets pour la gestion du fonds d’investissement REV3 créé à l’initiative de la Région et doté de 50 M€ souscrits par le CANF, la CdC (Caisse des dépôts et des consignations), la BEI (Banque Européenne d’Investissement), 15 M€ chacun et la Région (20 M€), le groupe Finorpa sera le prestataire associé de la société de gestion Nord capital partenaires du groupe Crédit agricole Nord de France. D’un montant de près de 50 M€, ces fonds doivent être investis avec un effet de levier de 4 à 5 dans 30 à 40 projets majeurs contribuant aux objectifs de la troisième révolution industrielle, énergies renouvelables, mobilité intelligente, gestion de l’énergie, efficacité énergétique et économie circulaire. “Ce partenariat est un bel exemple de synergies”, a apprécié François Macé, président de Finorpa SCR, d’autant qu’il vient s’appuyer, tout en la confortant, sur la compétence acquise par Finorpa au travers de la gestion du FORIC, fonds d’avance remboursable financé par la Région qui a sorti une dizaine de projets visant principalement les énergies renouvelables, les process de production en matière de méthanisation et de recyclage.
FRG : augmentation de capital. Comme établissement financier soumis à la contrainte du respect de ratios réglementaires, notamment en termes de solvabilité, le Fonds régional de garantie que préside Philippe Bailly, directeur du Créfit à la CENFE, a lancé une augmentation de capital d’un montant de 1,7 M€ qui lui donnera une visibilité jusqu’à deux ans. Doté de deux fonds − un fonds garanties et un fonds création cogéré avec France active −, le FRG a, sur la période 2009- 2015, décaissé 615 dossiers, 26 331 salariés concernés, pour 252 M€ de financements mis en place et 84 M€ de garanties apportées.
Finorpa conseils continue. Portefeuille peu nourri, déficit lié à la conjoncture, “nous ne donnions pas cher de Finorpa conseils il y a deux ans”, a expliqué Françoise Dal, présidente de Finorpa financement et de Finorpa conseils qui est une structure créée en 2003 pour traiter essentiellement des territoires en reconversion sur la dynamique de leur retrouver une destination économique. Bonne nouvelle : “Elle a encore et toujours sa raison d’être au sein du groupe.” Avec une quinzaine de dossiers en portefeuille et l’assurance du partenariat de Sicafi, Finorpa conseils “a des perspectives encourageantes”.
Et la reprise ? À considérer les “bons” chiffres des résultats du groupe Finorpa à septembre, les entreprises qui se créent, qui se développent, notamment en matière d’innovation, les espoirs mis sur la high tech, la green tech, Rêves 3…, sa présidente et conseillère régionale, Françoise Dal, se déclare “plutôt optimiste”. “Nous serons dans les lignes des années précédentes, précise Antoine Harleaux : des investissements de qualité, mais pas d’énormes projets. Une bonne année avec un bon équilibre entre développement et création, avec beaucoup d’interventions dans le numérique…” Après un premier semestre “très morose, très en deçà des plans de marché”, Alain Denizot, président du directoire de la CENFE, presse que “des moteurs se réallument : promotion immobilière, logement social” et se veut “vraisemblablement plus optimiste que ce que l’on voit dans les chiffres”. Tout en se réjouissant de la nouvelle progression des investissements dans l’agriculture et dans l’agroalimentaire, François Macé, directeur général du CANF, “jette un regard très interrogatif sur la petite et la très petite entreprise très liée au crédit court terme”.