Entreprises
Le FC Metz navigue sur une mer économique houleuse
Dans l’ère - souvent démesuré - du foot business, l’écart se creuse entre les clubs aux budgets dopés par les investisseurs du golfe Persique ou de Russie et les autres. En France, le projet qatari qui a porté le PSG dans des sphères économiques jamais vues dans l’Hexagone en est l’exemple type. Dès lors, quelle place pour des clubs aux moyens plus modestes ? Le FC Metz bagarre autant sur la pelouse qu’en coulisses pour faire vivre un modèle autre, plus posé, mais sans doute, plus viable sur le long terme.
C’est la trêve des confiseurs pour les footballeurs professionnels en France. La Ligue 1 est arrivée à moitié de son championnat. À la lecture du classement, le terrain sportif positionne le FC Metz à la 18e place sur 20. On l’a compris, cette saison n’a rien de sereine pour les Grenats. Il leur reste 19 matches pour renouveler leur bail dans l’élite.
Le Qatar... et les autres
Dans l’Hexagone, depuis l’arrivée des investisseurs qataris dans la Capitale, c’est Paris. Pour cette saison 2021-2022, le budget du PSG est de 620 M€. Près de 200 M€ de plus que ses dauphins dans le registre financier, Lyon et Marseille. Le petit poucet en la matière est Clermont avec 20 M€. Un autre monde. Dans ce panorama, le FC Metz affiche un budget inchangé par rapport à l’exercice précédent : 50 M€. Soit le 13e de Ligue 1. On le constate depuis des années, le football professionnel a atteint souvent les frontières de la démesure dans cette course folle aux moyens sans cesse plus grands. Ce n’est pas sans danger. Il s'apparente en vérité à un château de cartes que la moindre bourrasque économique peut ébranler, voire faire s’effondrer. Cela été la grande question quand il eût s’agit d’arrêter toutes les compétitions à l’heure du premier confinement. Certains observateurs parlaient alors d’un tsunami pour nombre de clubs, évoluant dans une économie footballistique aux pieds d’argile. Il ne s’est pas produit. Pour l'instant. Beaucoup de clubs français avaient choisi de baisser leur masse salariale, entre les saisons 2018-19 et 2019-2020. Ils en ont été bien inspirés. Dans cette bulle, il était nécessaire de réduire les dépenses. Ici, les salaires sont les principales.
Des salaires affolants
Déjà trop conséquents dans «le monde d’avant», le poids de la rémunération des joueurs s’est alourdi, avec la crise sanitaire. À l’issue de la saison 2019-20, la moitié des clubs de Ligue 1 avait bouclé l’exercice en déficit à cause de masses salariales pléthoriques. Entre les comptes de 2019 et de 2020 déposés par les clubs de l’élite à la DNCG - l’organe de contrôle financier du football français -, les salaires avaient par exemple augmenté de 11,7 % au PSG, de près de 20 % à Bordeaux, de 25 % à Lille. Paris détient les 10 plus gros salaires. Le podium Dyonésien : Lionel Messi (3,246 M€/an), Neymar (3,060 M€/an) et Kylian Mbappé (2,307 M€/an). Avec des recettes réduites à néant pendant les semaines où furent stoppées les compétitions. Pour cette saison 2021-22, huit des vingt clubs de Ligue 1 voient leurs masses salariales dépasser le produits de l’activité, hors mutations de joueurs. Ils doivent ainsi compter sur des bénéfices, sur le marché des transferts, pour équilibrer les comptes. C'est une ligne de crête ardue et non sans péril.
L'autre chemin messin
Car, un club pro est d’abord une entreprise. Au regard des masses salariales, l’écart est encore plus important entre Paris et ses concurrents. Nous serions tentés d’écrire béant : 414,383 M€. Le suivant, Lyon, affiche 132,464 M€. Le FC Metz apparaît à la 16e place, avec 25,51 M€. Le club lorrain a dans son ADN le process d’une gestion saine et raisonnée. Dès lors, quand les recettes des clubs de Ligue 1 ont fondu comme neige au soleil - stades à huis clos ou à jauge minimale, et diffuseur télé en difficulté économique -, les charges a contrario ne baissaient pas, notamment pour ce qui relevait de la masse salariale des équipes. Metz, bon gestionnaire, c’est un atout certain à court et plus long terme. Un maintien en Ligue 1 avaliserait la méthode, une relégation ne remettrait pas tout en cause. Il faut savoir naviguer par gros temps. En Moselle, on est paré en la matière. La sagesse est n'est pas ici facteur d'immobilisme, mais une trajectoire de bon sens.
Sources chiffrées : Sportune - L'Equipe - AFP.
«Durant cette crise sanitaire, stades à huis clos ou à jauge minimale, et diffuseur télé en difficulté économique, les charges a contrario ne baissaient pas, notamment pour ce qui relevait de la masse salariale des équipes.»