Le dispositif Apesa arrive à Valenciennes

Créé en 2013 dans le Sud-Ouest, le dispositif Apesa (Aide psychologique aux entrepreneurs en souffrance aiguë) fait son arrivée à Valenciennes. Une réunion en présence de son fondateur, Marc Binnié, a eu lieu le 2 octobre dernier pour sensibiliser les professionnels de la juridiction et de la médecine au mal-être des chefs d'entreprise. Le but : les inciter à devenir sentinelles.

De gauche à droite : Raymond Duick, juge consulaire, Marc Binnié, co-fondateur d'Apesa, et Bruno Fontaine, président de la CCI Grand Hainaut.
De gauche à droite : Raymond Duick, juge consulaire, Marc Binnié, co-fondateur d'Apesa, et Bruno Fontaine, président de la CCI Grand Hainaut.

Quoi qu’un chef d’entreprise puisse penser, les professionnels du tribunal de commerce ne sont pas insensibles à la souffrance des entrepreneurs. «J’ai le souvenir d’un entretien de prévention au cours duquel une liquidation d’entreprise était envisagée. L’entrepreneur était en pleurs, j’étais dépourvu, et j’ai dû le laisser partir», témoigne Jean-Louis Equipart, président du TC de Valenciennes.

Suivent alors, dans l’ombre des patrons en difficulté, l’isolement, la fatigue (car ils n’ont ni médecine du travail, ni durée légale de travail) et parfois même les idées noires. Nombre d’entre eux, si ce n’est tous, sont prêts à tout donner pour leur «bébé», jusqu’à leur vie. «Or, liquidation des biens ne doit pas signifier liquidation de la personne», souligne Marc Binnié.

Rapide, gratuit, confidentiel

Ce natif de Roubaix a créé en 2012 le dispositif Apesa au tribunal de Commerce de Saintes. Le principe : former un maximum de personnes à devenir des sentinelles pour repérer les chefs d’entreprise en détresse. Avec l’accord des concernés, elles remplissent une fiche d’alerte numérique, qu’elles envoient ensuite à un réseau de psychologues spécialisés. «La prise en charge intervient en moins d’une heure, et le suivi reste gratuit et de proximité. C’est exceptionnel lorsqu’on sait qu’un suivi psychologique traditionnel peut atteindre les 600 € lorsqu’on s’y prend seul. Ou qu’on doit en général attendre jusqu’à six mois pour avoir un rendez-vous gratuit en centre médico-psychologique», indique le cofondateur de l’association.

Un tel dispositif ne saurait donc exister sans le soutien financier de plusieurs acteurs économiques, dont les membres de l’association eux-mêmes, qui versent une cotisation, mais aussi Harmonie Mutuelle, la DGE, la Fondation Garance, CMA France… et CCI France. Depuis sa création, Apesa a été déployé dans 64 villes de France, ce qui représente 3 435 sentinelles et 1 163 psychologues formés. L’on doit notamment attribuer l’arrivée de l’association à Valenciennes au président de la CCI Grand Hainaut, Bruno Fontaine, qui a sollicité Marc Binnié il y a peu.

Un besoin justifié par l’actualité

Pour convaincre les professionnels de la juridiction valenciennoise de devenir membre, le co-fondateur d’Apesa a jugé bon de revenir sur quelques chiffres : depuis 2013, Apesa a traité plus de 2 924 fiches alertes et rien qu’en 2020, plus de 266 fiches ont été créées. L’existence d’un tel dispositif sur le territoire est d’autant plus légitime que la crise de la Covid-19 génère de nouvelles anxiétés.

Depuis le confinement, un numéro vert(1) a d’ailleurs été mis en place à la demande du ministère de l’Economie : 820 appels ont été reçus et 2 ont débouché sur une hospitalisation. «Les signes de dépression ne sont pas à prendre à la légère. C’est pourquoi nos formations sont importantes», rappelle Marc Binnié.

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