Le Département du Nord fait sa rentrée

Canal Seine-Nord, situation financière, RSA, contrats aidés… Jean-René Lecerf, président du Département du Nord, récemment élu président de la Commission consultative sur l’évaluation des charges1, s’est exprimé sur les différents points d’actualité de la rentrée 2017.

"La situation du Département est telle qu'il ne peut pas prendre en charge les contrats aidés dans leur pérennité" explique Jean-René Lecerf.
"La situation du Département est telle qu'il ne peut pas prendre en charge les contrats aidés dans leur pérennité" explique Jean-René Lecerf.

Quelques heures avant la mobilisation massive du monde économique pour le canal Seine-Nord, à Péronne le 15 septembre dernier (voir pages 6-7), Jean-René Lecerf, président du Département du Nord, tenait une conférence de presse sur l’actualité de l’institution. L’occasion pour ce fervent défenseur de s’exprimer sur le sujet, juste après une réunion de travail avec Elisabeth Borne, ministre chargée des Transports, et Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics, le 12 septembre à Paris. «C’est le début d’un bras de fer avec le gouvernement pour faire aboutir coûte que coûte ce dossier. Dans les conditions initiales, on prévoyait 500 M€ d’aléas, il semblerait que cela ne soit pas suffisant…» déplore le président. Le Département apportera 200 millions d’euros (sur les 4,9 milliards d’euros totaux) au projet dont les travaux devraient commencer fin 2017-début 2018, si le calendrier n’est pas bousculé entre-temps… Un pas de plus a cependant été opéré lors de cette réunion, puisque le gouvernement étudie la possibilité de modifier la gouvernance de la société de projet, chargée de la réalisation de cette infrastructure, en un établissement public local, au sein duquel les collectivités seraient donc majoritaires. Reste à nommer les membres des directoires, puisque Gérald Darmanin, vice-président, occupe désormais ses fonctions de ministre et que Marc Papinutti, nommé président du directoire durant quelques semaines à peine, a rejoint le cabinet d’Elisabeth Borne, au ministère des Transports. «Il faudrait transformer cette société en établissement public tout court, qui permettrait à l’Etat de décentraliser ! L’Etat n’a de toute façon pas les moyens de financer le milliard prévu. Ce canal commence à devenir un serpent de mer», s’indigne Jean-René Lecerf.

Moins d’allocataires du RSA. En un an, le nombre d’allocataires a baissé de 2,7%, conséquence directe de la «chasse aux fraudeurs» menée par le Département qui a pris plus de 21 400 sanctions (baisse de 100 € sur un mois, voire sur quatre mois) entre juin 2016 et juin 2017. Soit une économie de 2,2 millions d’euros. «Le jeu en vaut la chandelle, puisqu’un certain nombre de personnes qui sollicitaient le RSA ne le font plus», se félicite Jean-René Lecerf. 6 837 personnes ont retrouvé le chemin de l’emploi – majoritairement des CDD de longue durée ou des CDI –, signe que la plateforme de retour à l’emploi des allocataires initiée par le Département est opérationnelle. «Concernant les contrats aidés, j’ai l’impression d’être dans un rafiot qui coule de toutes parts ! Nous avons eu très peur. L’arrêt, sur notre Département, des contrats aidés peut entraîner un surcoût de 50 millions d’euros. Il ne faut pas qu’on en arrive là», prévient Jean-René Lecerf, sans toutefois remettre en cause les décisions gouvernementales : «Je ne critique pas l’appréciation du Ministre concernant les contrats aidés. Dans le secteur marchand, ils ne sont pas une solution pour aboutir à de l’emploi pérenne.» Côté finances, Le président se félicite d’avoir pu baisser la fiscalité des Nordistes de 50 millions d’euros comme il l’avait promis à son arrivée, tout en maintenant les aides aux communes. «Mais je ne peux faire cette politique que si l’Etat ne me rajoute pas de charges nouvelles.»

  1. Cette commission rassemble une formation restreinte du Comité des finances locales, composée de 22 membres. Jean-René Lecerf succède à Thierry Carcenac, président du Département du Tarn.

    La situation du Département est telle qu’il ne peut pas prendre en charge les contrats aidés dans leur pérennité“, explique Jean-René Lecerf.