Le Département du Nord économise pour investir

En amont de la séance plénière du 22 mai, Jean-René Lecerf, président du Conseil départemental du Nord, et Christian Poiret, premier vice-président en charge des finances, du contrôle de gestion et de l’administration générale, ont évoqué la situation financière du Département ainsi que les sujets que l’institution portera comme essentiels auprès du nouveau gouvernement.

Jean-René Lecerf et Christian Poiret ont dressé un bilan de l'année écoulée, faite d'économies et de relance de l'investissement.
Jean-René Lecerf et Christian Poiret ont dressé un bilan de l'année écoulée, faite d'économies et de relance de l'investissement.

Si Jean-René Lecerf avoue ne pas «être bouleversé» par l’arrivée d’un nouveau gouvernement, il espère néanmoins une «meilleure prise en compte de la situation du Département». À son arrivée à la présidence en 2015, Jean-René Lecerf a dû faire face à une dette de 300 M€ laissée par l’ancien exécutif. Avec son bras droit Christian Poiret, ils n’ont pas ménagé leurs efforts pour redresser la barre, au prix notamment d’une réduction importante de la masse salariale (400 salariés en moins) et des frais de fonctionnement. L’audit sollicité par Jean-René Lecerf à son arrivée avait fait apparaître des arriérés importants de paiement des dépenses sociales, des mois de RSA non budgétés, une épargne nette négative, un stock de dettes non maîtrisé et, malgré tout, des dépenses de fonctionnement en progression. Bref, une situation périlleuse pour le Département, qui ne semblait pas alarmer les hautes instances mais qui a demandé de lourds efforts : une économie de 5,5% des dépenses de fonctionnement qui passe par la baisse de la masse salariale, la rationalisation de la flotte de véhicules départementaux et la baisse des dépenses courantes. Des efforts qui portent leurs fruits : «C’est le plus beau compte administratif que l’on présentera», se félicite Jean-René Lecerf, revenant sur les cinq objectifs qu’il s’était fixés : restaurer l’équilibre budgétaire, réaliser un plan d’économie de 100 M€ sur les frais de fonctionnement, relancer l’investissement, maîtriser l’endettement et maintenir un équilibre général correct. «Nous avons réalisé 94,2 M€ d’économies, ce qui est tout à fait honorable», se félicite le président. A périmètre constant, le compte administratif 2016 s’élève à 2,585 milliards d’euros contre 2,645 milliards en 2015. «Aujourd’hui, la masse salariale représente 377,5 M€ du budget (contre 383 M€ en 2015). Cette baisse s’est effectuée par des départs en retraite non compensés et l’arrêt d’un certain nombre de CDD. Mais, dans le social, nous ne cherchons surtout pas à limiter les emplois, c’est le cas des assistants familiaux ou des sapeurs-pompiers : nous prévoyons 60 embauches en 2017 pour les sapeurs-pompiers première classe», détaille Jean-René Lecerf. «Nous n’avons pas procédé à des coupes sombres dans les politiques sociales dédiées à la jeunesse, l’enfance ou la famille (463 M€)», précise de son côté Christian Poiret.

Moderniser pour mieux gérer. L’unique poste de dépense sur lequel le Département a consenti une hausse ? L’informatique avec 5,8 M€ en 2014, 6,9 M€ en 2015 et 7,4 M€ en 2016. Il y avait 400 postes à changer et des programmes à réaliser. «Nous étions au Moyen Âge concernant la sécurité des données ! On est en train de passer au XXIe siècle», s’amuse le président. Des investissements qui permettront aussi de mieux croiser les données entre la CAF, Pôle emploi et le Département pour le paiement du RSA qui reste une des dépenses majeures (un mois de RSA coûte 53 M€ au Département, ndlr). Et de souligner le succès des plates-formes de retour à l’emploi – conjointement avec la Région –, opérationnelles depuis septembre 2016 et qui ont permis à 5 000 ex-allocataires de retrouver un emploi. «Mon problème n’est pas de trouver de nouveaux emplois, mais de mettre des personnes devant les entreprises qui ont des besoins. On convoque parfois 100 personnes et seules 30 se présentent», déplore Jean-René Lecerf, en rappelant le cas médiatisé de la Ferme de la Gontière à Comines qui peine à recruter. «2017 sera la première année où le Département va assumer davantage que l’Etat concernant les allocations individuelles de solidarité (RSA, APA – ou allocation personnelle d’autonomie – et PCH – ou prestation de compensation handicap, ndlr). Cela ne peut pas continuer comme ça. Emmanuel Macron annonce la recentralisation du RSA, mais je suis un peu inquiet. Nous allons donc reprendre nos propositions, puisque l’on a affaire à de nouveaux interlocuteurs.» Parmi ces propositions, celle d’un pacte financier consistant à calculer la moyenne annuelle du reste à charge et à allouer une dotation de l’Etat aux Départements dont les dépenses se situent au-delà de cette moyenne.

Investir et créer de l’emploi. Lors du budget prévisionnel 2016, le Département avait choisi de dédier l’intégralité de la taxe du foncier bâti à l’investissement. Et donc de maintenir ses politiques de rénovation des routes et des collèges. Alors que l’investissement s’affichait à 185,2 M€ en 2015, il grimpe à 240,5 M€ en 2016, avec notamment 72,7 M€ investis dans les collèges (+9,6% par rapport au compte administratif de 2015), 75,1 M€ dans la voirie départementale (+74,7% par rapport à 2015), près de 30 M€ pour développer des projets structurants pour les communes et 10,2 M€ dans la culture, le sport et le tourisme. Côté endettement, le Département a choisi de le maîtriser à hauteur de 110 M€ en 2016 (contre 210 M€ en 2013, 165 M€ en 2014, 120 M€ en 2015) avec un encours de la dette qui s’élève à 1,375 milliard d’euros au 31 décembre 2016. «Nous ne faisons pas de triomphalisme, mais nous avons fait notre travail pour les Nordistes», se félicite Christian Poiret.

D.R.

Jean-René Lecerf et Christian Poiret ont dressé un bilan de l'année écoulée, faite d'économies et de relance de l'investissement.