Il aura traversé le siècle... et de quelle manière. Le fabricant de Dentelles Leavers, Jean Bracq est mort, mardi 22 août à Cambrai, à 93 ans. Troisième d’une lignée de fabricants établis depuis 5 générations (1852), Jean Bracq aura tout connu. Fils unique de Jules qui exploite des métiers Leavers à Calais, il connaît les crises de l’activité dentellière, la guerre, l’exode en Normandie, la reconstruction… Il seconde son père rapidement au sein de l’entreprise et voit revenir les métiers calaisiens à Caudry. Il touche du métier aussi avant d’aller ouvrir les marchés américains et asiatiques. En 1961, il donne son prénom à l'entreprise : Bracq Frères devient Jean Bracq à la faveur de changements au capital.
Entrepreneur inspiré, il affranchit, en douceur, son entreprise des commissionnaires qui avaient les clients finaux dans la robe et le prêt-à-porter. En 1972, il lance une boutique de ventes de dentelles sur mesure, des robes de mariées, appelée Joie Bonheur pour 2. Engagé publiquement, il participe du Festival de la Dentelle avec la mairie de Caudry et le syndicat patronal. En 1978, son fils Laurent entre dans l’entreprise. C’est l’ère des technologies qui arrive dans les années 1990 : Laurent informatise la société, digitalise la réalisation des dessins, et commence la numérisation des métiers Leavers sous la supervision de Jean. Le parc machine est totalement équipé et Bracq dispose d’un des plus beaux ateliers du monde. En 2008, il laisse la direction de l’entreprise à Laurent.
Quatre ans plus tard, son petit-fils Julien fait son entrée. Il est aux commandes de l’entreprise depuis quelques mois. Jean était aussi le vieux sage dans une profession souvent divisée. Il continuait, jusqu’il y a quelques années de passer au bureau de dessin ou à l’atelier. Devant le musée de Caudry, une statue du «tulliste et l’enfant» rend hommage à son père Jules. Lui est l’enfant. Il est inhumé vendredi 25 août à Caudry.