Le commerce extérieur suit la tendance générale de l’économie

Le déficit extérieur de la France hors énergie a diminué en 2013. Mais derrière cette apparente bonne nouvelle, le commerce extérieur suit la tendance plate de l’économie française. Importations et exportations ont baissé.

L’an dernier, les importations ont diminué de 2,3%, mais les exportations se sont aussi repliées, de 1,3%, par rapport à 2012. Ce 7 février à Bercy, Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur, a présenté les résultats du commerce extérieur en 2013 lors d’une conférence de presse. Pour la ministre, la situation à l’export présente une “photographie de l’année 2013, qui était extrêmement difficile”. Entre le commerce international qui n’a connu qu’une légère croissance et la récession dans la zone euro, “la conjoncture mondiale est peu porteuse”, justifie-t-elle. Concrètement, l’année s’achève avec un déficit de la balance commerciale qui reste élevé, de l’ordre de 61,2 milliards d’euros, à quelque 3% du PIB. Mais la tendance est à la baisse : l’an dernier, il pesait 67 milliards d’euros et en 2011, 74 milliards d’euros. “Il s’améliore”, commente Nicole Bricq. Quant au déficit hors énergie, il passe à 13,5 milliards d’euros, lui aussi en diminution. L’objectif qui a été fixé à la ministre est celui de la résorption de ce déficit d’ici la fin du quinquennat.
Géographiquement, la zone euro demeure de très loin le premier terrain d’exportation de la France, qui y réalise 47% de ses échanges. C’est moins que l’an dernier, mais ce territoire n’en demeure pas moins le premier partenaire de la France, suivi de l’Union européenne hors zone euro, qui représente 12,8% des exportations, en baisse de 0,7% par rapport à 2012. Ces chiffres pourraient être un peu en deçà de la réalité : “les contrats inférieurs à 250 000 euros ne sont pas comptabilisés dans la zone euro”, tient à préciser Nicole Bricq. Pour le reste, le commerce extérieur est très éclaté : chacune des autres zones pèse moins de 10% de l’export de la France. C’est vers l’Asie que les exportations diminuent le plus, avec une baisse de 3,5%. A contrario, les exportations vers les Etats-Unis augmentent de 1,5%.

Aéronautique et agroalimentaire en tête. Au niveau des secteurs, les trois moteurs traditionnels de l’export français – l’agroalimentaire, la pharmacie et l’aéronautique – continuent de bien se porter. “Il faut conforter ces secteurs”, estime Nicole Bricq. En tête, l’aéronautique présente un excédent de 22 milliards d’euros. Celui de l’agroalimentaire suit avec 11,5 milliards d’euros, et c’est le secteur qui connaît le plus fort taux de progression, de l’ordre de 3,3%. Partant, depuis dix ans le poids total de ces deux secteurs dans les exportations s’est renforcé. Aujourd’hui, à eux deux, ils pèsent plus du quart de nos exportations. A contrario, l’automobile, qui représentait plus de 15% de l’export en 2004, ne compte plus que pour 9% dix ans plus tard. Troisième secteur important, la pharmacie a vu ses ventes à l’étranger croître de 2,5%. Par ailleurs, “nos exportations de services progressent”, note Nicole Bricq. D’après des chiffres provisoires, de 3,4%, pour un excédent de 33,2 milliards d’euros. “Dans ce domaine, nous disposons de champions mondiaux et d’entreprises à fort potentiel. Il faut les accompagner dans la durée”, souligne la ministre. D’autres secteurs ont vu leurs chiffres à l’export diminuer. Parmi eux, figurent l’énergie, certains produits industriels et le secteur de la chimie, des parfums et cosmétiques, ainsi que les produits informatiques et électroniques.
La stratégie d’export développée par Bercy vise 47 pays prioritaires, avec une offre répartie selon quatre secteurs identifiés. Au total, les exportations de ces quatre familles progressent de 2%. Le secteur “mieux se soigner” présente un excédent de 12 milliards d’euros, en croissance. Au total, il exporte pour 47,5 milliards d’euros, soit 1,6% de plus que l’an dernier. Le secteur “mieux vivre en ville” affiche un excédent de 5,2 milliards d’euros, après le milliard de l’an dernier. Mais ses performances à l’export sont très variables, selon qu’il s’agit de services ou de biens. Les premiers pèsent 4,2 milliards d’euros à l’export, en croissance de plus de 14%, les seconds 9,8 milliards d’euros, après une chute de presque 5% des exportations. Quant au secteur “mieux communiquer”, il reste en déficit, plombé par les mauvais résultats des produits informatiques et électroniques (27 milliards d’euros d’exportations). Reste le secteur “mieux se nourrir”, qui inclut agriculture, agroalimentaire et machinisme agricole, dont l’excédent progresse de 2,6%. Ici, “il ne faut pas s’endormir”, commente Nicole Bricq.

Les attentes de meilleurs résultats pour 2014. Au total, la stratégie des quatre secteurs croisée aux 47 pays prioritaires “donne des premiers résultats qui se déploieront en 2014”, estime la ministre. Par ailleurs, pour Nicole Bricq le nombre d’entreprises exportatrices, en hausse, constitue un “très bon signal”. Le signal demeure toutefois limité : en 2013, 120 700 entreprises ont vendu à l’étranger, contre 119 200 l’an dernier. C’est la deuxième année que ce chiffre augmente, mais il demeure inférieur aux 131 800 entreprises exportatrices que comptait la France en 2000. L’an dernier, les grandes entreprises représentaient 2,6% des entreprises exportatrices et réalisaient 44,3% de l’export. Quant aux PME (88,3% de ces entreprises), elles constituaient 23,5% de l’export. Entre les deux, les ETI (entreprises de taille intermédiaire) ont représenté 9,1% des entreprises exportatrices, pesant presque le tiers des exportations. On compte à présent 4 100 de ces sociétés qui sont au coeur des attentions de Bercy, soit 2% de plus que l’an dernier. Mais la légère croissance du nombre d’entreprises exportatrices se répartit sur toutes les catégories. Néanmoins, l’année qui vient sera “une année charnière (…) qui s’annonce plus porteuse”, estime Nicole Bricq, qui avance les chiffres du FMI sur la conjoncture. La croissance mondiale devrait atteindre 3,7% l’an prochain. Et les zones traditionnelles de chalandise des Français, à savoir l’Europe, devraient aussi bien se porter, tout comme les Etats-Unis et les pays émergents.