Le Colonel monte en grade

L'aventure du Colonel débute en 2012 dans le salon d'un couple de lillois, Rémi et Clémence Yon. Douze ans plus tard, la micro-entreprise devenue PME fabrique plus de 70 000 nœuds papillon par an... mais pas que. Avec une large gamme d'accessoires, Le Colonel est parvenu à ouvrir quatre boutiques en propre et enchaîne les succès, à l'image d'une récente signature avec un célèbre revendeur : les Galeries Lafayette. Rencontre avec le frère de Clémence, Valentin Yon, directeur général.

Valentin Yon, directeur général du Colonel. © Lena Heleta
Valentin Yon, directeur général du Colonel. © Lena Heleta

«Mon beau-frère ne trouvait pas de nœud papillon pour un mariage. Il a décidé de concevoir son propre nœud puis en a créé dix, vingt, trente pour son entourage et la confection a envahi son salon. De fil en aiguille, ma sœur a réussi à vendre les articles sur un blog et il y a eu tout un engouement», relate Valentin Yon, frère de la co-fondatrice et aujourd'hui directeur général. Le Colonel (ex-Colonel Moutarde) était né.

En 2014, le duo rejoint l'incubateur Maisons de mode à Lille-sud, puis s'associe en 2015 avec Valentin Yon afin d'accélérer le développement. Ce n'est qu'en 2017 que la jeune entreprise pose ses valises à Saint-Maurice-Pellevoisin dans une petite rue discrète. L'atelier de production emploie à ce jour dix-neuf collaborateurs. «Quasiment 100% de la production est faite à Lille. Le nœud papillon, qui représente 50% du chiffre d'affaires, reste un produit phare mais aujourd'hui nous sommes surtout spécialistes de l'accessoire. Trois familles de produits, à savoir le nœud, la cravate et la pochette de costume représentent plus de 80% des ventes». En plein essor sur le marché de l'accessoire, la cravate revient dans le top des tendances : «On a vendu plus de cravates au troisième trimestre 2024 que sur l'entièreté de 2023», se réjouit le directeur général. 

Le Colonel emploie dix-neuf personnes à Lille Saint-Maurice Pellevoisin. © Lena Heleta

Diversification réussie

Le Colonel vend également des boutons de manchettes, des bretelles (via un fournisseur belge), des ceintures (via un acteur italien), des chaussettes et caleçons ou encore des pyjamas. Une stratégie de diversification mise en place avant tout pour les clients. «à l'origine on ne faisait que du nœud papillon puis on a crée nos gammes suite à la demande de clients et on se positionne actuellement comme référent dans l'accessoire de mode». Au total, le Colonel et son armada de couturiers et couturières confectionnent entre 60 000 et 70 000 nœuds papillon par an et entre 8 et 10 000 cravates annuelles. Des accessoires davantage recherchés pour célébrer des événements à l'instar de baptêmes, mariages, remises de diplôme...

Circuit court

L'une des priorités chez Le Colonel, c'est de travailler avec l'écosystème local. La PME s'approvisionne en fil chez Toulemonde à Marcq, en étiquettes chez EuroGriffe à Halluin et en boutons à Lille. «On veut privilégier le circuit le plus court, c'est notre volonté première, tout en gardant un circuit extrêmement qualitatif. Pour que ça plaise, il faut que ce soit beau et agréable à porter, mais si en plus de ça on a des valeurs de production locale, de circuit court et d'écologie, si on coche ces cases, on a tout gagné», estime le dirigeant.

70 000 noeuds papillon sont fabriqués au coeur de l'atelier lillois chaque année. © Lena Heleta

Multiplicité des canaux

C'est dans le Vieux-lille rue de la Clef que le Colonel a ouvert sa boutique lilloise. Après la Capitale des Flandres, Valentin Yon a mis le cap sur Londres, Paris (3ème arrondissement), et Lyon. «Nous avons réalisé +40% de CA avec le déménagement de la rue romarin à la rue de brest à Lyon, l'équivalent de rue Esquermoise à Lille. Notre objectif est de se concentrer sur de belles adresses dans des villes qui comptent et pas forcément un maillage en propre extrêmement dense» précise le directeur général.

Actuellement, les ventes se répartissent ainsi : 40% en boutique, 40% via le site internet et 20% via les grands comptes et revendeurs. «C'est un des principaux axes de développement. On veut faire grossir notre part de revendeurs». Accélérer avec Devred et Blandin&Delloye par exemple. Depuis le printemps 2024, Le Colonel a réussi un grand coup en signant avec les Galeries Lafayette. «On est déployés sur six magasins. On prend une autre dimension, on a des succès qui sont progressifs et qui s'enchaînent bien» s'enthousiasme le patron.

Accélérer au delà des frontières

Si l'année 2024 est en «légère progression», 2025 «sera meilleure, ne serait-ce qu'avec les revendeurs», projette le chef d'entreprises. La PME indépendante qui devrait dépasser la barre des 20 collaborateurs, affiche 1,5 million d'euros de chiffre d'affaires. Si l'export représente 5% des ventes - principalement vers le Royaume-Uni, la Suisse et la Belgique -, Valentin Yon mise également sur un développement à l'export via des grands comptes à l'étranger. Le Colonel entrevoit donc sereinement l'avenir...

Le Colonel s'approvisionne localement en matières premières. © Lena Heleta