Entretien avec Chekib Gharbi, fondateur du Centre Innovant des Technologies sans Contact

Le CITC, à l'avant-garde des innovations technologiques

En 2009, Chekib Gharbi fondait le CITC (Centre Innovant des Technologies sans Contact) avec l'intention de sensibiliser les acteurs économiques, universitaires et le grand public aux innovations technologies. 55 000 personnes ont déjà été sensibilisées et 450 entreprises accompagnées par le cluster qui suit de près les mutations technologiques.

La remise des prix du concours des start-up organisé lors de l'IoT Week, en décembre dernier.
La remise des prix du concours des start-up organisé lors de l'IoT Week, en décembre dernier.

Depuis la création du CITC en 2010, son périmètre semble avoir constamment évolué.

Chekib Gharbi, directeur général. A sa création, le CITC était spécialisé dans les technologies sans contact. Aujourd'hui il reste le premier cluster de l'IoT (ou Internet of Things, Internet des objets, ndlr) avec une soixantaine de membres, qu'ils soient entreprises, universités, collectivités, etc... qui se rencontrent tous les deux mois. Si de nos jours, on parle davantage d'IA, de cybersécurité, d'objets connectés... nos missions restent les mêmes : accompagner au développement économique par l'innovation et former aux technologies innovantes.

Cela passe par la sensibilisation des publics aux technologies et innovations de demain (conférences, ateliers, salons, hackathons...), par la réalisation de POC (Proof of Concept) avec les entreprises, par l'étude de cas pratiques... Il s'agit en fait de monter en compétences, d'animer un éco-système, de trouver des leviers de financement par des appels à projets européens... Le CITC est avant tout un pôle d'expertise technologique.

Vous venez d'ailleurs d'être reconnu comme l'un des plus importants DIH1 (Digital Innovation Hub) de France.

En effet, pour l'ensemble de nos actions et de nos projets, l'Europe a reconnu le CITC comme DIH, qui reconnaît notre expertise et nos services en faveur des entreprises, de la valorisation de la recherche et du développement des talents. Il y a 10 points d'analyse et nous avons obtenu la meilleure note française ! Nous fonctionnons avec l'ensemble de l'écosystème, à l'image de l'Inria, au sein duquel nous avons nos bureaux.

Chekib Gharbi, fondateur du CITC.

Comment voyez-vous le couplage de l'IA avec les compétences humaines ?

Nous sommes encore au début de cette révolution. Des emplois vont être transformés et de nouveaux métiers sont déjà en train d'être créés, nos comportements seront modifiés en termes de travail, de perception. Les outils technologiques sont là pour accompagner et il est certain que l'IA fait gagner du temps.

Si on prend l'exemple de la vidéoprotection, on utilise l'IA pour l'analyse comportementale en accompagnement des acteurs de la sécurité. Mais l'IA n'expliquera pas les comportements anormaux : l'interprétation humaine reste indispensable. Il faut que le traitement soit le plus fin possible. La technologie ne va pas remplacer l'Homme mais l'assister et l'accompagner. D'ailleurs, on travaille beaucoup sur la robotique collaborative.

Mais qu'en est-il de l'impact carbone de l'IA ?

L'IA est très consommatrice d'énergie pour traiter les données. On travaille sur de l'IA embarquée qui permettrait de moins consommer sur le cloud mais directement sur les composants électroniques par exemple. Le capteur devient autonome et embarque la donnée.

On parle énormément de cybersécurité. C'est l'enjeu d'aujourd'hui ?

L'entreprise prend conscience du phénomène quand elle voit ses données sur le dark web mais c'est déjà trop tard. On ne le répétera jamais assez, la cyberattaque d'une PME peut signer sa mort. C'est une question de moyens, à la fois humains et financiers. La prévention est un premier levier et tout le monde prend conscience de l'importance d'être protégés. Le CITC sera d'ailleurs pilote dans l'implantation du C-Sirt sur le campus d'EuraTechnologies – qui ouvrira en janvier 2023 – qui permettra d'identifier les causes et surtout, de trouver des solutions pour que l'entreprise puisse récupérer ses données. Ce qui compte également, c'est la capacité à se remettre en marche après une attaque car la trésorerie peut vite s'épuiser.

1. Le DIH est un point d'entrée qui aide les entreprises à devenir plus compétitives grâce aux technologies numériques. Il y en a 21 en France et le seul au Nord de Paris est le CITC.